Cher Père curé, chers frères Capucins, chers prêtres, religieux et religieuses, Fils et filles de la Paroisse Saint François d’Assise, chers Frères et sœurs,
La paix soit avec vous !
L’Eglise diocésaine en communion avec les Frères Mineurs capucins de la province d’Amala Annaï en Inde, célèbre dans la joie et l’action de grâce, en ce 27e dimanche du temps ordinaire, le jubilé d’argent de la création de la paroisse Saint François d’Assise de Kaarpala, en même temps que la fête patronale et la dédicace de l’église paroissiale. Joyeuse fête patronale et heureux jubilé à vous chers fidèles de la paroisse. Que le saint nom du Seigneur soit béni maintenant et pour les siècles.
En rappel la paroisse a été créée le 15 aout 2000 et confiée aux bons soins des Religieux capucins avec pour premier curé Monsieur l’abbé Martin OUEDRAOGO et comme vicaires, l’abbé Thierry GAMPENE (du clergé diocésain) et le Frère Flaubert (capucin). Aujourd’hui, elle a 25 ans d’existence, elle jubile avec ses fils et filles dans une église à l’architecture majestueuse. Il a fallu 14 ans pour construire cette église paroissiale (2011-2025). Nous chantons aujourd’hui notre action de grâce au Dieu Provident qui a été au cœur de la construction de cette Paroisse saint François d’Assise. Depuis la pose de la première pierre de cette église paroissiale, Dieu est passé par les missionnaires Capucins, la générosité de nombreuses personnes, la bonne disposition du cœur et l’engagement d’hommes et de femmes d’ici et d’ailleurs pour construire cette communauté paroissiale et bâtir cette belle église.
J’exprime ma gratitude à tous les agents pastoraux qui ont travaillé dans cette paroisse, aux frères Capucins, aux généreux donateurs, aux fils et filles de la Paroisse saint François d’Assise et j’invoque la bénédiction de Dieu sur tous ceux qui se sont mobilisés et qui ont contribué d’une manière efficace à l’édification de cette église et de cette Paroisse. Daigne le Seigneur vous bénir et vous combler à la mesure de votre générosité, de votre dévouement missionnaire et de votre engagement pour les œuvres de l’Église.
25 ans après, nous sommes réunis au cœur de cette Paroisse, au sein de cette église qui trône majestueusement comme signe de renouveau au cœur du quartier Karpaala (karpaal toga ne Wendo-paale). Je vous demande de contempler cette œuvre de Dieu, le fruit de votre générosité, de votre solidarité et de votre foi. Je vous demande d’applaudir fort pour féliciter les nombreux acteurs qui ont travaillé à la réalisation de cette église et à la structuration de cette Paroisse. La dédicace de cette église s’inscrit dans notre élan d’action de grâce. La dédicace sera le rite par lequel, cette église, édifice de pierre, sera consacrée et vouée totalement à Dieu pour la louange et pour la sanctification des fidèles du Christ.
Par la dédicace, l’édifice fait de main d’hommes deviendra un lieu sacré, demeure de Dieu parmi les hommes et propriété exclusive de Dieu. Je vous invite donc à bien entretenir cette église afin qu’elle soit, au cœur de cette Paroisse, un lieu de prière, de foi et de communion véritable entre vous.
I. Sens du jubilé : conversion, réconciliation et partage
Les 25 ans de cette Paroisse Saint François d’Assise et la dédicace de la nouvelle église s’inscrivent dans l’action de grâce et dans un renouveau intérieur de toute la communauté. C’est le sens biblique de tout Jubilé dans l’écriture. Un Jubilé annonce un renouveau intérieur et un nouveau départ dans l’engagement communautaire et personnel. Pour le peuple d’Israël qui suivait les prescriptions de l’Ancien Testament, un jubilé permet au peuple d’être en action de grâce et de vivre de façon concrète, la conversion, la réconciliation et le partage avec les plus démunis. Ainsi, vous devez donner à votre Jubilé de 25 ans, trois dimensions spécifiques : Conversion, Réconciliation et Partage des biens avec les plus démunis.
La célébration de ce Jubilé doit s’inscrire dans ces trois dimensions qui sont présentées comme des défis à relever de manière individuelle et communautaire.
La conversion vous invite à réfléchir sur la qualité de votre foi et de votre relation avec Dieu, 25 ans après la fondation de cette Paroisse. Cette année, nous souhaitons que les chrétiens, à l’occasion des 1700 ans du concile de Nicée, repartent du Christ fondement de notre foi et espérance du monde pour vivre dans la fidélité et donner un bon témoignage de vie chrétienne, en étant sel et lumière dans nos lieux de vie et de travail. Le chrétien doit donner un bon témoignage de vie de foi en se démarquant des pratiques opposées à la foi chrétienne, en rejetant tout amalgame dans sa vie de foi, en optant radicalement pour le Christ. Il faut se convertir : « Convertissez-vous et croyez à la bonne Nouvelle ». C’est un appel qui a une double dimension car la conversion ou réconciliation avec Dieu appelle à une réconciliation avec nos frères et sœurs.
