« Le pire n'est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens biens » (Norbert ZONGO). Quand il y a un incendie ou tout autre danger, ceux qui les premiers l’ont vu crient et font des gestes pour alerter les autres. Chacun doit élever sa voix pour alerter, pour exhorter afin que le désastre soit évité.

J’invite les statisticiens et démographes qui, jusque là étudiaient les comportements sexuels afin de proposer les mesures adéquates pour faire accepter les contraceptifs, à utiliser désormais leur science pour indiquer les moyens de sensibilisations possibles au respect du corps, de la dignité de la sexualité humaine et de l’embryon.

J’invite les juristes et les mouvements de défense de droits de l’homme à travailler à faire reconnaître le droit de l’embryon à la vie, à la protection et de défendre également le droit à l’objection de conscience pour tout personnel de la santé. Et comme nous sommes en période de révision du Code des Personnes et de Famille, que ceux d’entre eux qui sont dans le comité de révision soient consciencieux et vigilants pour que des germes d’une société dépravée n’y soient introduits.

J’invite la population, les associations et le gouvernement à refuser la coopération, les services et les financements de Planned Parenthood et de Marie Stopes International, les deux plus grands procurateurs d’avortements dans le monde, basés respectivement aux États Unis et au Royaume Uni qui financent leurs activités dans nos pays avec l’argent de ces crimes abominables. Le FNUAP est la branche de l’ONU qui travaille pour que la contraception et l’avortement soient reconnus comme des droits universels pour toutes les femmes, et par conséquent, pour que les « services de santé sexuelle et de la reproduction » soient accessibles à toutes les femmes, même les plus pauvres, au même titre que l’accès à l’eau potable.

J’invite les jeunes et les époux à prendre conscience du don merveilleux que Dieu leur a fait de leur corps et à se garder des expériences malheureuses de sexualité malgré les pressions et les sollicitations de notre temps. Il n’y a jamais de regret possible dans l’abstinence, la fidélité dans le couple et l’utilisation des méthodes naturelles.

Que l’opinion publique sache qu’un responsable de l’Église (évêque ou prêtre) qui soutient publiquement un programme de contraception ou d’avortement encourt le risque d’être suspendu de ses fonctions [1]. C’est pourquoi, le plus grand service que les évêques et les prêtres peuvent rendre aux programmes de « santé sexuelle et de la reproduction » est de ne jamais parler de ce sujet et de ne pas encourager les personnes qui œuvrent pour la planification familiale naturelle. De la sorte, les campagnes de sensibilisation à la contraception peuvent se tenir tranquillement, exploiter l’ignorance de la population, toucher largement les chrétiens devenus sur ce sujet des « brebis sans berger » (Mathieu 9, 36), mieux, les enrôler pour qu’ils en soient les acteurs en toute bonne foi.

Les chrétiens aussi bien que les non chrétiens du Burkina et de l’étranger ont été fiers de la position publique des évêques de l’Église catholique contre la modification de l’article 37 et la mise en place du sénat. Même si mon écrit n’a pas le caractère d’une déclaration officielle de l’ensemble des évêques du Burkina, il n’en demeure pas moins qu’il est fondé sur l’enseignement officiel de l’Église. De plus, un écrit de la Conférence épiscopale sur ce sujet puiserait à la même source et aurait une fermeté supérieure puisque les évêques sont les dépositaires de la foi et que le troupeau dont ils ont la charge encoure de graves dangers.

C’est pourquoi, je termine mon propos avec ces mots du saint Pape Jean-Paul II dans son encyclique Evangelium vitae consacrée à la contraception, l’avortement, la procréation médicalement assistée, les manipulations sur les embryons et l’euthanasie : « Assaillis par les opinions les plus opposées, alors que beaucoup rejettent la saine doctrine au sujet de la vie humaine, nous sentons que s'adresse aussi à nous l'adjuration que Paul faisait à Timothée : "Proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire" (2 Timothée 4, 2). Cette exhortation doit trouver un écho particulièrement fort dans le cœur de tous ceux qui, dans l'Église, participent plus directement, à divers titres, à sa mission de "maîtresse" de la vérité. Elle doit nous concerner d'abord, nous, les Évêques : à nous les premiers, il est demandé de nous faire les messagers infatigables de l’Évangile de la vie ; nous avons aussi le devoir de veiller sur la transmission intègre et fidèle de l'enseignement repris dans cette Encyclique et de prendre les mesures les plus opportunes pour que les fidèles soient préservés de toute doctrine qui lui serait contraire. Nous devons être particulièrement attentifs à ce que, dans les facultés de théologie, dans les séminaires et dans les diverses institutions catholiques, soit diffusée, expliquée et approfondie la connaissance de la saine doctrine.

L'exhortation de Paul doit être entendue également par tous les théologiens, par les pasteurs et par tous ceux qui ont une mission d'enseignement, de catéchèse et de formation des consciences : pénétrés du rôle qu'ils ont à remplir, ils ne prendront jamais la grave responsabilité de trahir la vérité et leur propre mission en exposant des idées personnelles contraires à l’Évangile de la vie que le Magistère redit et interprète fidèlement.

Dans l'annonce de cet Évangile, nous ne devons pas craindre l'hostilité ou l'impopularité, refusant tout compromis et toute ambiguïté qui nous conformeraient à la mentalité de ce monde (cf. Romains 12, 2). Nous devons être dans le monde mais non pas du monde (cf. Jean 15, 19 ; 17, 16), avec la force qui nous vient du Christ, vainqueur du monde par sa mort et sa résurrection (cf. Jean 16, 33) » [2].

Notes :

[1] Le plaidoyer pour la planification familiale (PF) au Burkina a dans son plan d’action l’obtention de l’adhésion des leaders coutumiers et religieux à la PF par l’orientation de prêches sur la PF. Cette tâche confiée à la DHPES a pour cibles « Imam, Catéchistes, Pasteurs, Chefs coutumiers ». Contre toute vraisemblance, les mots « évêques » et « prêtres » sont absents !!! http://planificationfamiliale-burkinafaso.net/plaidoyer.php

[2] Pape Jean-Paul II, Encyclique Evangelium vitae sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine, n°82.

 

 

Ouagadougou, le 25 février 2016

Abbé Jean Emmanuel KONVOLBO,

Prêtre catholique
Professeur d’Écriture Sainte et de langues bibliques
Grand Séminaire Saint Jean-Baptiste de Wayalghin
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Site web : http://konvolbo.org

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