UNE EXPÉRIENCE DÉCISIVE

9ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.  (Marc 14,12-16.22-26)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

La célébration de la messe a naturellement évolué au cours des siècles. Selon les époques, les chrétiens ont mis l'accent sur certains aspects et en ont négligé d'autres. La messe a été utilisée pour célébrer le couronnement des rois et des papes, pour rendre hommage ou pour commémorer des victoires obtenues à la guerre. Les musiciens l'ont transformée en concert. Les peuples l'ont intégrée à leurs dévotions et à leurs coutumes religieuses...

Après vingt siècles, il est peut-être nécessaire de rappeler quelques traits essentiels de la Cène du Seigneur, telle qu'elle a été rappelée et vécue par les premières générations chrétiennes.

En arrière-plan de cette cène, il y a une ferme conviction : ses disciples ne resteront pas orphelins. La mort de Jésus ne pourra pas rompre leur communion avec lui. Personne ne devra ressentir le vide de son absence. Ses disciples ne resteront pas seuls, à la merci des vicissitudes de l'histoire. Au centre de toute communauté chrétienne célébrant l'Eucharistie se trouve le Christ vivant et agissant. C'est là que réside le secret de sa force.

C'est de lui que se nourrit la foi de ses disciples. Il ne suffit pas d'assister à ce repas. Les disciples sont invités à "manger". Pour nourrir notre adhésion à Jésus-Christ, nous avons besoin de nous rassembler pour écouter ses paroles et les laisser pénétrer dans notre cœur ; nous avons besoin de venir communier à lui, en nous identifiant à son genre de vie. Aucune autre expérience ne peut nous offrir une nourriture plus solide.

Nous ne devons pas oublier que "communier" à Jésus, c'est communier à quelqu'un qui a vécu et qui est mort en se " livrant " totalement aux autres. C'est ce sur quoi Jésus insiste. Son corps est un "corps livré" et son sang est un "sang versé" pour le salut de tous. Il est contradictoire de s'approcher de la "communion" avec Jésus tout en refusant de se préoccuper de tout ce qui n'est pas notre intérêt personnel.

Rien n'est plus central et décisif pour les disciples de Jésus que la célébration de cette Cène du Seigneur. C'est pourquoi nous devons en prendre grand soin. Bien célébrée, l'Eucharistie nous façonne, nous unit à Jésus, nous nourrit de sa vie, nous familiarise avec l'Évangile, nous invite à vivre dans une attitude de service fraternel et nous soutient dans l'espérance de la rencontre finale avec lui.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv