Si le christianisme n'a cessé d’être troublé depuis ses origines par des contestations (de nature doctrinale le plus souvent) occasionnant ruptures et dissidences, on pourrait dire que, depuis le début du XXe siècle, c’est un mouvement inverse qui se fait jour : c'est le mouvement œcuménique.
1. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens
Cette semaine de prières est célébrée tous les ans du 18 au 25 janvier par les chrétiens de diverses confessions à travers le monde. En 1935, un prêtre lyonnais, l'abbé Paul Couturier, qui fut le précurseur de l’œcuménisme actuel, meurtri par la souffrance des séparations chrétiennes et hanté par leurs scandales, réussit à associer des chrétiens du monde entier dans une démarche de prière commune en faveur de l'unité. En fait, l’octave de prières pour l'unité était déjà en vigueur dans l'Église et chez les protestants depuis le début du siècle. L’abbé Couturier reprend l’idée avec un esprit renouvelé. Au lieu de se limiter à prier pour le “ retour " des chrétiens séparés à l'Église romaine, il proposa à l'ensemble des chrétiens de prier en commun pour “ l'unité que le Christ veut et par les moyens qu'il voudra "
Dès lors, la Semaine universelle pour l'Unité des chrétiens connut un essor assez fort à travers l’ensemble du christianisme mondial.
2. L’œcuménisme catholique
C’est à partir du pontificat de Jean XXIII (1958-1963) que l’Église Catholique prit officiellement position en faveur du mouvement œcuménique. En 1960, le pape Jean XXIII crée un Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens chargé des relations œcuméniques avec les Églises non-romaines. Ce Secrétariat va jouer un rôle de première importance dans les travaux du Concile Vatican II (1962-1965). En 1961, pour la première fois, l’Église catholique fut représentée par des observateurs officiels à l'Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises tenu à New-Delhi.
Le Concile Vatican II fut largement ouvert à cette perspective œcuménique par la présence très coopérative de plusieurs observateurs non-catholiques et par l’esprit de ses travaux et de ses textes. Son décret “ Unitatis Redintegratio " sur l’œcuménisme est sans doute, à cet égard, le plus important.
Paul VI et Jean Paul II se sont engagés résolument dans la voie ouverte par Jean XXIII dans une volonté commune de progresser dans le rapprochement et de tendre vers l'unité, dont personne au demeurant ne peut prévoir ni les modalités ni l'échéance.
3. L’esprit œcuménique
Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure. En effet, c'est du renouveau du cœur, du dépassement de ses intérêts et d'une libre effusion d'amour que partent et mûrissent les désirs de l’unité.
Si nous voulons vivre avec nos frères chrétiens d'autres confessions dans cet esprit, il nous faut demander à l'Esprit Saint la grâce d'une abnégation sincère, celle de l'humilité et de la douceur dans le service, d’une fraternelle générosité à l'égard des autres.
Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies aux prières pour l'Unité des chrétiens, constituent l'âme de l’œcuménisme spirituel.
L’Église nous encourage donc à prier avec nos frères séparés. De telles supplications communes sont un moyen efficace d'obtenir la grâce de l'unité et elles constituent une expression authentique des liens par lesquels les catholiques sont encore unis avec leurs frères séparés : “ Là en effet où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux " (Mt 18, 20).
La réconciliation de tous les chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Église du Christ dépasse les forces et les capacités humaines. C'est pourquoi nous devons mettre entièrement notre espoir dans la prière du Christ pour l'Église, dans la puissance de l'Esprit Saint : “ L’espérance ne déçoit point ; car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné ” (Rm 5, 5).
4. Convictions catholiques sur l’œcuménisme
Le Christ Seigneur n'a institué qu'une seule et unique Église. Pourtant plusieurs Églises chrétiennes se présentent comme véritable héritage de Jésus-Christ. Comme si le Christ était partagé...
Une telle division est infidélité à la volonté du Christ, scandale pour les hommes, obstacle à la prédication de l'Évangile.
Le mouvement œcuménique est né et a grandi sous l'action de l'Esprit Saint. Y prennent part ceux qui invoquent le Dieu Trinité et qui croient que Jésus est Seigneur et Sauveur.
Ils aspirent à une Église de Dieu une et visible, vraiment universelle, envoyée au monde entier.
Une seule Église
Vatican II, dans la Constitution sur l'Église, n°4 dit : “ Cette Église, c'est-à-dire l'unique Église de Jésus-Christ, c’est dans l’Église catholique qu'elle se trouve en tant que société constituée et organisée en ce monde.
Nous ne nions pas cependant que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures. Ces éléments appartiennent à l'Église du Christ et appellent à l’unité catholique ".
À partir de là, le décret sur l’œcuménisme affirme : Une seule et unique Église a été instituée par le Christ Seigneur (n°1).
Cette unique Église du Christ existe dans l’Église catholique depuis l'origine (n°4). Il ne peut s'agir de retrouver “ une autre Église ".
En fidélité à notre foi catholique, nous affirmons que le don définitif de l’unique Église a été communiqué dès le début par le Christ à son Église et que cette Église n’a pu être détruite par les divisions.
Mais il est aussi vrai de dire avec le décret : “ Les divisions empêchent l'Église d'exprimer dans sa vie la plénitude de la catholicité ” (n°4).
Une Église unie dans l'Esprit Saint et centrée sur le Christ
L'Esprit Saint réalise l’unité de l'Église. La succession apostolique est au service de l'Esprit pour l’édification du seul Corps du Christ.
Il faut dépasser l’ancienne idée de l'Église considérée comme une société dont : les membres seraient seulement les catholiques, les autres n'ayant qu'à revenir. Telle était l'idée que beaucoup de catholiques se faisaient de l’œcuménisme avant le Concile Vatican II.
La perspective conciliaire est celle de l’Église vue et vécue comme une communion dans l'Esprit et structurée en Lui. Le centre de la communion, c'est Jésus-Christ (n°20). A L’Église catholique n'a pas sa fin en elle-même, elle veut être signe du Christ.
Pour réfléchir
1. Après lecture de ce thème, comment définis-tu l’œcuménisme ?
2. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens a lieu tous les ans du 18 au 25 janvier Quel doit être, selon toi, le contenu de cette prière ?
3. Comment le Concile Vatican II a-t-il contribué à progresser sur le chemin de l'unité des chrétiens ?
4. Comment peux-tu expliquer cette phrase : " Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure ” ?
5. En plus de la prière, quelles autres attitudes devons-nous avoir et quelles actions pouvons-nous mener pour marcher vers l'unité de tous les chrétiens ?
Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999