UNE EXPÉRIENCE DÉCISIVE
20ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. » (Jn 6, 51-58)
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La célébration de la Messe a bien évidemment évolué au cours des siècles. Selon les époques, les théologiens et les liturgistes ont mis l'accent sur certains aspects et en ont négligé d'autres. La messe a été servie comme cadre pour célébrer le couronnement des rois et des papes, pour rendre hommage ou pour commémorer des victoires à la fin d'une guerre. Les musiciens l'ont transformée en concert. Les peuples l'ont intégrée à leurs dévotions et à leurs coutumes religieuses...
Après vingt siècles, il est peut-être nécessaire de rappeler quelques traits essentiels de la Dernière Cène du Seigneur, telle qu'elle a été remémorée et vécue par les premières générations chrétiennes.
Au cœur de cette cène, il y a une chose qui ne doit jamais être oubliée : ses disciples ne resteront pas orphelins. La mort de Jésus ne pourra pas briser leur communion avec lui. Personne ne ressentira le vide de son absence. Ses disciplesne restent pas seuls, à la merci des vicissitudes de l'histoire. Au milieu de chaque communauté chrétienne qui célèbre l'Eucharistie, il se trouve le Christ vivant et agissant. C'est là que réside le secret de sa force.
C'est de lui que se nourrit la foi de ses disciples. Il ne suffit pas d'assister à ce repas. Les disciples sont invités à "manger". Pour nourrir notre adhésion à Jésus-Christ, nous avons besoin de nous rassembler pour écouter ses paroles et les garder dans notre cœur, et d'entrer en communion avec lui en nous identifiant à son style de vie. Aucune autre expérience ne peut nous offrir une nourriture plus solide.
Nous ne devons pas oublier que "communier" avec Jésus, c'est communier avec quelqu'un qui a vécu et qui est mort en se "donnant" totalement pour les autres. Jésus insiste sur ce point. Son corps est un "corps livré" et son sang est un "sang versé" pour le salut de tous. Il est contradictoire de s'approcher de la "communion" à Jésus tout en refusant égoïstement de vivre pour les autres.
Rien n'est plus central et décisif pour les disciples de Jésus que la célébration de cette Cène du Seigneur. C'est pourquoi nous devons en prendre grand soin. Bien célébrée, l'Eucharistie nous façonne, nous unit de plus en plus à Jésus, nous nourrit de sa vie, nous rend familiers de son évangile, nous invite à vivre dans une attitude de service fraternel et nous soutient dans l'espérance de la rencontre finale avec lui.
Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv