UNE ÉGLISE UNIE AU NOM DE JESUS

23ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Matthieu 18,15-20)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Lorsque l'on vit loin de la religion ou que l'on a été déçu par les actions des chrétiens, il est facile que l'Église nous apparaisse comme une simple grande organisation. Une sorte de "multinationale" occupée à défendre et à promouvoir ses propres intérêts. Ces personnes ne connaissent généralement l'Église que de l'extérieur. Elles parlent du Vatican, elles critiquent les interventions de la hiérarchie, elles sont irritées par certaines actions du Pape. Pour elles, l'Église est une institution anachronique dont elles sont éloignées.

Ce n'est pas l'expérience de ceux qui se sentent membres d'une communauté de croyants. Pour eux, le visage concret de l'Église est presque toujours leur propre paroisse. Ce groupe de personnes qui se réunissent chaque dimanche pour célébrer l'Eucharistie. Ce lieu de rencontre où ils célèbrent leur foi et prient Dieu ensemble. Cette communauté où les enfants sont baptisés ou où l'on fait ses adieux à ses proches jusqu'à la rencontre finale dans l'au-delà.

Pour ceux qui vivent dans l'Église et recherchent la communauté de Jésus en son sein, l'Église est presque toujours une source de joie et une source de souffrance. D'une part, l'Église est une source d'encouragement et de joie ; nous pouvons y vivre la mémoire de Jésus, écouter son message, retrouver son esprit, nourrir notre foi dans le Dieu vivant. D'autre part, l'Église nous fait souffrir, parce que nous y observons des incohérences et de la routine ; souvent, il y a un trop grand écart entre ce qui est prêché et ce qui est vécu ; il y a un manque de vitalité évangélique ; en beaucoup de choses, le style de Jésus s'est perdu.

C'est la plus grande tragédie de l'Église. Jésus n'est plus aimé et vénéré comme dans les premières communautés. Son originalité n'est ni connue ni comprise. Un grand nombre d'entre eux n'arriveront même pas à soupçonner l'expérience salvatrice de ceux qui furent les premiers à le rencontrer. Nous avons fait une Église dans laquelle pas mal de chrétiens s'imaginent qu'en acceptant certaines doctrines et en suivant certaines pratiques religieuses, ils suivent le Christ comme les premiers disciples.

Et pourtant, cela représente le noyau essentiel de l'Église. C'est vivre notre adhésion au Christ en communauté, en actualisant l'expérience de ceux qui ont trouvé en lui la proximité, l'amour et le pardon de Dieu. C'est pourquoi, peut-être, le texte ecclésiologique le plus fondamental est cette parole de Jésus que nous lisons dans l'Évangile : " Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux ".

La première tâche de l'Église est d'apprendre à "se rassembler au nom de Jésus". Nourrir sa mémoire, vivre de sa présence, actualiser sa foi en Dieu, ouvrir de nouvelles voies à son Esprit aujourd'hui. Lorsque cela fait défaut, tout risque d'être déformé par notre médiocrité.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

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