Transcription d’une conférence donnée lors d’une retraite adressée aux jeunes
Centre de Formation des Catéchistes, Donsin, 12 - 18 septembre 2011
(Les réactions de l’assemblée, souvent diffuses, sont mises entre parenthèse)
Définition
On dit que l'orgueil en fait, l'orgueil souffre d'un cancer volontaire. Un cancer, c'est une maladie, mais ça c'est volontaire, de l'égo. L'égoïsme vient de là, du moi. C'est quelque chose qui subit une maladie, mais la maladie elle n'est pas volontaire, elle est subie, mais le péché, c'est un acte volontaire. Donc l'orgueilleux souffre d'un cancer volontaire de l'égo.
C'est amour désordonné de soi-même. Multiples sont ses noms : orguerielle et ses visages, amour propre, glorioles, suffisances, vanités, ... Comme péché capital, on peut dire que l'orgueil est le maître maux, le père de plusieurs autres péchés. C'est le capitaine. Donc l'orgueil est vraiment le maître maux, c'est le grand péché qui entraîne beaucoup d'autres péchés, qui entraîne beaucoup d'autres vices.
Le péché de l'orgueil se présente sous deux faces : l'enflure du moi, qui est au centre ou au principe des actions de l'orgueilleux. Partout c'est moi, au début c'est moi, à la fin c'est moi. Autrement dit, selon celui-ci, il vit pour lui, pour lui seul, par lui seul.
Vivre pour soi, c'est l'égoïsme. Ça c'est la première face : l'orgueilleux est égoïste : tout pour lui. L'égoïste est celui qui ne pense qu'à lui, à lui seul. Quand il parle même d'un autre, c'est bien c'est toujours par rapport à lui. L'égoïste n'aime pas l'autre, ou s'il l'aime, c'est pour lui. Plus encore, il est tellement au centre de lui-même que Dieu est secondaire. Il n'agit ni pour la gloire de Dieu, ni pour l'amour de l'autre, mais pour sa propre personne. Quand il agit, ce n'est pas pour la gloire de Dieu, ce n'est pas pour l'amour de l'autre, c'est pour sa propre personne. Alors, toujours c'est je, je, je, je, je ... Ah oui, je dois finir ma thèse de doctorat, je dois faire une licence de socio, je dois faire cela, je dois faire cela, voilà ! Quelqu'un qui disait ça : je dois faire ça, je dois faire ça ... je, je, où tu nous mets, et nous autres là (rires) ? Voyez, c'est d'abord ça, l'orgueilleux, il vit pour lui même. C'est la première face de l'égoïsme. Si nous cherchons, nous allons trouver.
Ensuite, il y a une autre face. L'égoïste, il vit par soi; c'est l'indépendance. Il est indépendant. Il existe une forme plus subtile de l'orgueil, l'indépendance. En effet, on peut être généreux, se dépenser pour son prochain, sans cesser d'être orgueilleux. On vit pour l'autre, voire pour Dieu, mais on essaye de vivre par soi. Autrement dit, on se prend pour la source de l'être. Est-ce que vous comprenez, quand on dit qu'il est indépendant ? Vous allez comprendre plus tard avec les explications.
Quelqu'un qui est indépendant, bon, il ne veut pas être sous la coupe de quelqu'un. Et même quand il fait des gestes là, oui, c'est moi qui donne. C'est moi qui donne. Attends, je vais te donner de belles chaussures là, tu seras bien. Attends, je vais te donner ça. Lui, il est la source de tout. Et quand il pose un acte, ce n'est pas par amour, et bien, c'est pour se faire voir. Et il ne veut pas être sous la coupe de quelqu'un : c'est l'indépendant. Et même quand il rend service, eh bien, c'est pour lui.
L'indépendant contrôle tout et il ne veut être contrôlé par personne. Il contrôle tout, et ne veut être contrôlé par personne. Il maîtrise son existence, et même pour prendre conseil, non. Ce modèle est exalté par la société contemporaine. C'est ce que je disais. Personne ne nous contrôle, on est seul, on agit comme on veut. Et on veut tout contrôler.
C'est une forme d’orgueil qui s'insinue partout jusque dans la bonté et la sainteté. Lorsque nous péchons par orgueil, c'est le curé d'Ars qui dit, nous disons au bon Dieu que nous sommes indépendants de toute chose. Ça veut dire qu'on se suffit. Si on n'a pas besoin de toi, c'est ça. L'orgueilleux c'est l'homme qui veut se suffire à lui-même. C'est là où est le péché du démon. Le démon c'est ça, c'est l'orgueil qui l'a précipité et il nous entraîne aussi à ça par la désobéissance. Ce qui nous fait désobéir en fait c'est l'orgueil.
Et l'orgueil, on peut dire que c'est un péché capital, parce qu'il est la racine de pas mal d'autres péchés : c'est ce péché qui nous gouverne. Ce péché nous gouverne. L'orgueil s'attaque à Dieu même, à Dieu en personne. Et parfois, quand nous lisons la petite voix de sainte Thérèse, on dit les petites choses, les petites voitures, j'ai une petite maison, … ça c'est autre chose ! La petite voix ! Il faut mettre Dieu devant. Je ne suis rien. Et la voie de la sainteté, comme le dit sainte Thérèse, moi je fais l'effort de mettre mon pied et de poser mon pied sur l'escalier, et le Seigneur me pousse et je monte. C'est lui qui me fait monter. Moi je pose le pied. Si tu ne veux pas poser le pied, alors tu ne pourras pas. Comment tu peux monter ? C'est la voix de sainte Thérèse, c'est Dieu qui est à la tête de tout, qui m'aide.
On nous a dit, les deux faces de l'orgueil : l'égoïste et l'indépendant. L'égoïste fait de l'amour de soi le but de sa journée. L'amour de soi, c'est ça qui le commande. Et le but, de ses journées, c'est ça qui le commande. C'est tout à fait normal qu'on se cite, mais pour le service de l'autre.
A qui pensez-vous en premier le matin ? Quand vous vous levez, à qui pensez-vous ? hééééé (rires). A qui pensez-vous. A vous-même ? A vos amis ? A ceux qui se sont confiés à votre prière et qui traversent une épreuve ou une maladie ? A qui pensez-vous dès que vous vous levez ? (murmures) A ce qu'on va manger ? (Rire). Je n'ai pas dit à qui, je n'ai pas dit à quoi ? Là c'est grave. Quand on va voir la gourmandise, là c'est (rires). On se lève le matin, on dit « ahhhhh, voilààà, qu'est-ce que je vais faire ? » A qui pensez-vous ?
Parce que, comme dit l'égoïste, il vit sa journée là, le but de sa journée c'est lui-même. Ça, ça ne suffit pas pour être orgueilleux, il y a autre chose. Ensuite il y a l'indépendant. L'indépendant croit être libre lorsqu'il se dépasse de ce qui l'entoure. La personne autonome. On appelle ça l'autonomie, la légitime indépendance. C'est qu'elle devient plus libre en se nourrissant pour toutes les relations correctes, profondes. L'indépendant décide de se poser en s'opposant, alors que l'autonome choisit de se donner tout en demeurant lui-même ! Est-ce que vous saisissez ? (non)
Quand on dit que tu es autonome, hein, c'est différente de l'indépendant. Celui qui est autonome, c'est celui qui choisit de se donner tout en restant lui-même. Il donne, tout en demeurant lui-même. Alors que l'indépendant, il se pose en opposant, il s'oppose. Non, ça c'est moi. Non, ça, non. Donc c'est ça.
A nouveau, encore un test : lorsque que quelqu'un se propose de vous aider gratuitement, votre premier mouvement est-il de gratitude ou de suspicion, voire de refus ? Quand quelqu'un dit bon, je vais essayer de voir comment t'aider, si tu commences à dire hum ! Ça là, est-ce que ce n'est pas un piège, ou bien tu refuses, ou bien tu dis merci ? Ah oui. C'est chacun qui sait. Et là, on ne réfléchit pas hein. C'est quand ça vient brusquement, quelqu'un se propose comme cela, ah, votre première réaction, c'est ça qui détermine. On sait qui vous êtes. Vous dites, je vais essayer de voir comment t'aider. Vous ne dites pas ça devant lui. Mais c'est suspect, est-ce que, ... ou bien tout de suite, tu sais ça va, ça peut aller, merci. Ou bien tu dis vraiment merci hein, merci pour le coup de main. Voilà.
Donc de temps en temps, on pense qu'on est généreux, on est ceci et cela, alors qu'au fond, ah, c'est autre chose. Quand on refuse, ce n'est pas toujours par amour ou bien, mais c'est parce qu'on se suffit. Alors que non, voyez dans la société, comme on dit, nous sommes tous indigents, indigents parce que nous avons tous besoin de l'autre. Quand la Fontaine raconte la fable du lion et du rat. Le lion a été pris justement dans des filets. On n'a toujours besoin d'un plus petit que soi. Il fallait un rat pour ronger le filet pour qu'il puisse sortir. Ah oui ! Un lion parfois ...
Dans la société, c'est ça, on a toujours besoin de l'autre. Quelque soit sa grandeur. Moos yeela me yaa, je ne sais pas si vous connaissez ce que ça veut dire : kuk n waoogd bôogo. C'est à dire que c'est kaïcédrats, les arbres, rê n waoogd bôogo. Ça veut dire quoi ? (murmures). Ça veut dire quoi ? Tiis n waoogd bôog wè, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que sans arbre, la rivière n'est rien. Kuilg tôe n beeme la a ka tar yôod wè. Voilà. On n'a toujours besoin de ça, d'un plus petit que soi.
Quel que soit ton pouvoir, si tu veux régner en maître absolu, de toutes les façons le jour viendra, dans ta tombe qui va te déranger ? Si tu veux tu peux te lever, si tu peux te lever au cimetière, tu te lèves et tu dis « c'est moi qui vous commande tous ici », personne ne viendra te dire quoi que ce soit. Régner ! Mais, quand on a un pouvoir, c'est parce qu'il y a un peuple. Parce que c'est le peuple qui fait le pouvoir. Voilà. Sans le peuple, tu ne vas pas régner sur les gens. Tu vas régner sur les animaux. Même si c'est de petits enfants, c'est eux qui te donnent le pouvoir. Voilà. Donc, il faut toujours voir si on veut régner en maître absolu n'est pas bon. Dieu, il est l'absolu.
Mais voyez Jésus, il s'est fait petit. Voyez que l'orgueil, c'est vraiment un péché capital qui nous détourne et nous voyons que d'ailleurs, ce péché là, il est à l'origine de la chute de l'homme. Le péché du démon, c'est quoi ? Le péché des anges comme on le dit, c'est orgueil. Alors, il y a eu la chute.
Comment se dissimule l’orgueil
Comment se dissimule l'orgueil ? L'orgueil peut prendre des masques. D'abord l'amour propre se glisse sur certaines subtilités, comme le perfectionnisme : c'est aimer sous les atouts d'une apparente humilité. Voyez, le perfectionnisme, l'amour de soi, quelqu'un qui veut la perfection : « quand c'est moi il faut qu'on dise que c'est comme ça » et sur le plan professionnel, ah oui, il est vraiment ... Ce sont des gens qui sont rigoureux et qui ne sont pas tolérants, ils ne sont pas tolérants vis-à-vis des autres, parce qu'ils recherchent la perfection, qu'on parle toujours d'eux. C'est de l'amour propre, ce n'est pas mauvais, mais, de façon exagérée... ah oui. Si ce n'est pas moi qui pouvait faire ça ? On m'a remplacé là, voyez ? Ce sont les gens qui n'aiment pas les reproches. Pour faire comme ça, ils font tout pour vraiment être au top. L'amour propre donc, le perfectionniste au travail. Il faut avoir la conscience professionnelle, oui, il faut faire très bien le travail, mais attention. Ou bien même, une fausse humilité. On verra ça plus tard.
On érige son orgueil en vertu pour compenser son inertie, en se méprisant soi-même, mais c’est une fausse humilité qui recouvre bien souvent un colossal narcissisme. Quelqu'un qui ça, c'est ça dire quand on dit une fausse humilité, bon, oh, bon, on se dégoutte, ce n'est rien, je ne suis rien, alors qu'au fond de toi, ce n'est pas une vraie humilité.
L'humilité c'est d'être vrai. C'est dans la vérité. Je donne un exemple. C'est un moine bouddhiste qui demande à son maître. Qu'est-ce que ça veut dire la vanité ? Alors, il dit « mais quelle question idiote » et l'autre se fâche. Et il reprend, c'est ça la vanité.
Alors il se dissimule comme cela par la fausse humilité et aussi par l'amour propre. On a dit que les péchés capitaux se dissimulent et ensuite ils se justifient. L'orgueilleux se justifie. Par exemple, quelqu'un qui boude, tout le temps il boude, boude, comme l'exemple d'une femme qui a boudé avec son mari, et le lendemain, alors, le mari pour se racheter, lui jette un sourire. Alors, elle veut répondre par un sourire et se dit, j'ai oublié que j'étais en train de bouder. Voyez, ça c'est des choses.
Il faut se dire que les péchés capitaux parfois se greffent sur des blessures. L'orgueil est souvent entrelacé à des blessures psychologiques, des blessures d'abandon qui ont pu être provoquées par des séparations dans la petite enfance. Elles engendrent de forts besoins de reconnaissance et d'attention exclusive. Je ne veux dépendre de personne.
Quelqu'un par exemple qui a évolué seul, soit un orphelin, ou bien qui n'a pas connu ses parents, sa maman ou bien son papa, alors la personne va se battre pour être quelqu'un, pour dire non, personne ne s'occupe de moi, mais je m’occupe de moi-même. Effectivement, la personne sera quelqu'un, mais quelqu’un qui n'a pas besoin des autres.
C'est comme une femme, elle a vraiment réussit, des enfants, elle s'est mariée tardivement c'est vrai, mais elle n'a jamais rien demandé à son mari. Jamais rien. Alors, c'est tout le temps elle qui donne, elle qui donne, elle qui donne, elle qui donne. Et un jour son mari dit, on dirait que tu n'as pas besoin de moi. Oui, c'est ça. Parce que le vivre ensemble c'est un partage. Et parfois, même si tu as tout, c'est parfois un plaisir de demander, surtout la femme, c'est tout à fait normal qu'elle demande même si elle peut l'avoir. Ah, est-ce que tu peux m'acheter ça, il ne serait-ce qu'en passant, même si elle peut l'acheter. Là c'est elle qui donne tout le temps, tout le temps, alors lui il se voit inutile. Alors qu'est-ce que je fais ? Voilà. Alors, il ne faut pas exagérer non plus. Tout le temps, donne-moi ça, et quand ça ne donne pas c'est la bagarre. Juste un plaisir. Mais elle ne se rendait pas compte. Quand son mari lui a lancé ça, elle dit tient, elle a commencé quand même à réfléchir, et elle s'est rendue compte qu'elle s'est battue pour être quelqu'un et elle est quelqu'un. On m'a abandonné, je suis quelqu'un. Ça pouvait être l'effet contraire. On m'a abandonné, elle se laisse, puisque personne ne veut de moi, on vit dans la paresse.
L'orgueil ça se dissimule aussi comme ça. Quand c'est entrelacé de blessure.
Mais comment reconnaître qu'on est orgueilleux ? Un jour là, il y a un curé qui a entendu parler d'une sœur là qui était vraiment sainte, sainte. Alors, ou bien c'est l'évêque. Il dit on va quand même visiter la communauté. Arrivé, il dit : j'ai entendu parler d'une sœur qui est sainte chez vous. L’autre reprend : Non pas sainte, humble et douce ! Mais c'est qui ça ? C'est moi ! (rires) Ah d'accord, c'est bien. Ne regardez pas les sœurs qui sont ici avec nous hein (rires).
On a aussi déjà mentionné : quelques signes pour reconnaître : ceux qui veulent toujours avoir raison, lui il a toujours raison. Ne jamais reconnaître qu'on a tort. Et dans le même ordre, on ne supporte pas la critique, c'est-à-dire les reproches. On ne supporte pas ça du tout. On ne supporte pas non plus les remarques positives, ou bien on n’accepte que les observations faites par bienveillance. Au fond, c'est toujours vouloir entendre ce que l'on veut entendre. Voilà, les observations, « ôh s'il vous plaît, si vous ne pensez pas que si vous mettez un pas devant, et le pied droit devant ça peut ... » alors d'accord. Alors, il faut toujours faire des observations comme ça. « Monsieur, vous ne voyez pas que marcher comme cela ce n'est pas bien ? » voilà. Voyez bon, si tu fais ça, le pied gauche devant (ironiquement) et voilà ! Ah d'accord. Donc, on veut toujours avoir raison, entendre ce qu'on veut entendre. Ah, c'est ça.
Quelqu'un qui éclate en colère comme ça, par indélicatesse, lors d'une fête. Et puis bon, de manière générale, il dit bon, je demande pardon hein. Mais ce n'est pas comme ça. Il faut un regret sincère. Ou parfois, les gens sont là, vous vous êtes fâchés, ça fait un malaise, mais, le malaise causé, vous ne voyez pas le malaise causé, vous voyez que vous avez perdu votre face. Est-ce que vous voyez, alors que vous avez causé un malaise. Ce n'est pas ça que vous voyez, c'est votre face perdue que vous voyez.
Ensuite, autre chose, il y a ce qu'on a appelé le name robbing. C'est en l'anglais, quelqu'un qui aime utiliser le nom, c'est-à-dire, les gens qui sont toujours avec les grands. Il y a des gens qui disent, « hier j'étais avec l'ambassadeur de France » et quand on causait, ah, oui, le premier ministre est arrivé, et puis voilà, j'étais là, voyez, voyez, voyez. Quand je suis allé de l'autre côté, j'avais rencontré Mitterrand hein. Ah bon ? Voilà. Ce sont des gens qui aiment côtoyer les grands. Même si tu as été en France, tu as été dormir dans un taudis, tu vas dire « ah, c'est de belles régions hein ». Il ya des gens comme cela, quand ils vont voyager, ils vont aller prendre des photos dans les coins chics là. Et puis, voyez, j'étais là, c'était comme ça, j'étais là, j'étais là. Alors que … Voilà. C'est quelqu'un qui aime toujours se mettre en avant.
Qu'est-ce que je peux prendre comme exemple. Une jeune fille qui marche là, pour se faire voir, ah n'est-ce pas ? Voilà. Il faut se faire voir. C'est toujours comme cela.
Et puis quand on dit, l'orgueilleux, l'égoïste et l'indépendant, quand il agit par amour, quand il parle de ses faits, c'est toujours par rapport à soi, toujours pour se faire voir. Je prends un exemple : quelqu'un qui a brillé, tu vois hein, tu sais, il est formidable hein (rires) il est fantastique, quand il fait ses démonstrations, il est bien hein. Mais toujours, on remarque que ses habits sont bien. Mais qui est son tailleur ? (rires) Voyez que ça, tu parles bien de l'autre, mais en fait c'est pour toi-même (rires). Ou bien les gens ils ont bien réussi à l'école, ... c’est moi qui les ai entraînés (rires). C'est l'orgueil. Quand on va fouiller là, personne n'échappe (rires). Quand on va gratter là, c'est comme ça avec tous les péchés. Quand on va gratter là, tu vas dire huum, personne n'échappe à ça. Voilà.
Comment lutter contre l’orgueil
Maintenant, qu'on sait ce que c'est, qu'on a vu comment ça se cache, comment c'est composé, alors comment y remédier ? Comment lutter contre ça ?
Bon, on va dire que c'est simple, c'est en pratiquant l'humilité. Les remèdes sont de trois types : le combat contre l'égoïsme, le combat contre l'esprit d'indépendance, et la juste estime de soi, c'est-à-dire, être dans la vérité. Quand quelqu'un se sous-estime, quand on dit « tu es bienfaisant », il dit « non, ce n'est rien » ... On reconnaît ce qu'on est et on rend gloire à Dieu, c'est tout.
En pratiquant l'humilité ; on chasse l'orgueil par son contraire, l'humilité. Or, une vertu s'acquiert par de petits actes mais les petits actes d'humilité ne sont pas les plus faciles à poser. Ah, oui.
Concrètement, on peut décider d'accepter une humiliation par jour. Accepter que quelqu'un te dise « nin kuuda, kêng n yi be » (rires). Si quelqu'un te dit ça, il faut se fâcher hein ! Que quelqu'un dise « regarde comment il marche » (rires). Accepter cela une fois par jour. Eh bien, la plus assurée est celle qu'on ne choisit pas, que la vie vous propose. Cette acceptation sera non seulement extérieure, c'est-à-dire ne pas réagir, ne pas se défendre, ne pas se justifier.
Dans ce cas, c’est intérieur aussi, c'est-à-dire consentir à constatant la part de vérité contenue dans toutes les paroles humiliantes, mêmes injustes. Est-ce que vous comprenez ça ? C'est-à-dire, je prends un exemple. Qu'est-ce que je venais de dire ? Regarde comment il marche, tu fais le malin, tu penses que c'est toi seul qui est comme cela ? D'abord ne pas réagir, est-ce que vous voyez, c'est ça, ne pas réagir, ça c'est un acte extérieur. Maintenant intérieur, tu consens, et même tu essayes de voir qu'est-ce qui est vrai dans ce qui a été dit. Est-ce que vous voyez ? Peut-être que tu as exagéré dans ta démarche aussi. Essayez de voir qu'est-ce qui est vrai dans ce qui a été dit. Si tu vois ce qui est vrai dans ce qui a été dit, tu l'acceptes, même si ça été dit maladroitement, injustement. Yaa toog dè, rires. C'est comme cela, ça va passer. C'est-à-dire, l'humilité, c'est être vrai dans ce qu'on a, dans ce qu'on est. C'est tout.
Donc c'est ça, premièrement pratiquer l'humilité. Et pratiquer l'humilité consiste à accepter une humiliation. Si on vous humilie, ce n'est pas grave. Voilà vous prenez quelque chose, et voilà, c'est tombé. Et puis on se met à vous insulter. Regarde comment tu es vaurien, tu es toujours comme cela, ah, il faut garder le calme. Il y a plusieurs choses qui entrent en jeu, dont la maîtrise de soi. Garder le calme, et accepter, voir pourquoi, pourquoi, pourquoi.
Quelles que soient vos efforts, l'humilité est une vertu plus humaine. Elle trouve sa source dans le Christ. Toute la vie de Jésus témoigne de son humilité et de l'humilité de Dieu. Il donne l'exemple en s'abaissant et en se faisant serviteur. Le Seigneur Jésus Christ dit le Pape Saint Clément, n'est pas venu avec un train d'orgueil et de somptueuse apparence, encore qu'il l'aurait pu, mais dans l'humilité. Dieu qui se fait tout petit. Dieu qui vient vivre avec nous, Dieu qui meurt comme un briguant.
Pratiquer l'humilité, ensuite, il faut sortir de l'égoïsme, alors, apprenons à donner dans le secret, sans que personne ne sache, comme dit Mathieu : quand vous donnez de la main droite, que la main gauche ne sache rien de ce que vous avez fait, donner dans la discrétion (Mathieu 6, 3). Là encore, la résolution quotidienne est précieuse. Ce que nous pouvons faire par rapport à ce point, c’est d’apprendre à donner.
Ensuite si nous avons tendance à être plus généreux lorsque nous promenons avec nos amis, prenons la résolution de donner autant et aussi souvent aux démunis lorsque nous sommes seuls. Est-ce que vous comprenez ça ? Quand on sort là, on s'assoit, on va au bar. Barman, une tournée (rires). C'est généreux. Les amis, on sort, on va boire un coup, vous donnez c'est vrai, apprendre à donner quand vous êtes seuls. On voit quelqu'un qui est là, assis seul, qui n'a rien, personne ne sait, c'est lui, c'est toi, ... On n'a pas besoin de publicité.
Ceux qui appellent les pauvres là, les garibous là, et puis on distribue des pièces, venez prendre, venez prendre. Ça ce n'est pas bon. Doaaga bûmba ka sôma ye.
Et surtout ne nous contentons jamais de donner seulement de notre avoir, mais aussi de notre personne, par un sourire, un regard, une présence. Donnons de notre temps, donnons de notre temps, de notre compétence, de notre cœur, engageons-nous, acceptons-nous, acceptons de nous lier, de nous lier avec les autres. Sans l'autre, je ne suis rien. Vous dites, sans l'autre, je ne suis rien. Accepter de tout donner.
Donnons de notre temps, de notre compétence, ce que nous avons, ce que nous pouvons faire. Oh, moi je n'ai jamais temps hein, je n'ai jamais le temps hein, ça c'est notre péché à nous. Ayeyaye ! Quand on lit là, on se voit dedans.
Donnons aussi de notre cœur. Quand on dit, donner de son cœur, c'est vraiment accepter de faire les choses de bon cœur, ce n'est pas dire « tu sais hein, pas ça là dè », voilà.
Et ensuite, il faut cultiver la discrétion. Il faut être discret dans tout ce que vous faites. Ne nous faisons pas remarquer, c'est le curé d'Ars qui le disait. Combien deviennent insupportables dans les dîners lorsqu'il y a de jolies femmes ? (Rires) Ah oui, quand vous êtes invités et puis ouiii, mais tiens, c'est vous qui allez vous lever pour faire le service là, voilà, voilà, alors c'est toi. Ça c'est les garçons. Mais ceux qui sont ici là ne font pas ça (rires). C'est la galanterie. C'est surtout la galanterie. Voilà. Il faut cultiver la discrétion.
Ensuite, accepter ses émotions. Ah, c'est parfois difficile. C'est-à-dire, quand on dit accepter ses émotions, tels que nous sommes, il faut l'accepter. C'est un mouvement de cœur, quelqu'un qui dit par exemple, oh, tu plains quelqu'un, c'est peut-être sa maman ou quoi, oh, je supporte hein, ça va. Tu fais le cœur dur c'est vrai, mais il faut accepter que tu es humain. Il y a des gens qui supportent les émotions. Ils font un effort pour ne pas pleurer, alors ils supportent, alors que c'est humain. Nous sommes comme cela, nous sommes comme cela. J'ai perdu quelqu'un, j'ai perdu quelqu'un. Ça fait mal.
J'ai été déçu, j'ai été déçu. Eh la déception aussi. J'ai été trahi, j'ai été trahi, je n'arrive plus à manger (rires). Ah, (ça c'est avant). Ça c'est avant ? (...) ça c'est avant hein, donc maintenant là, non (...) Ah d'accord. Nous quand on subissait un échec là, on rentrait dedans, on ne sortait même plus, on se disait, ah non. Quand on subissait un échec, on faisait ça hein. Quand tu t'approches d'une fille et puis elle te nargue ha ! (rires) Comment tu vas faire ? Tu entres, tu ne manges pas, tu dis mais tiens. Ça là, ha ! (Rires) Après, on dit qu'elle fait le malin. (...) on cogite un peu, on cogite un peu, ensuite on prend sa plume, on lui dit d'accord. Et puis tu écris, espérant qu'elle répondra (rires). Souvent à force, elle répond hein. Ah oui. Là, tu vois, tu m'as transpercé le cœur … (rires). Ah, ... je suis plus que mort … (rires) je ne suis plus moi … (rires) je ne suis plus moi … (rires). C'est comme ça. Et puis tu vois, tu vois, ... quand elle ne répond pas, ça te durcit aussi le cœur. Voilà.
Mais maintenant là vous ne connaissez plus écrire (rires). C'est direct (rires). Oh, il n'y a plus de beauté. Le jour où on vous écrit vous êtes au paradis là. Et là, vous conservez les lettres, vous voyez comment elle a écrit hein. Et puis on analysait les écritures, les mots, les écritures, comment c'est écrit (rires), les lettres comment c'est penché, comment c'est debout, comment c'est droit, (rires). Surtout pas de fautes ! Ah non, parce que pour écrire, mais tu prends ton dictionnaire à côté (rires), ah oui. Si tu écris avec des fautes, non non. Et puis beaucoup de citations, de ceci et cela, mais pas avec des fautes. Même pas de fautes grammaticales à plus forte raison des fautes d'orthographe. Là, c'est la descente aux enfers ça. Si tu écris comme cela, il peut y arriver, pour se moquer de toi, elle prend seulement un bic, et elle souligne et elle te renvoie ta lettre (rires). Ah oui. Elle te renvoie ta lettre. Et si c'est elle qui fait ça, si elle te répond quand même favorablement et puis il y a des fautes, tu peux tolérer, mais si elle est amère, toi aussi tu soulignes simplement et puis tu réponds par des phrases pour qu'elle cogite avant de comprendre.
Moi il y a une chose, quand on m'envoie des messages avec votre langage bizarre, moi j'efface immédiatement. Que avec Ke, je suis, s8, moi j'efface. Parce que je n'arrive pas à lire. Moi, mw, ça veut dire quoi ? C'est la paresse, non, non, (plaintes). Ah, non, non, moi je n'aime pas ça. Ecrivez correctement. Ce que je peux supporter c'est les abréviations. Vous, vs. Nous, ns. ça ça peut aller. Quand, qd. ça ça peut passer. Mais les autres là, non. Quand vous écrivez, je ne suis pas de votre génération. Ecrivez-moi correctement. Là je peux lire. On peut abréger, ça c'est possible. Parfois, j'essaye de déchiffrer, d'imaginer, je dis ça veut dire quoi, quel, kel, je ne sais pas c'est quoi, non, vraiment, et lequel, lkel ou bien même, ... on peut imaginer quoi. On n'est pas dans votre sillage, donc on comprend difficilement. Peut-être qu'il faut que je me mette à l'école (rires). Donc quand vous écrivez, chacun essaye de déchiffrer, vous vous comprenez, ah d'accord. C'est bien. C'est pourquoi vous ne pouvez plus écrire, vous faites beaucoup de fautes, vous écrivez une page là, on va souligner au moins 20 fautes.
Allez, on va continuer, on va sortir de notre égoïsme. Il faut cultiver la discrétion, accepter nos émotions. Voyez, et voir toute chose comme issue de la main de Dieu. Quand nous voyons ça, eh bien, nous ne pouvons que dire merci au Seigneur. C'est le pape Pie X, dont on dit qu'il a même refusé de l'ovationne dans la basique saint Pierre. On lui demande pourquoi. Il répond : on n'applaudit pas un serviteur dans la maison de son maître.
Il faut être dans la vérité. Comme Marie, elle a pris conscience de ce que le Seigneur a fait pour elle, de grandes choses, oui, le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom; il s'est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse … (Lc 1, 48). On reconnaît que le Seigneur a fait de grandes choses pour nous, c'est-à-dire nous sommes ce que nous sommes, sur la terre des bienheureux, mais c'est le Seigneur qui m'a élevé. Donc toute la gloire lui revient.
Il faut ensuite reconnaître ses dettes. Il faut reconnaître ses dettes. Sortir de la suffisance, c'est savoir reconnaître ce que l'on doit à l'autre, devenir son obligé. Est-ce que vous comprenez ça ? Ce que l'on doit à l'autre : si je suis bien aujourd'hui, c'est grâce à untel. En tout cas, il m'a soutenu, voilà, voilà. Il faut reconnaître ça. Parce que nous ne sommes pas sortis du néant. Qu'est-ce que nous avons reçu de nous-mêmes ? Nous avons tout reçu de Dieu. Nous sommes tous indigents. Nous avons besoin des uns des autres. Nous sommes tous riches, parce que nous pouvons donner. Il y a des choses que nous pouvons donner, ce n'est pas seulement ce que nous avons, l'avoir, donnons de notre temps, donnons de notre personne, de notre cœur aux autres. Et c'est comme cela que nous allons pouvoir lutter contre l'orgueil.
Ensuite, il ne faut pas se dénigrer. L'humilité est un juste milieu entre l'orgueil et la modestie. L'orgueil est le souci démesuré de sa propre personne, par la modestie, on se méprise. A vouloir trop descendre, hé bien, on dépasse la mesure. Or, même dans l’humilité, la démesure engendre l'orgueil. Et cet orgueil est souvent plus subtil et plus dangereux que celui qui monte. Le plus souvent une gloriole, c'est-à-dire la fausse humilité, quand on dit « oh, je ne suis rien ... » alors que tu sais qui tu es, tu te caches sous une fausse humilité, tu descends beaucoup plus bas, tu te négliges même, c'est de l'orgueil caché. Se mépriser, c'est de l'orgueil caché. Il faut reconnaître qui tu es, mais si tu te méprises, c'est de l'orgueil caché. En fait, tu dis Dieu t'a donné ça, en te méprisant c'est comme si tu rejetais ce qu'il t'a donné. aH, attention. Il faut savoir rester au milieu. Il ne faut pas se dénigrer.
Et ensuite, en conclusion, méditer la croix.
Mais avant de méditer la croix, c'est comme on dit, un test rapide seulement : admettons que nous sommes en vacances, et vous êtes 3, vous partez peut-être à Ziniaré. Il y a un qui dit, mais tiens, je voudrais bien qu'on visite le parc animalier, il est beau hein. Un autre qui dit, bon, moi je me soumets à tout ce que vous voulez. Un troisième qui dit, on pourrait bien visiter le parc, c'est bien mais, on pouvait faire autre chose aussi, mais on peut bien le visiter. Alors, analysez-moi ces 3. Le premier en fait, c'est l'orgueil. Il voudrait bien que tout le monde se rallie à lui, c'est un beau parc, vous savez ! C’est parce qu'il veut le visiter, il veut amener tout le monde à se rallier à lui. L'autre, il se sous-estime : tout ce que vous direz seulement, pour ne pas donner son point de vue et être rejeté. Est-ce que vous voyez ? C'est l'orgueil. (Plaintes). Ah oui. La troisième personne qui a exprimé réellement son désir. On aurait pu faire telle chose, mais on peut aussi aller visiter. Là, voyez, il s'est exprimé, c'est lui-même comme cela. Il a été vrai. Mais les deux autres là, c'est l'orgueil et l'orgueil caché. Rires. (...)
Voyez, je vous dis ces choses pour que vous prenez conscience. Parce que si vous allez déconnez comme cela, pour maintenir le cap pour que l'avion puisse voler, si vous ne faites pas un effort, vous allez piquer du nez. C'est difficile. Vous voyez ce que c'est, maintenant à vous de voir comment il faut réagir.
Ensuite, ce que nous pouvons faire, c'est méditer la croix. Mon Dieu, entre tes mains je remets mon esprit. Et c'est la dernière parole de Jésus sur la croix. Alors cela renvoie à la première parole de Jésus quand il s'était égaré, dans le Temple, ils sont partis avec Joseph et Marie et il est resté trois jours, et quand on l'a retrouvé, qu'est-ce qu'il a dit ? Vous ne savez pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Dieu, il nous enseigne quoi ? Dieu est à l'origine et à la fin de toute chose. Au début et à la fin. Entre tes mains, je remets mon esprit. Ça c'est la fin. Et, ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ?
Eh bien, nous allons méditer cela et nous allons mettre Dieu au-dessus de tout, au début et à la fin de notre vie, et en méditant par exemple le chemin de croix : quand Jésus a été couronné d'épines, c'est quoi, ah oui. C'est l'orgueil, c'est le symbole de l'orgueil mortifié. C'est le Roi des rois, voilà. Si vous acceptez qu'on vous traite comme cela, c'est la gloire. Il accepte cela. Puisqu'il y a la couronne d'épines, et on le frappait, « oh salut roi » !
En méditant la Croix du Christ, il nous aidera à garder le juste milieu. Le Seigneur, lui il était dans la vérité. Il disait les choses. Tu l'invites à manger, il va manger. Et il dit : demain, si tu veux bien faire, il faut plutôt inviter les estropiés, ... ceux qui ne peuvent pas t'inviter en retour alors. Il n'a pas mangé et puis il est parti. Il a dit ce qu'il pensait. Il faut que nous soyons vrais. Même si vous donne à manger là et puis vous voyez qu'il commet des bêtises, il faut le reprendre, non non non. (murmures). Moosa ka nong rê wè. Mooag yetame yaa, noor ka rit n le togs beed ye ! M ri a lame, la m na n goama la ye. Yîndaar yaa, ra kô-m ye. Tu me donnes, j'ai mangé, ce que tu as fait, même si ce n'est pas bien, je te le dis. Ah, oui.
Alors, grâce à l'humilité, l'orgueilleux qui ne l'est pas, apprends qu'il existe non pour soi, non par soi, mais par les autres, grâce à l'amour, il apprend qu'il existe non pour soi, mais pour les autres. Est-ce que vous comprenez ça ? Si en résumé, nous pouvons mettre cela, c'est bon. On existe aussi par les autres, et pour les autres. J'espère que vous avez bien saisi. (oui).
Abbé Blaise BICABA
Archidiocèse de Ouagadougou