Is 9, 1-6 ; 1 P 3, 15-18 ; Lc 4, 14-21
Fils et filles bien-aimés de la paroisse Christ Roi de l’Univers de Pissy et vous tous fidèles chrétiens de l’Archidiocèse de Ouagadougou, paix et joie de la part de notre Seigneur Jésus-Christ. En cette journée mondiale des missions, nous rendons grâce à Dieu pour sa sollicitude envers son Église, pour la fécondité de la vie et l’œuvre de tant de missionnaires, connus ou anonymes, qui ont donné leur temps, leur force et parfois leur vie, afin que la Bonne Nouvelle soit annoncée jusqu’aux confins de la terre.
L’Église-Famille de Dieu à Ouagadougou, à l’instar de toutes les Églises particulières du monde, s’unit à l’Église universelle pour célébrer aujourd’hui la 99e Journée mondiale des missions. Depuis quelques années, notre Église diocésaine a choisi de donner à cette fête missionnaire un caractère diocésain, afin de manifester que la mission n’est pas l’affaire de quelques-uns, mais le cœur même de notre identité chrétienne. C’est dans cette vision que la paroisse Christ Roi de l’Univers de Pissy accueille cette célébration diocésaine. Nous exprimons notre profonde gratitude à tous les paroissiens de Pissy qui ont magnifiquement accueilli cet événement majeur de notre archidiocèse, témoignant par leur hospitalité et leur service que la mission trouve toujours son point de départ dans l’accueil fraternel. Nous souhaitons que cette célébration soit une occasion pour nous de renouveler notre engagement missionnaire et d’affermir notre courage pour affronter les nouveaux défis de l’évangélisation contemporaine.
Le message du pape : Le message du pape pour cette 99e Journée Mondiale des Missions nous convie de manière pressante à une méditation et une prière profonde autour du thème : Missionnaires d’espérance parmi les peuples. Dans un monde hélas souvent déchiré par l’inquiétude, miné par les conflits, affligé par des blessures profondes, la pauvreté endémique et la solitude spirituelle, les chrétiens sont appelés à être témoins d’une espérance vivante et inébranlable. Ce thème choisi avec clairvoyance par le pape souligne la vocation fondamentale des chrétiens à être des porteurs et bâtisseurs d’espérance, à la suite du Christ. C’est un message qui met en avant l’espérance comme une lumière à garder allumée, particulièrement dans le contexte de cette année jubilaire qui s’achève.
C’est dans cette lumière de l’espérance du Christ que la Parole de Dieu de ce dimanche vient éclairer notre mission. Le prophète Isaïe annonce une lumière qui se lève sur un peuple en marche dans les ténèbres (Is 9,1-6). Saint-Pierre nous exhorte à rendre compte de l’espérance qui nous habite (1 P 3,15) ; l’Évangile selon saint Luc nous présente Jésus à la synagogue de Nazareth proclamant : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4,14-21). Ces textes nous montrent que la mission n’est pas une simple activité ; elle est une participation au projet de salut de Dieu pour toute l’humanité.
La première annonce du prophète Isaïe résonne comme une bonne nouvelle pour tout missionnaire : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1). Cette lumière, c’est le Christ lui-même, envoyé du Père pour apporter la paix et la joie. Le prophète nous rappelle que l’espérance chrétienne n’est pas une idée vague ; elle a un visage : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné… Prince-de-la-Paix » (Is 9,5-6). Pour le Pape, l’Église est appelée à refléter cette lumière du Christ. C’est lui la source de toute mission. Avant d’annoncer, le missionnaire est d’abord un disciple qui contemple Jésus, la lumière du monde. Dans nos familles parfois éprouvées, dans nos villages marqués par la pauvreté ou l’insécurité, dans nos cœurs blessés, Jésus continue de briller et d’apporter la paix. Être missionnaire d’espérance, c’est d’abord accueillir cette lumière dans nos propres ténèbres pour pouvoir ensuite la refléter.
Le missionnaire, sentinelle contre les illusions destructrices. Il est essentiel de comprendre que l’annonce de la véritable espérance s’accompagne d’un rejet prophétique des fausses promesses du monde. Le prophète Isaïe ne se contente pas d’annoncer la lumière : il dénonce avec force les fausses promesses qui asservissent. Il met en garde contre la violence, l’orgueil, les idoles qui séduisent, mais finissent par écraser l’homme (cf. Is 13,15-18). Ses paroles, bien que anciennes, résonnent encore avec une actualité brûlante. Dans un monde où l’on cherche souvent la sécurité dans les biens matériels, la puissance ou l’apparence, le prophète nous rappelle que ces chemins mènent à l’esclavage intérieur et à la désillusion.
Le Pape, dans son message pour cette Journée mondiale des missions, fait un diagnostic lucide : aujourd’hui encore, nous risquons de nous prosterner devant de nouvelles idoles. Il parle de l’argent qui déshumanise et crée des inégalités criantes ; du pouvoir qui divise et écrase les plus faibles ; des technologies qui, au lieu de relier les cœurs, enferment dans l’isolement ; de l’ambition démesurée qui détruit la fraternité et sacrifie l’homme sur l’autel du succès. Ces illusions promettent le bonheur, la réussite, la sécurité, mais elles laissent un vide immense et souvent une profonde solitude.
Le missionnaire d’aujourd’hui est appelé à être un prophète courageux, capable de dire un « non » clair à ces faux dieux qui volent la dignité humaine. Il n’est pas un simple spectateur qui commente les dérives du monde : il prend position, il éclaire, il interpelle. Sa mission n’est pas seulement de réconforter, mais aussi de réveiller les consciences endormies par la séduction du confort et de l’indifférence. Comme Isaïe, il dénonce ce qui détruit l’homme et appelle à un chemin de vérité. Mais le Pape nous avertit : cette dénonciation prophétique n’est pas faite avec colère ou mépris, mais avec un cœur rempli d’amour et de compassion. Elle se vit à la manière de Jésus, qui n’écrase pas, mais relève, qui ne condamne pas, mais invite à la conversion. Le missionnaire est porteur d’une espérance qui libère : il propose un autre chemin, celui de la fraternité, de la justice et de la paix qui viennent du Christ. Le Saint-Père nous rappelle que l’espérance chrétienne n’est pas enfermée dans les réalités terrestres : elle dépasse le succès matériel ou l’efficacité immédiate ; elle s’ouvre à la communion avec Dieu, le seul qui nous sauve. Voilà pourquoi le missionnaire doit être un témoin libre : libre des pressions de l’argent, libre des modes du moment, libre de rechercher sa propre gloire. Sa liberté intérieure est un signe puissant : elle proclame que le vrai bonheur ne se trouve ni dans l’accumulation, ni dans la domination, mais dans l’amour offert et le service humble. Être missionnaire d’espérance, c’est donc oser aller à contre-courant. C’est refuser les illusions qui font croire que tout se joue dans la réussite matérielle ou la visibilité sociale. C’est vivre la proximité, la compassion et la tendresse de Dieu envers les pauvres et les exclus, comme le Pape nous y invite. Le missionnaire est une lampe qui éclaire les chemins obscurs de ceux qui sont tentés par le désespoir, en leur montrant que seule la lumière du Christ conduit à la vraie vie.
Jésus Christ, premier missionnaire de l’espérance. L’accomplissement de toute mission trouve son incarnation parfaite en Jésus-Christ. L’Évangile nous montre aujourd’hui Jésus à la synagogue de Nazareth se désignant lui-même : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… annoncer une année favorable du Seigneur » (Lc 4,18-19). Ces paroles ne sont pas seulement un souvenir historique. Elles révèlent l’identité même de Jésus : il est l’envoyé du Père, rempli de l’Esprit Saint, consacré pour apporter le salut et inaugurer le temps nouveau de la grâce. Comme le souligne le Pape dans son message pour cette Journée mondiale des missions, Jésus est le divin Missionnaire de l’espérance. Toute sa vie terrestre a été une mission d’amour et de consolation : il a parcouru villes et villages en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du mal (Ac 10,38). Il s’approche des pauvres, des affligés, des exclus ; il tend la main aux malades, relève les pécheurs, rend la dignité aux oubliés, redonne un avenir à ceux qui se croyaient perdus. Il connaît nos fragilités humaines, la fatigue, la trahison, la solitude, la souffrance, mais il ne se laisse jamais arrêter par la peur ni par le découragement. Jusqu’au bout, jusqu’à la croix, il garde une confiance absolue dans le Père et transforme l’échec apparent en victoire de l’amour. Voilà pourquoi le Pape affirme que Jésus est le modèle suprême pour tous les missionnaires.
Appel à notre Église de Ouagadougou pour une synodalité missionnaire. En réponse à l’appel du Christ, notre modèle, fils et filles bien-aimés, notre Église-Famille de Dieu à Ouagadougou est interpellée aujourd’hui pour se dresser comme un corps uni, répondant à l’appel du Seigneur et à la voix de l’Église universelle. Le Saint-Père nous exhorte à incarner pleinement la synodalité missionnaire, c’est-à-dire à marcher résolument ensemble sur les chemins de la foi, en communion avec le Christ et en communion mutuelle. Il nous rappelle avec une force renouvelée que l’évangélisation est toujours un processus communautaire, tout comme l’espérance chrétienne qu’elle véhicule. L’espérance est un don reçu et magnifié par le partage ; elle s’épanouit dans la communion, la prière fervente et la charité fraternelle. Par conséquent, la mission ne saurait être l’œuvre d’un individu isolé, mais l’accomplissement d’une communauté animée par le souffle de l’Esprit Saint. Chacun de nous, selon sa vocation propre, est un maillon essentiel et vivant dans la grande chaîne de témoins que constitue l’Église.
Nous sommes également invités à soutenir nos missionnaires, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs : ceux qui ont édifié nos premières paroisses dans l’effort et une foi intrépide ; ceux qui, à l’heure actuelle, annoncent l’Évangile au prix d’un immense engagement, parfois au péril de leur vie. Il est de notre devoir de prier sans cesse pour eux, de les accompagner spirituellement, et de partager avec eux nos ressources et notre amitié fraternelle, afin que la flamme missionnaire continue de briller et de répandre à travers le monde.
Nous sommes enfin invités à devenir, chacun selon son état de vie, des messagers ardents de l’espérance. Dans nos foyers, que nos paroles soient des semences de paix ; dans nos quartiers, que notre présence soit source de consolation ; dans nos villages, que notre foi cimente la communion et la fraternité. Que notre Église, que nos communautés cessent d’être des sanctuaires figés et repliés sur eux-mêmes, pour devenir une Église et des communautés en marche, habitées par l’Esprit, allant à la rencontre de ceux qui aspirent à une lumière. Le message du pape nous le rappel en soulignant que « L’Église ne peut être statique ; elle doit marcher avec le Seigneur sur les routes du monde. », ouvrons donc nos cœurs à l’Esprit Saint. Qu’il ravive en nous l’audace des premiers témoins missionnaire, qu’il renouvelle notre joie d’annoncer Jésus-Christ, qu’il nous envoie, vers tous ceux qui ont faim de vérité et soif d’amour.
Que la lumière annoncée par Isaïe, accomplie en Jésus-Christ et confiée à son Église, resplendisse à nouveau dans notre archidiocèse. Qu’elle illumine nos ténèbres, guérisse nos peurs, et fasse de chacun de nous un humble et ardent missionnaire d’espérance. Puissent saint Joseph et la Vierge Marie intercéder pour nous. Bonne fête des missions et que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse.
+Prosper KONTIEBO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou