Dieu a créé l’homme à son image (Gen. 1, 26). Donc malgré l’infini qui nous sépare, il existe une ressemblance entre Dieu et nous. Nous sommes réellement ses fils et filles. C’est pour cela que Dieu est amoureux de nous.

Dieu est tout proche.En nous, il y a le Père, le Fils et le Saint- Esprit. « Si Quelqu’un m’aime, il observera mes commandements. Mon Père l’aimera. Nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jean 14, 23) – « Demeurez en moi comme je demeure en vous » (Jean15, 4) – « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que le Saint-Esprit habite en vous » (1 Cor.3, 16).

Dieu se plaît dans notre pauvre maison qu’il illumine par sa présence. C’est la Trinité qui fait notre valeur. Nous sommes le lieu de l’échange entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Si nous accueillons Dieu chez nous, il se trouve bien dans notre cœur : « O toi, qui es chez toi dans le fond de mon cœur » dit un hymne Tamoul. La vie future est déjà commencée. L’habitation de la Trinité bienheureuse annonce dès maintenant la gloire du ciel.

Dieu fait partie de moi. Il est « plus présent à moi que moi-même » (Saint Augustin). En moi, il y a d’abord Dieu ! Dieu éclaire l’homme de l’intérieur, comme un soleil. Il lui donne une grandeur infinie. Même dans le pire criminel, tout au fond de lui, il y a cette image de Dieu, comme un diamant qui ne demande qu’à briller.

On voit par là que Dieu est en nous comme un être personnel, non comme une force aveugle, sans nom et sans visage – le grand Tout, le divin de certaines religions. Nous sommes unis, mais sans confusion, sans mélange.

Je peux lui parler, lui dire « Tu ». Il m’entend, il m’aime. Il veut mon bonheur.

Donc Dieu frappe à ma porte. « Dieu est présent partout où l’homme lui permet d’entrer » dit un axiome juif. Mais l’homme est libre. Il peut refuser à Dieu l’entrée de son cœur, se repliant sur lui-même et sa misère. Dieu ne veut pas s’imposer. Si on lui ferme la porte, il n’insiste pas. Il reste dehors. Il pleure, comme Jésus sur Jérusalem.

« Dieu est là et je ne le savais pas », dit Jacob en parlant du lieu où Dieu lui était apparu en songe (Gen. 28). Nous pourrions en dire autant. Comment avons-nous pu vivre si longtemps en ignorant cette présence divine en nous ? « Tard, je t’ai aimée, ô beauté divine, si ancienne et si nouvelle… tu étais au-dedans de moi, et j’étais, moi, en dehors de moi-même… Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi » Saint Augustin.

Le Seigneur est patient. Il attend le moment favorable pour se révéler. N’avons-nous jamais constaté en nous telle pensée née comme ça, spontanément ? D’où venait-elle, sinon de celui qui sans cesse nous regarde et nous attire vers Lui. Il est la source de nos élans, de nos générosités. Mais sommes-nous vraiment attentifs ? Avons-nous suffisamment soif ? Ne sommes-nous pas des aveugles ? Dieu n’est pas loin, caché dans notre cœur profond. C’est à nous de le chercher.

Cette présence est offerte à tous, mais ses effets varient beaucoup suivant l’accueil, le désir de chacun. Chez ceux qui sont très fidèles à la grâce et à la prière, le sentiment de la présence de Dieu peut devenir permanent, comme un bonheur très doux. A d’autres moments, c’est la nuit, la souffrance, mais par la foi l’âme sait bien que Dieu est toujours là.

On ne comprend rien à l’homme si on commence par nier Dieu. Faire le silence sur Dieu c’est mutiler l’homme. C’est seulement par le mystère de Dieu que le mystère de l’homme trouve sa réponse. « Annoncer à chaque homme qu’il est une image de Dieu, alors qu’il ne le sait pas … lui révéler cette vie divine dont il est porteur, il n’y a rien qu’on puisse offrir de plus grand. C’est le trésor le plus fabuleux » Daniel-Ange.

Conséquence pratique : Tu es là, merci !

Le point de départ de toute prière, c’est la certitude que Dieu est en moi. Donc, dés le début de l’oraison, sans perdre de temps, je me mets en présence de Dieu par un « vigoureux acte de foi » (Sainte Thérèse). J’entre dans mon cœur, je m’expose à l’amour de Dieu, comme on met un drap au soleil. Je me mets à la disposition de Dieu.

« Seigneur, je suis là pour toi. Je veux ce que tu veux de cette oraison ». Je demande à l’Esprit Saint de m’éclairer et m’aider à prier. Je glisse ma prière dans la sienne. Je peux chanter un refrain au Saint-Esprit…

Ce début est très important. Tant qu’on n’a pas cherché à rencontrer Dieu, on n’a pas fait oraison. Cette mise en présence de Dieu peut avec le temps prendre de plus en plus de place, jusqu’à, pour certains, devenir toute l’oraison.

 

Abbé Yves JAUSIONS
Diocèse de Rennes, FRANCE
Dans : Oraison sans frontières, 2006.

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