La religion n’est pas comme la politique : aujourd’hui, j'appartiens à tel parti ; demain ce parti ne me plaît pas, alors je change de parti... Je ne peux pas changer de religion comme je change de chemise. La religion est une réalité qui mérite beaucoup de respect et de sérieux.
Nous avons vu de nouveaux baptisés qui, un an après leur baptême, se retrouvent dans telle ou telle autre confession chrétienne, dans telle ou telle secte. Quelle conscience peuvent avoir ces personnes du sérieux de leur engagement, de la valeur de la parole donnée le jour de leur baptême ? Quelle est la solidité de la formation reçue ? Jusqu’à quel point cette formation a-t-elle été assimilée ?
1. Pourquoi abandonner ton trésor ?
L’Église du Christ, dont tu es membre vivant, existe depuis Jésus-Christ jusqu'à maintenant, fondée sur Pierre et ses successeurs légitimes (Mt 16, 13-19). Et si elle demeure, malgré ses époques obscures de péché et d'infidélité, c'est parce que le Christ ne l'a pas abandonnée. N’avait-il pas promis : “ Je serai avec vous jusqu'à la fin des temps “ ? (Mt 28, 20).
C’est cette Église qui t'a donné la Parole de Dieu et c'est grâce à elle que les autres confessions chrétiennes, nées principalement à partir de la réforme de Luther autour de 1520, ont eu aussi la Bible.
L'Église catholique dans laquelle tu as été baptisé prend racine chez les apôtres que Jésus a établis comme fondement ; elle a le trésor de la tradition apostolique ; elle a cette pléiade de presque un million de martyrs qui, depuis le début jusqu'à nos jours, ont donné leur vie pour le Christ.
Mais surtout, dans ton Église, Dieu te communique son Esprit Saint avec la plénitude de ses charismes et de ses dons. Dans ton Église, tu trouves tous les sacrements, surtout l'Eucharistie, où le Christ même te sanctifie. Alors, pourquoi abandonner ces trésors ?
Cela ne veut pas dire que dans les autres confessions chrétiennes il n'y a rien de tout cela. Non, l'Esprit Saint y est aussi à l'œuvre et même si à notre avis elles ne disposent pas de la plénitude de tous les moyens de salut, elles constituent pour beaucoup de personnes un chemin de grande sainteté. Et nous les respectons. Mais toi, pourquoi ne veux-tu pas fleurir là où Dieu t'a semé et t'a donné sa vie ?
2. Les leçons de d’histoire
Dans l'histoire de l'Église (catholique), une histoire de 2000 ans, il y a eu des époques où beaucoup de chrétiens abandonnèrent leur foi. Par exemple, l’année 356, Arius, prêtre d’Alexandrie, commence à répandre l'hérésie arienne (le Christ n'est pas Dieu), mettant ainsi en cause le fondement même de la foi chrétienne. Il rencontre un large succès. L'hérésie se répand. Le christianisme fut apparemment prêt à voler en éclats, alors qu'il avait pu résister à deux siècles et demi de persécutions. Beaucoup de croyants, même des prêtres et des évêques, abandonnèrent l'Église.
Quelques temps après, l'arianisme disparut et ils retournèrent à l’Église. Vers l'année 1200 apparaissent en Europe les Cathares et les Vaudois, des hommes très spirituels qui prêchaient le retour à la pureté évangélique et qui dans leur critique semblaient vouloir en finir avec tous les catholiques. La ferveur de ces groupes finit quelque temps après et, aujourd'hui, personne n'en parle plus.
Au 16e siècle, Luther et Calvin protestèrent, et avec raison, contre certains abus à l'intérieur de l'Église catholique. Ils voulaient assurer la transparence de la Parole de Dieu à une Église encombrée de bagages excédentaires. Mais en le faisant, ils ont aussi rejeté des trésors inaliénables de l'Église indivisible.
Aujourd'hui, nous sentons tous, catholiques et protestants, la honte de cette séparation en d'innombrables Églises, alors que nous savons bien que la volonté expresse de Jésus était de voir tous ses disciples réunis dans “ un seul troupeau avec un seul Pasteur ”.
Mais l'Esprit saint a suscité au sein de toutes les Églises vraiment chrétiennes le désir profond de cheminer vers l’unité. C’est le mouvement œcuménique.
3. Des prédicateurs de l’évangile “ à leur manière ”
Déjà à l'époque de saint Paul surgirent de faux prophètes qui livraient des messages de division. Paul écrit : “ Frères, je vous en prie au nom de Jésus-Christ, notre Seigneur : mettez-vous d'accord au lieu d’être divisés. Soyez unis, ayez un même esprit et la même façon de voir " (1 Co 1, 10).