La Réconciliation est un engagement de témoignage véritable. Le témoignage qui doit être rendu est celui de la paix dans nos différents milieux de vie, et celui de la vie fraternelle avec les autres confessions religieuses. Le jubilé vous permet de repenser le vivre-ensemble avec les autres de manière à ce qu’il y ait la cohésion et l’harmonie des cœurs au sein de cette paroisse. Saint François d’Assise, le saint patron de cette paroisse, était un homme de paix, de douceur, et de bonté. Faites donc de votre paroisse, un lieu de paix, de fraternité et d’amitié.
Le Partage qui s’inscrit enfin à l’ordre du Jubilé n’est pas que matériel, il est aussi et avant tout don de soi, investissement de sa propre personne en faveur du bien de tous. Saint François d’Assise s’était entendu dire, alors qu’il était en prière dans une église délabrée : « Va, François, et répare ma maison qui tombe en ruine ». La question du partage vous invite à réfléchir davantage à la manière dont cette communauté paroissiale doit se mettre en situation de « sortie », à la rencontre des plus pauvres, des malades, des personnes isolées. À l’exemple de Saint François d’Assise, il est important pour chacun de vous, d’avoir le souci de ceux qui souffrent en leur donnant de votre temps pour les écouter, les soutenir et les accompagner. L’esprit franciscain vécu dans la communion ecclésiale doit pouvoir inspirer la vie des fidèles de cette paroisse.
Il s’agit de vivre en solidarité avec les pauvres et toutes les personnes qui souffrent. 25 ans après, vous êtes appelés à un nouveau départ dans la conversion, la réconciliation et le partage. Ce Jubilé n’est donc pas seulement une occasion de fête et de réjouissances passagères, mais aussi et surtout de réflexion et de planification pour consolider les acquis et se projeter dans l’avenir. Ce Jubilé sonne la cloche d’un nouveau départ dans la foi, dans la mission de témoignage et d’annonce de l’Évangile. 25 ans après, votre Paroisse a donné naissance à une nouvelle Paroisse : la Paroisse Sainte Joséphine Bakhita de Dayongo. En vous félicitant parce que vous êtes une mère qui vient d’accoucher d’un gros bébé, je vous invite en tant que communauté paroissiale âgée de 25 ans, à assumer votre responsabilité maternelle. Un bébé a besoin du soutien maternel pour grandir et s’épanouir. C’est donc votre devoir de Paroisse-mère de soutenir la nouvelle paroisse Sainte Joséphine Bakhita de Dayongo, en partageant votre expérience, en apportant votre contribution et en communiquant votre foi profonde. À la faveur du Jubilé des 25 ans de votre paroisse et de la dédicace de votre nouvelle église, je vous invite donc à raviver le flambeau de la foi et de la solidarité en Eglise Famille.
II. La persévérance et transmission de la foi
La Parole de Dieu, en ce jour de jubilé paroissial, nous rappelle que le chrétien est celui qui s’attache à Jésus et qui, à son école, cherche à aller de l’avant dans la connaissance et l’amour de Dieu. Il cherche à transmettre sa foi à son entourage. Dans l’Évangile, les disciples demandent à Jésus de leur donner la foi. En effet, la foi est un don de Dieu. Elle n’est pas quelque chose qu’on acquiert une fois pour toutes. La foi se forge à l’épreuve des réalités que nous vivons, que nous rencontrons tous les jours de notre vie et que nous affrontons dans un esprit filial et dans la confiance que Dieu n’abandonne pas ses enfants. La foi est appelée à être approfondie constamment dans la prière et la fidélité à Dieu. Elle ne se mesure pas à la quantité, à la taille ou au poids ; elle est quelque chose d’intérieur en nous qui murît dans la prière, dans la proximité avec Dieu. La réponse de Jésus aux disciples nous permet de comprendre que la persévérance dans l’amour du Christ et la fidélité dans le service de l’Église et de nos frères sont une expression, une manifestation de la foi.
Dans la Parabole, Jésus nous présente un serviteur engagé qui ne cesse pas de travailler pour son maître. Il continue son œuvre, il persévère et atteint la perfection. La foi est ainsi présentée comme une disposition du cœur qui reste attaché au Christ chaque jour et pour toujours. C’est une question de relation, une relation avec Dieu, une relation avec la personne de Jésus. Croire c’est vivre en communion avec Dieu : « si quelqu’un m’aime, mon père l’aimera, dit Jésus, nous viendrons chez lui et y ferons notre demeure » (Jn14, 23). Cette proximité et cette intimité avec Dieu rendent féconde notre vie, la rendent agréable à Dieu qui y reconnait des fruits de sa grâce. C’est la disponibilité et l’ouverture à la grâce de Dieu dans notre vie qui façonnent notre existence et font de nous ses véritables témoins. Les saints que nous vénérons et leur exemple de vie qui nous est proposé, en sont la preuve : « souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés ; ils vous ont annoncé la parole de Dieu ; méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menés et imitez leur foi » (He 13, 7-8). Sur cette paroisse, vous avez un exemple de ce que le pape François appelle « les saints d’à côté », en la personne du père Flaubert dont la tombe se trouve dans l’enceinte de la paroisse. Un exemple de don de soi jusqu’au bout pour la mission.
Dans la vénération des saints, nous devons trouver, comme nous l’enseigne la préface, une vie qui nous serve d’exemple et qui inspire aussi la nôtre ; leur enseignement doit forger notre foi, leur exemple doit nous fortifier pour que nous courions sans défaillance au combat qui nous est proposé, dans un effort sans cesse renouvelé d’imiter Jésus Christ.
Si pour Jésus, une foi, si petite soit-elle, de la taille d’une graine de moutarde, est efficace et est capable de déraciner des arbres, elle doit demeurer en croissance et être en action. Ici, le Christ nous dit que la foi doit être un engagement dans l’action afin de déraciner les arbres. Par cette expression « déraciner des arbres », il nous invite à déraciner dans notre vie de baptisé les pratiques idolâtriques, les fétiches, les idéologies et les croyances qui sèment le doute dans les cœurs et font obstacle à la foi en Dieu.
Saint Paul s’adressant à Timothée, lui confirme que la foi est un don de Dieu qu’il faut protéger contre les fausses croyances. Et le prophète Habaquq lui aussi nous partage son expérience faite de souffrances et d’oppositions à son ministère qui n’ont pas eu raison de sa foi : il a gardé sa foi en Dieu malgré tout ce qu’il a connu comme déboires. Il a rencontré l’injustice, l’oppression, les violences, les disputes et les querelles, mais il a gardé sa foi en Dieu. L’expérience et la vie de ces personnages bibliques nous enseignent que la foi en Dieu est un soutien pour notre vie et nous fait vivre. L’homme qui a la foi se reconnait à sa fidélité, ainsi le juste vivra par sa foi. Le chrétien est donc celui qui doit garder la foi malgré les difficultés et les souffrances qu’il rencontre ; il doit être celui qui vit sa foi comme un temps de confiance renouvelée en Dieu, un temps d’abandon à la grâce, mais aussi comme un temps de transmission de sa foi aux autres. Pour l’apôtre Paul, la foi est un précieux dépôt qu’il faut non seulement garder, mais aussi transmettre. L’exhortation adressée à Timothée se présente alors comme un appel à la fidélité et un passage de témoin : transmets fidèlement ce que tu as reçu. À Timothée est confiée la tâche de la transmission de la foi.
Aujourd’hui, c’est à vous aussi fils et filles de la Paroisse saint François d’Assise que ce mandat missionnaire est adressé. La transmission de la foi est essentielle dans les familles et dans les communautés chrétiennes de base. L’annonce de l’Évangile par les pionniers, diocésains et Capucins, a façonné votre foi en Dieu. Aujourd’hui, vous êtes invités à transmettre votre foi et à être vous-mêmes des missionnaires de l’Évangile. Soyez donc des témoins de l’Évangile pour susciter la curiosité et éveiller la conscience chez ceux qui ne croient pas et aider ceux qui doutent à retrouver le chemin de l’Église. La foi se transmet, pour ainsi dire, par contact, de personne à personne et également par les moyens modernes dont nous disposons. Par-dessus tout, ce qui compte dans la transmission de la foi et peut la rendre féconde c’est qu’elle se fasse avec amour, dans la prière et la persévérance.
Fils et Filles de la Paroisse saint François d’Assise, en marche vers les 50 ans, je vous invite à mûrir votre foi, à la transmettre aux autres, et à vivre dans la conversion, la réconciliation et le partage. Soyez une Eglise qui attire, qui grandit par attraction. Que Saint François d’Assise vous aide à être une Paroisse missionnaire de l’espérance parmi les peuples, une Paroisse « en sortie » pour l’annonce de l’Évangile et la transmission de la foi.
Que la prière commune de la Vierge Marie et de Saint-Joseph vous accompagne et que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse.
+Prosper KONTIEBO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou