Ce qu’est la lecture sainte

Dieu a parlé par les prophètes et surtout par son Fils Jésus Christ, qui est la Parole éternelle. La Bible contient le message de Dieu adressé aux hommes.

La Parole de Dieu est une nourriture. C’est le même Jésus qui est dans l’Eucharistie et dans l’Écriture : « Acclamons la Parole de Dieu – Louange à toi,Seigneur Jésus ». « C’est lui qui parle lorsque nous chantons les psaumes ou que nous lisons les Saintes Écritures » (Vatican II – Constitution sur la liturgie)

Elle est indispensable. Elle donne la vie. Elle illumine l’esprit, elle purifie le cœur et le fortifie. Elle a permis à des hommes et des femmes, et même des enfants d’aller jusqu’au martyre.

Elle est nécessaire aussi bien aux prêtres et aux catéchistes qu’à tous les fidèles. Il faut d’abord l’écouter soi-même avant de l’enseigner. Elle doit nous toucher nous-même avant de toucher les autres.

On ne prend pas la Bible comme un livre ordinaire, mais comme l’instrument par lequel Dieu veut nous parler. La Parole doit être reçue avec foi et amour, avec humilité et docilité, comme la Vierge Marie à l’Annonciation, comme Marie, la sœur de Marthe, qui, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole (Luc 10,39).

De plus, Dieu connaît personnellement chacun de ses auditeurs, avec ses besoins. Quand j’écoute la Parole vivante de Dieu, il y a toujours un message que Dieu me destine. Telle parole est pour moi aujourd’hui. Dieu a pensé à moi en la prononçant. La lecture sainte est donc un dialogue actuel et personnel.« Un cœur à cœur de l’homme avec Dieu » (St Bernard).

La Parole de Dieu a ceci de particulier qu’on peut l’écouter pendant des années sans qu’elle nous touche. Mais un jour, elle nous frappe, comme si c’était la première fois que nous l’entendions.

La lecture se fait dans l’Esprit Saint. C’est lui qui était dans le cœur de ceux qui ont parlé. « Le même Esprit qui a touché l’âme du prophète touche l’âme du lecteur » (St Grégoire le Grand). C’est encore lui qui permettra à la lettre de reprendre vie, de nous donner la vie. C’est lui qui donne cette joie profonde que nous ressentons par moment.

C’est pour cela qu’il faut l’appeler avant de lire et donc toujours commencer par une prière à l’Esprit Saint. « Illumine mes yeux de ta lumière. Fais-moi comprendre ce que tu veux me dire aujourd’hui ».

Les indications qui suivent sont utiles pour approfondir la Parole de Dieu.. Chacun choisit parmi elles, celles qui correspondent à ses possibilités.

Comment choisir le texte

Quelquefois on prend un passage au hasard. Certains font la lecture continue de la Bible, en alternant Ancien et Nouveau Testament. On peut lire tout un Évangile, ou un prophète.

Souvent, on prend les textes liturgiques du jour, ou bien ceux du dimanche précédant ou suivant. Ce peut être aussi une hymne liturgique ou une prière eucharistique, une oraison de la messe, etc… Ou encore une parole d’un saint.

La lecture doit aider à prier, peu importe sa longueur. Donc il faut que le texte soit assez dense. Tous les textes de la Bible sont inspirés, mais tous ne sont pas utiles de la même manière pour faire oraison. Les Livres du Nouveau Testament sont, en général, plus aptes à la méditation que ceux de l’Ancien. Pourtant, dans l’Ancien, il y a aussi des textes très riches, comme les psaumes.

Chacun a ses passages préférés vers lesquels il revient souvent. On est libre de choisir le texte. C’est celui qui sera le plus capable de nous aider à prier qu’il faut prendre. Par exemple, si on est en difficulté avec une personne, on peut prendre une parole sur la charité fraternelle.

1) JE DÉCOUVRE LE TEXTE – JE LE RELIS

Au début, il y a un petit temps d’étude. C’est l’esprit qui travaille : Que dit ce texte ?

On peut lire un crayon à la main, souligner les mots importants, lire les introductions, les notes explicatives, chercher les références des mots dont le sens est voisin. La Parole éclaire la Parole.

Certains ont un fil conducteur. Par exemple : Qu’est-ce que Jésus dit ? Quel est le message de Jean-Baptiste ? Ils fouillent dans tous les Évangiles. Ou encore ils étudient un mot-clé (amour), un verbe (celui qui demeure en moi).

Quand on a travaillé le texte, une bonne manière de l’intérioriser consiste à le relire, mais avec toute la personne : avec ma bouche, je le prononce à mi-voix ; mes oreilles entendent ; je me laisse toucher. Ce n’est plus seulement un écrit, c’est une parole.

Ceux qui lisent à l’église doivent s’appliquer : préparer la lecture, la proclamer à haute voix, clairement, lentement, en articulant et en mettant le ton. Être lecteur est un ministère important.

Nous dégustons la Parole, nous savourons le texte. Dès qu’un mot ou une phrase nous frappe, il faut interrompre la lecture et rester sur ce passage. Le relire au besoin plusieurs fois pour nous pénétrer d’une idée. Et le garder jusqu’à ce qu’on en ait tiré tout le fruit.

On peut aussi essayer de mettre en mémoire certains passages en les apprenant par cœur. On peut les écrire sur un carnet. Ou bien souligner au crayon tel verset, tel paragraphe.

2) JE RÉFLÉCHIS – LA MÉDITATION

Après le temps de lecture attentive vient celui de la méditation cordiale. Il ne s’agit pas seulement d’un simple travail intellectuel de compréhension (étude de texte). La Parole doit amener à aimer, en touchant le cœur. Il faut passer d’une lecture littérale au sens spirituel. Il s’agit de découvrir la vérité cachée sous la lettre, par exemple le sens d’un miracle, comme une guérison, ou la multiplication des pains.

Je m’imprègne des attitudes et des paroles de Jésus, de manière à devenir son disciple. Je ne m’attache pas seulement au message, mais au messager, c’est-à-dire à Celui qui me parle : « Seigneur, que veux-tu me dire ? ». Je me demande ce que cette parole m’apporte, en quoi elle est importante. Est-elle une bonne nouvelle aujourd’hui pour moi et pour la communauté. Cette réflexion doit déboucher sur un entretien de mon âme avec Dieu.

3) JE PARLE A DIEU : L’ORAISON

L’oraison est la réponse de l’homme à Dieu. « Quand tu lis, l’Époux te parle. Quand tu pries, l’Époux t’écoute ». (St Jérôme). Il faut s’adresser à lui avec simplicité et amour, en lui disant : « Et moi, maintenant, Seigneur, que vous dirai-je ? » (Ch. De Foucauld).

Par exemple, si c’est le récit de l’Annonciation, la prière pourra prendre la forme de l’adoration de Dieu qui daigne s’incarner ; ou l’obéissance humble, comme celle de la Sainte Vierge, l’action de grâce, la louange pour la venue du Rédempteur, en récitant le Magnificat, l’intercession pour les orgueilleux.

Cette oraison part toujours de la réalité de notre situation, de notre état d’âme et de nos besoins, sans oublier les frères et sœurs dans le besoin.

4) QU’EST-CE QUE LA CONTEMPLATION ?

Lorsque l’on pratique ainsi la lecture sainte et l’oraison depuis longtemps, il arrive parfois que le cœur soit pris. La contemplation est « Une amoureuse, simple et permanente attention de l’esprit aux choses divines » (St François de Sales)– «Une sortie de soi et une entrée dans le mystère de Dieu qui tient en main notre vie entière »(Cardinal Martini) – « Une vision anticipée des réalités futures, dans le Christ crucifié et ressuscité »… – « l’Esprit prie en nous avec des gémissements inexprimables » (Rom 8, 26) – « Le moine (le chrétien) ne prie bien que lorsqu’il ne s’aperçoit pas qu’il prie » (St Antoine du Désert).

Dans ce cas, que faut-il faire ? Seul avec Dieu, je m’ouvre à lui, je l’écoute. Je me laisse aimer par lui docilement, aveuglément, en m’abandonnant totalement à lui, dans un esprit de louange et d’action de grâce.

Il s’agit là d’un état surnaturel, c’est-à-dire d’un don de Dieu qui dépasse les seules capacités humaines. Dieu l’accorde à qui il veut, selon des modes et des degrés très divers. On doit désirer la contemplation et à s’y disposer. L’oraison nous place dans les meilleures conditions pour que Dieu agisse dans notre âme. Elle nous met à la porte du château où le Seigneur nous introduira, s’il le veut.

Cette contemplation est souvent momentanée, intermittente. Quand cette action de l’Esprit Saint disparaît, on reprend tout simplement l’oraison habituelle en parlant à Dieu, en l’écoutant, en relisant le passage choisi au départ, ou en restant là en silence.

5) MA RÉPONSE A L’APPEL DE DIEU

La Parole de Dieu doit passer de la tête au cœur et du cœur dans les mains. « Faites tout ce qu’il vous dira » dit Marie à Cana.

J’ai le désir d’aller jusqu’au bout du message. Cette recherche de la volonté de Dieu doit aboutir à une réponse de ma part. Pour cela il me faut enlever les obstacles, les pierres et les ronces qui encombrent mon âme. Si j’ai du mal à aimer une personne, que vais-je faire pour lui montrer que je l’aime ?

La Parole éclaire ma vie. Elle invite à la conversion. Elle m’aide à choisir une manière de vivre conforme à Jésus Christ. La décision, la résolution sera le signe que je veux mettre réellement en pratique ce que Dieu m’a montré. Faire la volonté de Dieu est l’unique chemin vers l’union véritable avec Dieu.

« Seigneur, apprends-moi à manger et à assimiler ton Évangile afin qu’il me transforme et fasse devenir mon esprit entièrement conforme à ce que tu veux ».

Ainsi se termine la lecture sainte. A la fin je n’oublie pas de remercier Dieu de tout ce qu’il m’a accordé pendant ce temps de prière, même si je n’ai rien senti.

Soyons persévérants

Certains disent : « Lire la Bible, cela ne me dit rien, surtout l’Ancien Testament. » Au début on lit des textes isolés, sans lien entre eux. Mais plus on avance, plus les passages s’éclairent les uns les autres. Jésus nous demande la patience. C’est en pratiquant la Parole qu’on découvre son unité. Plus tard la lecture devient plus cordiale. Elle apporte une joie profonde. Son but est de nous apprendre à aimer.

Comme la pluie descend peu à peu dans une terre sèche, comme la vie met des années à grandir, de même, il faut du temps pour que la Parole nous imprègne, pour que l’Esprit Saint agisse en nous. Les résultats viendront d’eux-mêmes, mais plus tard…

On a expliqué en détail ce que peut-être la lecture sainte. Mais dans la pratique les choses sont beaucoup plus simples. Peu à peu, elle devient quelque chose de naturel. Et puis cela dépend du temps dont chacun dispose. Jésus est un bon maître. Il ne demande pas l’impossible. Quand nous faisons de notre mieux il est toujours content.

Surtout écouter Dieu

Il faut éviter de confondre la lecture de la Parole de Dieu et l’oraison. Ce sont des activités toutes les deux nécessaires mais distinctes. Dans la première la part de l’homme est importante, même si l’on doit faire appel aux lumières de l’Esprit Saint. Dans l’oraison la réflexion tient une place discrète. C’est surtout Dieu qui agit.

La lecture sainte éclaire notre esprit, nourrit notre foi. C’est une lumière de Dieu pour aujourd’hui et sans elle notre prière est pauvre et fragile. Mais elle ne suffit pas. Elle doit mener à l’oraison et, si Dieu le veut, à la contemplation.

Passer beaucoup de temps à lire et réfléchir et terminer par une courte prière serait une erreur. Il faut donner la priorité à l’oraison.

Ce chapitre s’inspire d’un texte célèbre du Guigue le Chartreux (1083-1136) dans lequel celui-ci expose la pratique traditionnelle des moines d’Occident.

Abbé Yves JAUSIONS
Diocèse de Rennes, FRANCE
Dans : Oraison sans frontières, 2006.

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