La plupart des familles catholiques demandent le baptême pour leurs nouveau-nés. Elles font ainsi parce que les parents vivent leur foi dans la joie, comme le meilleur cadeau reçu de Dieu. Elles souhaitent la même chose pour leurs enfants.
Certaines confessions chrétiennes refusent cette pratique. Elles disent que, devenus grands, les enfants auront à décider eux-mêmes. C’est vrai, mais y a-t-il des raisons en faveur du baptême des petits enfants ? Que nous dit la Bible à ce sujet ?
1. Le baptême des enfants est une pratique très ancienne dans l'Église
La coutume de baptiser les petits enfants remonte à l’origine de l'Église. Si nous lisons bien la Bible, nous constaterons que le baptême d'adultes était la pratique la plus fréquente dans l'Église primitive. Mais nous ne trouverons aucun texte contre le baptême des enfants. Au contraire, il y a des indications où la pratique de les baptiser est implicite.
Dans la lettre aux Corinthiens, l’Apôtre Paul dit : “ J’ai aussi baptisé la famille de Stéphana " (1 Co 1, 16). On suppose que dans une famille il y a des enfants.
Dans le livre des Actes des Apôtres, Paul nous raconte comment, dans la ville de Philippes, il avait baptisé une dame appelée Lydie “ avec toute sa famille ” (Ac 16, 15). Et parlant de son geôlier à Philippe, dit : “ il se fit baptiser avec tous les siens ” (Ac 16, 33).
Au sujet du baptême des petits enfants, nous avons aussi le témoignage des Pères de l’Église : saint Justin vers l'année 150, Saint Irénée vers 180, Tertullien, Origène, Saint Cyprien vers les années 200 à 250. Voici ce que nous dit Saint Hippolyte, mort martyr à Rome en 235, dans son livre Tradition apostolique : “ On baptisera d'abord les enfants. Tous ceux qui peuvent parler par eux-mêmes parleront. Quant à ceux qui ne le peuvent pas, leurs parents parleront pour eux, ou quelqu'un de leur famille ; on baptisera ensuite les hommes et enfin les femmes”. Saint Augustin (354-430) dit : “ Aux petits enfants, la Mère-Église prête les pieds des autres pour qu'ils viennent, le cœur des autres pour qu'ils croient, la langue des autres pour qu'ils affirment leur foi”.
Cette tradition a donc existé depuis les premiers temps de l'Église et a été gardée même par Luther, fondateur du protestantisme.
2. Les raisons en faveur du baptême des enfants
Il y a un bon nombre de raisons : les enfants sont accueillis par l’amour de Dieu, les petits enfants peuvent être incorporés au mystère du Christ et être baptisés dans la foi de l’Église. Bien sûr, les parents chrétiens doivent s'engager à éduquer leurs enfants dans la foi chrétienne et les parrains et la communauté doivent collaborer à cette tâche.
L'action de Dieu précède notre action et notre foi
Nous ne devons pas penser que Dieu commence à nous aimer seulement lorsque nous avons manifesté consciemment notre amour et notre foi en Lui. L'amour de Dieu précède notre initiative d'aimer : “ Avant même de te former dans le ventre de ta mère, je t'ai connu ; avant que tu sois sorti de son sein je t'avais consacré ” (Jr 1, 4-5 ; Is 49, 1). “ Voilà comment est l'amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés d'abord ” (1 Jn 4, 10).
Lorsque l'Église baptise les petits enfants en s'appuyant sur la foi de leurs parents chrétiens, elle veut exprimer sa conviction qu’être chrétien signifie, avant tout, un don gratuit de Dieu. Dieu nous aime avant que nous n’ayons fait quelque chose pour Lui. Si l'on comprend ainsi les choses, le baptême des enfants est authentiquement biblique et met en relief la gratuité de l'amour de Dieu, qui entoure toute notre vie. Ce serait limiter le pouvoir de Dieu que de penser qu'il se communique à l'homme seulement par le biais de la foi consciente de celui-ci.
La foi des parents est la seule condition pour le baptême d’un enfant
Le baptême est avant tout le sacrement de la foi. Mais, étant donné que l'enfant ne peut pas encore proclamer cette foi en Christ d'une manière consciente, certains se demandent : ne serait-il pas mieux d’attendre que l'enfant devienne un adulte et soit capable de proclamer personnellement sa foi chrétienne ?
Il ne faut pas oublier que le baptême est plus qu’un simple signe de foi ; il est aussi “ cause de la foi " et il produit, comme effet, chez le baptisé “ l'illumination intérieure ". Sans doute, la grâce reçue dans le baptême, l’action de l’Esprit Saint avec ses dons et la foi qui règne au sein d'une famille chrétienne aideront l'enfant à répondre progressivement avec une foi libre et personnelle.
L'Église s'engage et, plus concrètement, les parents et les parrains s'engagent au nom de leurs enfants. Les enfants sont baptisés dans la foi de leurs parents qui promettent de leur donner l’exemple et de les élever dans la foi chrétienne pour qu'ils prennent conscience de la grâce qu’ils ont reçue au baptême.
Ainsi compris, le baptême des petits enfants est un “ privilège " que l'Église a toujours accordé aux familles chrétiennes en raison de la foi des parents et des parrains.
3. Est-il bon de laisser l’enfant sans orientation spirituelle, sans religion ?
Certaines personnes disent que ce n'est pas juste d’imposer aux enfants une religion : l'enfant ne peut pas raisonner... on doit attendre qu'il devienne adulte pour qu'il puisse opter librement pour le baptême.
II est vrai qu'un nouveau-né ne peut pas raisonner. Mais attendre que l'enfant puisse raisonner pour choisir librement une religion, n'est-ce pas une illusion ?
Nous croyons que ce serait une grave erreur que de laisser l’enfant sans religion ; ce serait la même chose que de le laisser sans orientation dans la vie. Cela ne signifie pas imposer une religion. Chaque enfant naît et grandit avec l’ambiance où il est né. Il grandit au sein d'une famille qui, sans que l’enfant le demande, lui communique les grandes valeurs de la vie. Attendre qu'il devienne adulte pour pouvoir choisir ces valeurs par lui-même équivaudrait à le laisser grandir dans la désorientation totale. Il y a tellement de choses que la vie donne aux enfants sans qu'ils les aient demandées... Ils ne peuvent pas choisir leurs parents, ni leur ambiance, ni leur langue, ni leur culture. Mais tout cela ne constitue pas une limite ; c'est quelque chose de très naturel.
Dans une vie normale, ce sont d'abord les parents qui doivent faire pour leurs enfants les options nécessaires à leur développement intégral.
Les bons parents désirent toujours communiquer à leurs enfants les grandes valeurs de la vie. Or, la foi chrétienne d'une famille est sans doute le plus grand don divin ; quoi de plus normal que les parents souhaitent communiquer ce don à leurs enfants ? Pourquoi, alors, priver les enfants de ce bien ? Car un enfant qui, durant les premières années de sa vie, n’aurait reçu aucune éduction dans la foi de ses parents, serait tellement désorienté qu'il trouverait difficilement le chemin pour croître et avancer, dans une véritable liberté, vers une décision personnelle.
4. Quand est-ce que la foi commence dans notre vie ?
Impossible de répondre à cette question, comme il est aussi impossible de répondre à cette autre : quand est-ce qu’on commence à aimer ?
La foi, c'est comme l’amour. Elle doit être suscitée. Et elle commence à croître, sans qu'on s'en aperçoive, depuis le premier contact des parents avec l'enfant. Nous ignorons à quel instant l'enfant commence à aimer. La même chose arrive avec la foi. On ne doit pas attendre le jour où l'enfant commencera à manifester quelques inquiétudes à ce propos. De même qu'on ne peut pas fixer une date pour le début de l'amour, de même on ne peut pas fixer de date pour le début de la foi.
Il serait absurde que les parents attendent pour nourrir l’enfant qu'il soit capable de décider ce qu'il va manger. Il en est de même pour la langue et pour le nom que nos parents nous ont donnés... Ce sont des choses antérieures à notre libre élection… La nourriture, le nom, la langue, la vie, etc.
Ce sont des biens. Et les parents n’attendent pas l’approbation des enfants pour les leur donner. De même la foi et le baptême sont des biens et c’est pour cela que les parents décident de donner ces biens à leurs enfants, avant l'âge de raison. Si pour faire venir l'enfant à l’existence (qui est un grand bien, un grand cadeau) les parents n'ont pas eu à demander son avis, il en va de même pour lui communiquer la vie divine, qui est le plus grand bien, le plus grand cadeau que les parents offrent à leur enfant, car ils souhaitent pour lui ce qu'il y a de meilleur.
5. Considération finale
Le petit enfant fait partie d’une famille, d'une communauté et il n'est jamais trop petit pour recevoir le don de la foi. Jésus n'embrassait-il pas et ne bénissait-il pas les enfants ? Jésus n'attendait pas que les enfants soient conscients et lui demandent cet amour. “ Laissez venir à moi les petits enfants “ (Mc 10, 13-14).
L’Église catholique continue de baptiser les petits enfants parce qu'elle est convaincue qu'ils appartiennent à Dieu et parce qu’elle s'appuie sur la foi et l’engagement des parents.
La foi de l'enfant aura un avenir si cet engagement des parents à transmettre la foi à leurs enfants existe vraiment. Sans cet engagement, l'Église préfère retarder le baptême jusqu'à ce que les conditions nécessaires soient réunies.
Mais on peut affirmer que, lorsque des parents chrétiens demandent le baptême pour leurs enfants, ils sont en train de demander quelque chose de bon et de raisonnable et que ce sacrement sera toujours le chemin le plus adéquat pour une future vie chrétienne.
Pour réfléchir
1. Quelle était la pratique de l’Église primitive par rapport au baptême des enfants ?
2. Quels sont les textes bibliques qui en parlent ?
3. Que veut exprimer l’Église en baptisant les petits enfants ?
4. Quelle est la condition indispensable pour baptiser les petits enfants ?
5. Faut-il attendre de consulter l’enfant pour le baptiser ?
6. Pourquoi est-il bon de baptiser les petits enfants ?
7. Le don de la vie est-il un bien ?
8. Est-ce qu’on consulte l’enfant pour lui donner l’existence ?
9. Le baptême est-il un bien ?
10. Est-ce que chaque enfant choisit son nom, sa patrie ?
Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999