AMOUR DE LA VIE

3ème dimanche de l'Avent – Année A

 

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,
lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »  (Matthieu 11,2-11)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Face aux diverses tendances destructrices que l'on peut déceler dans la société contemporaine (nécrophilie), Erich Fromm a lancé un vigoureux appel à développer tout ce qui est amour de la vie (biophilie), si l'on ne veut pas tomber dans ce que le célèbre scientifique appelle le "syndrome de décadence".

Certes, nous devons être très attentifs aux différentes formes d'agressivité, de violence et de destruction qui sont générées dans la société moderne. Plus d'un sociologue parle d'une véritable "culture de la violence". Mais il existe d'autres formes, plus subtiles et donc plus efficaces, de détruire l'épanouissement et la vie des gens.

La mécanisation du travail, la massification des modes de vie, la bureaucratisation de la société, la chosification des relations, sont autant de facteurs qui conduisent de nombreuses personnes à se sentir non pas comme des êtres vivants, mais comme des pièces d'un engrenage social.

Des millions d'individus en Occident mènent aujourd'hui une vie confortable mais monotone, où l'absence de sens et de projet peut étouffer toute épanouissement véritablement humain.

Certaines personnes finissent alors par perdre le contact avec tout ce qui est vivant. Leur vie se remplit de choses. Elles ne semblent vibrer qu'en acquérant de nouveaux objets. Elles fonctionnent selon le programme qui leur est dicté par la société.

D'autres recherchent toutes sortes de stimulants. Elles ont besoin de travailler, de produire, de s'agiter ou de s'amuser. Elles ont toujours besoin de vivre de nouvelles émotions. Quelque chose d'excitant qui leur permette de sentir qu'elles sont encore en vie.

Si quelque chose caractérise la personnalité de Jésus, c'est son amour passionné de la vie, sa biophilie. Les récits évangéliques le présentent luttant contre tout ce qui bloque la vie, la mutile ou la diminue. Toujours attentif à ce qui peut faire grandir les gens. Toujours en train de semer la vie, la santé, le sens.

Il nous décrit lui-même sa mission avec des expressions tirées d'Isaïe : "Les aveugles voient et les infirmes marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Et béni soit celui qui n'est pas déçu par moi".

Heureux ceux qui découvrent qu'être croyant, ce n'est pas haïr la vie, mais l'aimer, ce n'est pas bloquer ou mutiler notre être, mais l'ouvrir à ses meilleures possibilités. Aujourd'hui, de nombreuses personnes abandonnent leur foi en Jésus-Christ avant d'avoir fait l'expérience de la vérité de ces paroles : "Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu'ils l'aient en abondance" (Jean 10:10).

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv