A partir de l'avancée rapide des sciences et des grandes découvertes scientifiques de ces derniers temps, beaucoup de personnes se demandent : Comment le monde a-t-il été formé ? Comment la vie a-t-elle surgi sur terre ? Qu’est-ce que la Bible nous dit à ce propos ? Y a-t-il contradiction entre la Bible et la science ? Prenons le temps d’approfondir ces thèmes.
D'entrée de jeu, disons que la Bible n'est pas un livre de science mais un livre théologique, un livre inspiré par Dieu. Et, s'il est vrai qu’on y trouve les réponses dont le croyant a besoin pour son salut, il n'est pas moins vrai qu’on n'y rencontre pas toutes les réponses scientifiques que l’homme souhaiterait trouver dans ses recherches. Et cela, simplement, parce que Dieu l'a voulu ainsi. Le plan de Dieu pour l'homme, c'est qu’il découvre progressivement, avec son intelligence et sa raison, par lui-même, quelle est l’origine de l’humanité et de l'univers.
1. Qui a fait le monde ?
La réponse théologique à cette question est donnée par la Bible dans le livre de la Genèse : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre". En tant que chrétiens, nous croyons donc que le monde et tout ce qu'il contient ont été créés par Dieu. Il est l'Etre Suprême, Immanent, Transcendant. Dieu a créé le monde et rien n'échappe à son action créatrice. De plus, avec son pouvoir et sa sagesse infinie, Il continue de créer et de renouveler toutes les choses.
Or, comment Dieu a-t-il créé le monde que nous voyons aujourd'hui et la vie de l’être humain ? Cela n'est pas dit par la Bible aussi clairement qu’on le souhaiterait car il ne s’agit pas là d’une donnée essentielle à notre salut. Le comment, c'est quelque chose que l’homme doit progressivement découvrir au fur et à mesure que les années s'écoulent et que les recherches avancent.
Pendant des siècles, l’immense majorité de chrétiens, ayant interprété littéralement les paroles de la Bible, a pensé que Dieu avait créé toutes les choses dès le début telles que nous les voyons maintenant. C'est dire que Dieu aurait placé chaque astre à sa place pour qu'il continue à tourner dans le firmament, selon l'orbite assignée à chacun. On croyait aussi que Dieu avait fait les montagnes, les sentences, les plantes, les animaux et l'homme lui-même, tel que nous le voyons actuellement et que chaque espèce avait eu des descendants, semblables en tout et toujours, à leurs progéniteurs.
C’était la une lecture de la Bible qu'on pourrait dire fondamentaliste. C’est-à-dire une lecture qui interprétait chaque phrase au sens littéral, sans prêter aucune attention au genre littéraire utilisé par les auteurs dans leurs narrations. C’était une lecture manquant de sens critique et littéraire.
Aujourd'hui, les sciences humaines ont beaucoup avancé et elles nous assurent que ces récits ne sont pas historiques, au sens actuel du mot, mais qu’ils présentent les faits dans le cadre d'une culture orientale qui s'exprimait de préférence à travers des signes et des images.
On pourrait considérer les chapitres de la création dans la Genèse comme un beau poème qui, sur le plan religieux, a des choses à nous dire.
2. Alors qu'est-ce que la Bible veut nous dire ?
En termes de foi, ce que la Bible veut nous faire comprendre à travers les premiers chapitres de la Genèse, c'est que Dieu créa la matière et lui communiqua un premier élan afin que celle-ci, à travers les transformations successives survenues au long de millions d’années, puisse générer la vie des plantes, des animaux et de l'être humain.
C’est-à-dire que Dieu, avec son pouvoir infini, créa la matière à partir du néant et lui infusa un élan créateur afin qu'en se développant, elle devienne ce que nous voyons aujourd'hui. La création n’est pas alors quelque chose du passé. Elle n'a pas été un fait survenu il y a des millions d'années. La création fut et continue. La création n’est pas finie. Aujourd'hui encore, Dieu, en conservant le monde, continue de créer et Dieu lui-même continue d'accompagner cette évolution vers sa totale plénitude.
Cette interprétation, originale et en accord avec la science, est née au début du XXe siècle et nous la devons à un homme exceptionnel, un prêtre jésuite appelé Teilhard de Chardin. Elle a l’avantage de faire la synthèse entre la foi et les sciences actuelles.
D'après cette interprétation, foi et science, non seulement ne s'opposent pas, mais se complètent mutuellement.
3. Comment Dieu a-t-il créé la terre et le firmament ?
La science nous dit que l’univers est constamment en train de changer; que les galaxies s'éloignent les unes des autres à la vitesse de 600 000 kilomètres par seconde ; que l'univers se transforme à chaque instant. Plus la science avance, plus l'homme reste émerveillé face à la grandeur de l'univers et à la petitesse de la planète Terre.
Aujourd'hui, la science croit qu'il y a des milliers de millions d’années, la matière dont les astres, les planètes et la Terre sont constitués était comme une grande masse informe. Tout était comme un astre immense qui subit, à un moment donné, une grande explosion que les scientifiques appellent big bang. Selon cette théorie, l'univers se serait formé il y a environ quinze milliards d’années à la suite de cette grande explosion originelle qui aurait provoqué l’émission de protons, de neutrons, d'électrons et de photons à une température très élevée. Et après un très long processus de fragmentation et de descente de ces températures qui atteignaient des millions de degrés, les astres, les planètes, les étoiles commencèrent à apparaître tels que nous les voyons, et parmi eux, la Terre, cette petite planète que nous habitons. Lorsqu'elle se refroidit et lorsque les conditions devinrent adéquates, lentement, au long de millions d'années, la vie surgit.
4. Comment la vie et l’être humain ont-ils surgi ?
Lorsque sur la terre il y eut donc les conditions adéquates pour la vie (la température, l’eau, l'air) l’apparition d’un échelon primitif d'être vivants commença. Tout d'abord, ce fut une vie très primaire et, après, la vie végétale et la vie animale apparurent. Les êtres les plus primitifs étaient des noyaux de cellules. Ensuite, par des transformations successives, firent leur apparition de nouveaux genres de vie, aussi bien végétale qu'animale.
Peu à peu apparurent les mers, les plantes, les poissons et les oiseaux. Et c'est ainsi qu'au long du temps, la vie alla en se développant jusqu’à devenir ce qu'elle est aujourd’hui.
Cette manière d'agir de Dieu non seulement ne diminue pas son pouvoir divin mais, au contraire, le magnifie et l'agrandit.
La vie dans la mer et dans l'air surgit après des millions d’années de mutations et de transformations. Les êtres vivants naissaient, se développaient et s'adaptaient progressivement à leur milieu. Les uns restèrent dans les mers, d'autres émergèrent des eaux vers la terre et, en évoluant, ils s'adaptèrent à leur nouveau milieu. C’est le naturaliste anglais Darwin qui a été amené à cette découverte à partir de ses observations sur le terrain. Cette théorie, appelée évolutionniste a remplacé la théorie fixiste qui est incapable de rendre compte des faits : l’existence de squelettes légèrement modifiés.
D'après cette interprétation donc, Dieu aurait donné à la création l’élan initial, et aurait fixé les lois de la nature. Celle-ci, en obéissant à l'élan du Créateur, à travers une longue chaîne de transformations, serait arrivée à générer les différentes espèces de plantes, oiseaux, poissons et autres animaux ; et c'est de l'une de ces espèces, choisie au préalable par le Créateur, que serait sorti l’homo sapiens.
Dans n’importe quel livre de biologie, on explique aux élèves, avec des dessins, comment la vie animale a surgi de la mer et comment, au cours de millions d'années, elle est allée en s'adaptant au terrain sec. On ajoute aussi comment notre ancêtre marchait d'abord à quatre pattes, pour se redresser ensuite progressivement, cheminant à la fin sur deux pieds. A partir des collections de crânes qui ont été examinés, on montre comment les formes du cerveau humain ont évolué et se sont agrandies jusqu'à devenir celle de l’homo sapiens.
La foi chrétienne nous dit qu'il n'y a dans tout cela aucune contradiction avec la Bible ni avec notre dignité. Et que cela ne réduit ni ne diminue en rien le pouvoir du Dieu Créateur. Déjà, le Pape Pie XII dans son Encyclique Humani Generis, en 1950, affirmait qu'il n'était pas contraire à la foi de reconnaître au corps de l'homme une origine, qui aurait pu être une matière vivante, pourvu que l'on maintienne que les âmes sont créées directement par Dieu, ce qui est compatible avec un certain évolutionnisme. Il faut noter ici comment l'Église, Mère et Maîtresse, y compris dans l’interprétation de la Bible, insiste sur le fait que l’homme est formé d’un corps et d’une âme et que celle-ci ne peut pas être le fruit de cette évolution mais que l’âme de chaque être humain est créée directement par Dieu.
De là, la grande différence de l'être humain par rapport aux animaux. C’est pourquoi nous croyons que, lorsque la matière en évolution fut suffisamment préparée, Dieu infusa dans l'espèce humaine – ou dans ce tronc d'où l'espèce humaine devait sortir – une âme spirituelle et immortelle.
La création de l'âme, ce qui en définitive confère à l'homme sa dignité, est une action directe et immédiate du Créateur. Aujourd’hui encore, la doctrine catholique soutient que lorsque homme et femme s’unissent et qu'une nouvelle vie est générée, c'est alors que Dieu crée pour chaque être humain une âme unique et qu'on ne peut répéter.
5. Quelle place l’homme occupe-t-il dans la création ?
En tant que chrétiens, il faut rappeler notre conviction que l’homme n'a pas surgi par hasard dans cette évolution des espèces et qu'il n'a pas été la simple conséquence de l'élan initial de Dieu. L’homme est apparu sur terre comme le fruit de la volonté et du projet de Dieu.
La Bible y met une grande insistance. Tout a été créé pour l’homme et l’homme pour Dieu; c'est pourquoi nous aimons dire que l'homme est le roi de la création. L'être humain est créé par Dieu dans ce qu'il a de plus spécifique et il est supérieur à tous les êtres vivants. L'homme est corps et esprit, ou mieux, esprit incarné. Il possède la conscience, la liberté, la capacité d'aimer, ce qui représente le point culminant de l'œuvre de Dieu et les traits de ressemblance avec Dieu.
6. En résumé
Des millions de personnes, des siècles durant, ont interprété les premiers chapitres de la Genèse de façon littérale; elles ont pensé que Dieu a créé le monde en six jours semblables à nos jours actuels et que tout fut créé tel qu'on le voit aujourd’hui. Il s'agit de l’explication fixiste.
Mais de nos jours, en accord avec le progrès de la science et sans rien contredire de la donnée révélée, nous pouvons accepter l’interprétation évolutionniste, selon laquelle Dieu créa la matière et lui donna le premier élan créateur. Et, au moment choisi par lui-même, grâce à une intervention de sa part, il créa l’âme d'où surgira l'être humain.
C’est dans ce contexte que le texte de saint Paul aux Colossiens 1, 15-20 s’éclaire d'une nouvelle lumière : Paul présente la mission rédemptrice du Christ – centre de la création – qui divinise les hommes dans une spirale ascendante jusqu'à la plénitude de leur vocation divine, lorsque la fin des temps sera arrivée.
Pour réfléchir
1. Quelle est la portée de cette affirmation : “La Bible n'est pas un livre de science, mais un livre théologique " ?
2. Qu'est-ce que la Bible nous révèle et qu'est-ce qu’elle ne nous révèle pas par rapport a la création ?
3. Comment faut-il comprendre les chapitres du Livre de la Genèse concernant la Création ?
4. Y a-t-il contradiction entre les récits bibliques de la Création et les théories scientifiques modernes ?
5. Peut-on concilier la foi en Dieu Créateur et la pensée de la science moderne par rapport à l’origine et à l'évolution de l’univers et de la vie ?
6. Que voulons-nous dire quand on affirme que “la création n’est pas finie" ?
7. Quelle est la pensée de l’Église par rapport à la création de l’homme en tant qu’être unique et spirituel ?
8. Peut-on soutenir que l'apparition de l’homme sur terre n’a été que la conséquence par hasard de l'élan initial donné par Dieu à la nature ?
9. Pourquoi l’homme représente-t-il le point culminant de l'œuvre créatrice de Dieu ?
Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999