Et il montre son étonnement : “ Je m'étonne que vous passiez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, à un autre évangile. Mais il n'y en a pas d'autre : il y a seulement des gens qui vous créent des problèmes et qui veulent mettre à l'envers l’Évangile du Christ. Mais je dis : dehors. Et, cela même si c’était nous ou quelque ange de Dieu qui venait vous donner un autre évangile que celui qui vous a été annoncé. Et je redis : dehors. Anathème ! pour celui qui vous présente l’Évangile autrement que vous l'avez reçu “ (Ga 1, 6-9).
La phrase autrement que vous l’avez reçu nous frappe. Ce sont des paroles étonnantes pour nous qui sommes habitués à mettre tout en cause et à confronter les points de vue. Paul a conscience d’être un apôtre, d'être porteur, non seulement de la Parole de Dieu, mais de la vérité de l'Évangile. De fait, la foi de l'Église a toujours été la foi des apôtres : nous croyons en Jésus, non pas “ à notre manière ”, mais tel que les apôtres l'ont cru, compris et enseigné. Il est impossible de mettre cela en discussion sans sortir de la foi chrétienne. La doctrine reçue des apôtres et gardée par l’Église est ce que nous appelons la Tradition.
Des faux apôtres se sont levés et ils se sont perdus dans des discussions inutiles (2 Co 11, 1-5) ; parfois ils ne comprennent même pas ce qu’ils prétendent enseigner (1 Tm 1, 4-7 ; 6, 3-5).
L’apôtre Pierre nous met aussi en garde : “ Il y a eu de faux prophètes dans le peuple d'Israël, et de même il y aura parmi vous de faux enseignants. Ils introduiront des sectes néfastes. Beaucoup de gens imiteront leurs vices, et par leur faute le Chemin de la vérité sera discrédité. Ces gens cupides essaieront de vous avoir avec leurs boniments, mais déjà leur condamnation a été prononcée " (2 P 2, 1-3).
4. Abandonner l'Église ?
Aujourd’hui comme hier, il y a aussi des groupes chrétiens qui se lèvent pour prêcher un Évangile à leur manière. Il ne faut pas se laisser éblouir, il ne faut pas tourner comme des girouettes. Dans l’Église, il peut y avoir le péché, l'infidélité, la médiocrité... Alors la tentation est grande de quitter l’Église pour en former d’autres plus pures. Mais ce n’est pas là le chemin à suivre. Il faut lutter et s'engager à réformer l’Église de l'intérieur et non pas en fuyant l'Église.
C’est comme dans une famille. Il peut y avoir des problèmes, des discussions, des malentendus et même des bagarres ; ce n'est pas pour cela qu'il faut abandonner la maison. Il faut avoir le courage de rester, de dialoguer, et avec prudence, patience et amour, restituer l'unité brisée.
L'Église du Christ est sainte et pécheresse à la fois. Constamment, elle doit être en état de conversion. Et si nous constatons que quelque chose ne va pas, nous devons prier pour sa purification et œuvrer pour la conversion et la réconciliation. Le remède n'est jamais d'abandonner l’Église pour former d'autres Églises à notre guise. Chacun doit dire son mea culpa pour sa part de responsabilité dans ce qui ne va pas dans l'Église et s’engager résolument sur le chemin de retour à l'Évangile.
Si la tentation d'abandon arrive, laissons retentir en nous ces paroles de Jésus : “ Vous aussi, vous voulez m'abandonner ?”
Ayons un esprit œcuménique qui se manifeste dans les attitudes suivantes :
1. Mieux connaître nos frères d’autres confessions pour mieux les comprendre et mieux les respecter et les aimer.
2. Nous convertir constamment au Christ et à l'Évangile, en étant fidèles à la foi de notre baptême. 3. Prier l’Esprit Saint pour qu'il nous conduise vers la parfaite unité voulue par Jésus.
Pour réfléchir
1. Tu peux rencontrer un membre formé de l'Église Protestante Méthodiste, par exemple, et essayer de voir avec lui quels sont les points de convergence et de divergence par rapport aux éléments fondamentaux de la foi chrétienne à l'Église, aux sacrements, aux saints et à la Vierge Marie.
2. Tu peux approfondir tes connaissances en lisant les pages 161 à 164 de l'Encyclopédie Catholique “ Théo”.
3. Tu peux prier pour l’unité avec ce frère méthodiste ou d'autres confessions chrétiennes.
Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999