Homélie de Monseigneur Philippe OUEDRAOGO à l’occasion des Elections présidentielles du 21 novembre 2010 au Burkina Faso

Dimanche 07 Novembre 2010

Chers Fils et Filles de l’Eglise Famille de Dieu de OUAGADOUGOU,

Que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ !

1. Face aux échéances du 21 novembre et du 11 décembre 2010

Le dimanche 31 octobre 2010 fut le jour du lancement de la Campagne électorale en vue de l’élection du Président de la République. Ce sera un événement d’importance majeure pour notre peuple.

Cette étape historique de notre Nation sera suivie par la commémoration du 50ème Anniversaire de l’accession à l’indépendance de notre pays, le Burkina Faso.

En vue de célébrer avec fruits tous ces deux événements majeurs de notre histoire nationale, le Conseil Pastoral diocésain et le Presbyterium diocésain de Ouagadougou, en leurs Assemblées plénières ordinaires de septembre 2010, ont eu à faire des suggestions opportunes qui sont prises en compte dans les présentes orientations que, en ma qualité de Père et Pasteur de l’Eglise Famille de Dieu à Ouagadougou, je porte à votre connaissance.

A la lumière de la Parole de Dieu et de l’Enseignement social de l’Eglise, je voudrais apporter un éclairage et attirer l’attention des uns et des autres sur le devoir patriotique et la responsabilité participative de tout chrétien pour la vie et la construction de la nation.

2. Parole du Pape

« L’Eglise apprécie le système démocratique comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s’avère opportun ». (Jean-Paul II, Encyclique « Centesimus annus », n°46).

3. Parole des Evêques Africains

Par rapport aux Elections de façon générale, l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques d’octobre 2009, adresse à tous les chrétiens le message suivant.

« Les citoyens expriment librement leur choix politique en votant. C’est pourquoi les élections démocratiques représentent le signe de légitimité pour l’exercice du pouvoir en Afrique. (…). Aussi, les Pères du Synode invitent les Eglises locales à sensibiliser les candidats aux différents scrutins pour qu’ils respectent les règles du jeu (transparence des élections, respect de l’adversaire politique, des Constitutions, verdict des urnes, neutralité des différents observateurs, et l’acceptation de la défaite légitime) et à contribuer à travers les Commissions Justice et Paix à l’observation des élections de telle sorte qu’elles soient libres, transparentes, équitables et rassurantes pour tous. Tout en encourageant tous les chrétiens à jouer un rôle actif dans la vie politique, l’Eglise continuera de dénoncer les abus électoraux et toutes les formes de fraudes au nom de sa mission prophétique.

Les chefs religieux sont invités à conserver leur impartialité et ne doivent, en aucun cas, prendre une position partisane. Ils doivent être la voix critique, objective et réaliste des sans-voix, sans transiger sur leur impartialité. » (Cf. Proposition n°26)

4. Droit et devoir de voter

Tous les citoyens burkinabè sont appelés aux urnes le dimanche 21 novembre 2010 pour voter et choisir le président de la République, l’homme qui gouvernera le pays pendant cinq (5) ans et l’aidera à avancer au large dans la paix, la concorde, l’unité et le progrès. Plus qu’un droit, c’est un devoir pour le citoyen, le chrétien d’exprimer librement son opinion, sa sensibilité politique et sa contribution irremplaçable pour le choix d’hommes capables de conduire notre peuple à des lendemains meilleurs. L’avenir de notre pays devrait nous intéresser tous. Nous n’avons pas le droit d’être indifférents à son organisation et à son devenir.

5. Pour qui voter ?

Pour nous chrétiens, toute autorité vient de Dieu et n’est rien d’autre qu’un service. Nous sommes ses créatures et nous retournerons à lui au terme de notre existence d’homme et de femme, comme le dit la sagesse biblique : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. » (Ps 127)

Le président à élire devrait être un homme au cœur sensible à la misère du peuple, doté d’une ferme volonté et des aptitudes pour lutter contre la corruption qui se généralise et constitue un frein majeur au progrès et développement du Peuple burkinabè. Il devra donc être lui-même indemne de tout soupçon de corruption.

Nous avons intérêt à vérifier les programmes des différents candidats. Quelle place accordent-ils à la vie humaine, à la famille, au développement intégral de l’homme, à l’ardeur au travail, à la question du chômage, de la pauvreté, de la réconciliation, de la justice et de la paix… ?

Chrétiens, hommes et femmes, adultes et jeunes, hommes politiques et professionnels des medias… nous pouvons tous nous laisser inspirer et interpeller par les Pères synodaux qui insufflent un esprit et des attitudes dans lesquels nous devons aller aux élections.

6. Exhortation

Nous voulons tous le bien de notre pays. Par conséquent, mettons tout en œuvre :

-pour promouvoir une période électorale faite de paix, de tolérance, de respect de l’autre, de fraternité…

-pour des élections transparentes sans mensonges ni calomnie, sans tricherie ni fraude, sans achat de consciences, sans troubles, sans haine ni violence ;

-élisant librement et en connaissance de cause, celui qui semble le plus apte à faire avancer le Burkina Faso dans la paix, la concorde, l’unité et le progrès social, politique et économique.

Une fois que nous l’aurons élu, offrons-lui notre entière collaboration pour que notre pays aille toujours de l’avant. Duc in altum !

7. Appel à la prière

Pour terminer, j’invite les curés, les responsables d’institutions et de CCB à prendre les dispositions nécessaires pour organiser le triduum de prière, c’est-à-dire, trois jours de prières avant la célébration des élections et du cinquantième anniversaire.

Ensemble, avec foi et espérance, implorons la miséricorde du Seigneur pour le Burkina Faso, ses dirigeants et tous ses habitants.

Et daigne la Vierge Marie, la Mère toujours attentive et bienveillante, vous couvrir toujours de sa maternelle protection et intercéder toujours pour vous. Amen !

 

Ouagadougou, le 07 novembre 2010

+Monseigneur Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou