Lieu de la célébration : Tengândgo (Paroisse Notre-Dame des Apôtres de la Patte d'Oie)

Textes : Ac 5,12-16 ; Ps 117 ; Ap 1,9-11a. 12-13.17-19 ; Jn 20, 19-31

Chers frères et sœurs,

A vous tous, la grâce et la paix de Dieu le Père et de notre Bien-Aimé Seigneur Jésus-Christ !

La fête de Pâques constitue le sommet de l’Année liturgique et inaugure le temps pascal. Selon la tradition de l’Église, les cinquante jours, depuis l’évènement du tombeau trouvé vide jusqu’au don de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, c’est le déploiement du Mystère de la résurrection dans la foi et la joie.

Aujourd’hui, deuxième dimanche de Pâques, a été dédié par le Pape Saint Jean-Paul II à la Divine Miséricorde. Et l’Église Famille de Dieu de Ouagadougou est heureuse de pouvoir consacrer et dédier un Sanctuaire à la Divine Miséricorde, symbole et signe visible de l’Année Sainte du Jubilé Extraordinaire de la Divine Miséricorde (8 décembre 2015 – 20 novembre 2016). Avec le Pape François, nous voulons donner une place centrale à Miséricorde Divine et aider notre Église à rendre plus évidente sa mission de témoin de la miséricorde en tant que signe vivant de l’amour du Père et lieu de manifestation de sa sollicitude. Au nom de notre Église Famille diocésaine, j’adresse notre sincère gratitude aux Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM), à Monsieur le curé, aux fidèles de la Paroisse Notre Dame des Apôtres de la Patte-d’oie et à toutes les bonnes volontés qui ont généreusement donné de leurs personnes et de leurs biens pour l’édification de cette église pour la gloire de Dieu et le bien spirituel de notre Église Famille de Dieu. Merci d’avoir eu l’heureuse initiative de la construction de ce sanctuaire que nous allons dédier à la Divine Miséricorde. Puisse-t-il être un haut lieu visible de la manifestation de la miséricorde de Dieu en faveur de tous les hommes, en particulier des fidèles chrétiens, dont les différents groupes de spiritualité de la divine miséricorde.

Appel à la conversion : du doute à la foi.

Le Ressuscité est bien Jésus de Nazareth comme en témoignent ceux qui l’ont accompagné et qui ont partagé sa vie terrestre…

Dans l’Évangile, Thomas refuse la médiation de ses frères, c’est-à-dire, de l’Église et exige de vérifier par lui-même que le Crucifié est vivant. Avec une grande délicatesse, Jésus vient le rejoindre et se manifeste à lui pour le conduire à la foi. La confession de foi de Thomas identifie Jésus au Dieu de la Bible, « Adonaï », terme hébreu par lequel on s’adresse respectueusement au Dieu qui s’est révélé à Abraham et à Moïse. Le cri de foi de Thomas - « mon Seigneur et mon Dieu » - est l’image du disciple qui parvient, malgré les difficultés, à se fier totalement à Jésus, son Seigneur et son Dieu. La béatitude que Jésus prononce à cette occasion : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », s’adresse à toutes les générations chrétiennes qui suivront, donc à nous chrétiens d’aujourd’hui. L’évangéliste saint Jean prend lui-même la peine d’expliquer qu’il écrit pour susciter chez ses lecteurs la foi et l’adhésion au Christ Ressuscité « pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jn 20, 31).

Apôtres de la Résurrection

L’évangéliste Jean atteste que les disciples ont « verrouillé les portes » du lieu où ils se trouvaient. Ils se sont enfermés par peur de leurs compatriotes. Mais cette peur va vite s’effacer pour faire place à la « paix » et à la « joie ». Jésus ressuscité se fait reconnaître d’eux et les transforme par le don de l’Esprit Saint… Ils n’ont plus peur. Ils sont convaincus de sa présence et n’ont plus besoin de le voir. Il est bien vivant, il est avec eux… Il les envoie pour la mission auprès de tous les hommes… Les portes peuvent s’ouvrir, leur travail d’apôtres auprès de tous ne fait que commencer… « Allez de toutes les nations faites des disciples » (Mt. 28, 19 ; Mc. 15,16).

Depuis le jour de l’Ascension, l’Église est envoyée en « mission ». Elle existe pour évangéliser (Evangelii Nuntiandi, 14) et par voie de conséquence, tous les baptisés sont appelés à réaliser la mission d’évangélisation de l’Église, chacun selon sa vocation spécifique : laïcs, consacrés, clercs…

A chacun la manifestation de l’esprit est donnée en vue du bien commun. Tous sont envoyés pour être missionnaires par le don de leur personne, le don de leurs biens, l’engagement concret au service des activités évangélisatrices…Dieu a aimé les hommes au point d’accepter la mort ignominieuse de son Fils. Les baptisés doivent aussi aller jusqu’au bout du témoignage de la charité envers leurs frères et sœurs tout comme les premiers apôtres.

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, laissons raisonner en nous les paroles du Pape François : « J’ai voulu ce jubilé extraordinaire de miséricorde comme un temps favorable pour l’Église, afin que le témoignage rendu par les croyants soient plus fort et plus efficace » (M. V, n°3). « Miséricordieux comme le Père » (Lc 6, 36), tel est le thème du jubilé. La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église. Sa crédibilité passe par le chemin de l’Amour miséricordieux et de la compassion dont a fait preuve le Christ à travers sa vie. Les baptisés sont invités à vivre la miséricorde à l’exemple du Père qui demande de ne pas juger ni condamner, mais plutôt de pardonner et donner l’amour et le pardon sans mesure (cf. Lc 6, 37-38 ; M. V., 10).

La Porte Sainte du sanctuaire

L’ouverture et le passage de la porte sainte constituent des rites et moments clés de la célébration d’une Année Sainte. La porte représente le Christ : « Moi, je suis la porte, si quelqu’un passe par moi, il sera sauvé », nous dit –il dans l’Évangile de St Jean (Jn 10, 9).

C’est Jésus, la Porte, le chemin unique et absolu pour accéder au salut, à la vie de communion avec Dieu. Conformément au désir du Saint Père François, à l’instar de tous les diocèses du monde entier, nous avons procédé le 13 décembre 2015 à l’ouverture de la Porte de la miséricorde dans notre Cathédrale et dans la Basilique Notre Dame de Yagma. Aujourd’hui, nous ouvrons la troisième Porte au Sanctuaire de la Divine Miséricorde. Tout au long de l’Année, les chrétiens sont invités à entreprendre des démarches individuelles ou communautaires de pèlerinage à la Cathédrale, au Sanctuaire Notre Dame de Yagma ou au Sanctuaire de la Divine Miséricorde de Tengândgo. Le fascicule intitulé « Célébrer et vivre le jubilé extraordinaire de la Miséricorde » pourrait, à cet effet, être avantageusement exploité.

Une apôtre de la Divine Miséricorde

Chers frère et sœur, pour contempler et faire l’expérience de la miséricorde de Dieu, nous devons nous mettre à l’école de Sœur Marie Faustine KOWALSKA (1905- 1938), l’apôtre de la Divine Miséricorde. Elle fut une religieuse, une mystique polonaise des sœurs de Marie de la Miséricorde. Elle mena une vie humble de jardinière, de portière et de cuisinière. Sainte Faustine a été l’instrument de Dieu pour révéler à l’Église et au monde entier l’insondable mystère de sa Miséricorde manifestée en son Fils Jésus-Christ. A la suite des apparitions qu’elle a eues, Sœur Faustine fit peindre une icône du Christ miséricordieux devenue célèbre de nos jours. Elle nous invite à contempler et à vivre la miséricorde : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).

Autrefois, le deuxième dimanche de Pâques était appelé le dimanche de « quasimodo », mais en l’an 2000, le Pape Saint Jean-Paul II en instituant la fête de la Divine Miséricorde lui donna le nom de « dimanche de la divine miséricorde », selon le vœu de Sainte Marie Faustine KOWALSKA qui avait reçu du Christ, la mission de faire connaître au monde les profondeurs de la miséricorde de Dieu.

Bien aimés de Dieu, à l’instar d’autres spiritualités et dévotions dans l’Église, la dévotion à la Divine miséricorde est source de grâces et de sanctification pour le Peuple de Dieu. N’ayons donc de cesse d’implorer la Divine Miséricorde pour nous-mêmes, les âmes tièdes et pour les pécheurs ; implorons-la aussi devant toutes les formes de mal qui menacent la vie de l’humanité, qui menacent l’unité et la paix dans nos familles, dans notre cher pays le Burkina Faso et dans le monde, parce que, selon le message central de la Divine Miséricorde, la Miséricorde est « force de Dieu », « limite divine contre le mal du monde » (Pape Benoît XVI, Audience générale du 31 mai 2006).

Le Sanctuaire de la Divine Miséricorde de Tengândgo constitue un don merveilleux du Seigneur à notre Église Famille de Dieu, une expression visible et une pérennisation du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde voulu par le Pape François. Accueillons-le avec foi et reconnaissance. Et puisse ce sanctuaire être un haut lieu spirituel pour notre Église Famille de Dieu, appelée à rendre un témoignage plus fort et plus efficace de miséricorde, de réconciliation avec Dieu et avec nos frères les hommes, un témoignage de conversion et de pénitence, de sanctification et d’engagement missionnaire.

« Jésus miséricordieux, j’ai confiance en toi. Prends pitié de nous et du monde entier. Dans sa grande bonté, regarde ton Église qui contemple aujourd’hui ton cœur tendre et miséricordieux. Comble-la de tes grâces pour qu’elle soit toujours en ce monde, sacrement de salut. Abreuve-nous à la source de ta miséricorde infinie pour qu’en en faisant l’expérience, nous soyons transfigurés et devenions, comme Sainte Faustine, témoins et apôtres de ta Miséricorde pour contribuer à édifier ainsi un monde d’amour, de justice et de paix. Et toi Vierge Marie, notre Dame de la Miséricorde, prie avec et pour nous. »

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou