Cathédrale de Ouagadougou, le 27/01/2016

Textes : 1 Co 15,54-57 ; Jn 14,1-6

Chers frères et sœurs,

Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude la paix dans la foi et que le Seigneur soit toujours avec vous !

Le vendredi 15 janvier 2016, des attaques terroristes à Tin Abao/Tinakof et à Ouagadougou, notamment au café-restaurant Cappuccino et à Splendid Hôtel, se sont soldées par trente-deux (32) morts de onze (11) nationalités différentes et près de 71 blessés.

Au nom de notre Église Famille de Dieu, nous présentons aux familles meurtries et endeuillées ainsi qu’au peuple Burkinabè, notre compassion fraternelle, nos sincères condoléances et l’assurance de notre prière fervente. A tous les blessés, nous souhaitons du courage et un prompt rétablissement.

A la mémoire des défunts, le gouvernement burkinabè a organisé une cérémonie nationale d’hommage le 25 Janvier 2016 à Ouagadougou. Aujourd’hui, dans un élan de solidarité et d’espérance, l’Église Catholique voudrait prier, en célébrant le sacrifice du Christ, en faveur de tous nos frères et sœurs défunts, ainsi que pour leurs familles, parents et amis. En priant pour tous, nous confions à Dieu, Père de miséricorde, ceux qui ont cru en Jésus, c’est-à-dire les chrétiens, et tous ceux dont lui seul connaît la foi, c’est-à-dire nos frères et sœurs des autres confessions religieuses.

Frères et sœurs,

Notre présente célébration est non seulement un temps fort de souvenir et d’hommage, mais surtout un élan de foi et d’espérance. Oui ! Nous croyons absolument que dans la mort « la vie n’est pas détruite mais transformée ». L’Église croit et enseigne que toute vie vient de Dieu, retourne à Dieu et que la mort n’est pas la fin de tout, mais un passage. « Oh, mort où est ta victoire » s’écriait l’Apôtre Paul dans la première lecture (1 Co 15, 56). Le sens de la vie et de la mort se découvre à la lumière de la vie et de la mort du Christ. Le Christ mort et ressuscité vient rassembler tous les hommes, les vivants et les morts, en un seul corps pour les faire vivre en lui, pour toujours, là où il n’y aura plus ni deuil, ni larme, ni douleur, mais la joie, la lumière et la paix.

C’est face à la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet. Dans la mort de tout être humain se joue une mystérieuse communion avec la mort du Christ. Alors, croyons que « si nous sommes en communion avec lui par la même vie et par la même mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne » (Rm 6, 5). C’est cela notre foi, c’est cela notre espérance. Christ a vaincu la mort par sa résurrection, et par lui, avec lui et en lui, nous vaincrons nous aussi la mort par la résurrection. Pour tout homme et toute femme qui nait en ce monde, il est le Sauveur, l’Unique Sauveur, « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,1-6).

En célébrant les obsèques ou les funérailles, l’Église prie pour les défunts et aussi pour tous ceux qu’ils ont quittés et laissés sur cette terre. Nous prions ce soir pour les blessés des attentats et pour les familles endeuillées, les parents, amis et connaissances durement éprouvées afin que le Seigneur les console et les fortifie dans la foi, l’espérance, le pardon et la charité. Nous prions également pour les auteurs de violences et de crimes, pour tous ceux qui font souffrir et qui tuent aveuglement leurs frères et sœurs en humanité. Daigne le Seigneur les illuminer de la grâce de la conversion, du respect de la dignité de toute personne et de toute vie humaine qui est sacrée.

A la cérémonie d’hommage nationale des victimes, des interpellations fortes ont été formulées à l’adresse de tous.

Oui ! Tous les burkinabè, toutes ethnies et religions confondues, constituent ensemble « les grains d’un même et unique panier » (peogo a yembreki). Le drame des violences du 15 janvier 2016 nous invite donc à un sursaut national de solidarité, de prise de conscience et de détermination commune : « rester débout ensemble », vaincre la haine, l’adversité, la psychose et la peur, œuvrer en synergie, populations et forces de défense et de sécurité, pour un Burkina Faso stable et fort, un Burkina Faso de réconciliation, de justice et de paix. »Jamais en arrière, toujours en avant. « Duc in altum » !

Frères et sœurs,

Au cours de cette célébration Eucharistique, confions à la miséricorde divine, nos défunts et nos frères blessés. Avec une confiance renouvelée, réaffirmons notre foi et notre espérance en la résurrection de nos morts et en la vie du monde à venir et demandons au Seigneur la grâce d’être des bâtisseurs d’un monde de réconciliation, de justice et de paix, gage du Règne à venir. Amen !

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes de nos frères et sœurs défunts reposent dans la paix du Seigneur.

Prière :

Bénis sois-tu, Dieu notre Père,
Toi qui es à l’origine et au terme de la vie,
tu nous as faits pour toi
et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi.
Tu orientes nos pas vers ton Royaume,
tu  accueilles à bras ouverts
Ceux qui mettent en toi leur confiance
et attendent de toi leur bonheur.
Bénis sois-tu, Jésus, notre Seigneur et notre frère.
Toi qui as dit au jardin des oliviers :
«  Mon âme  est triste à en mourir »,
tu comprendre nos détresses
et tu allèges nos fardeaux.
Ressuscité, vainqueur de la mort,
tu arraches tes amis au découragement, au désespoir.
A tous, tu offres cette joie que nul ne peut ravir.

Bénis sois-tu,  Esprit de Dieu.
Toi, le Consolateur des disciples du Christ,
tu réconfortes les cœurs affligés.
Toi, la force inépuisable,
tu viens relancer un monde à bout de souffle.
Toi, le Défenseur de toute créature,
tu redonnes vie à nos pauvres corps.
Toi, la lumière éternelle,
tu ouvres un regard pour les yeux qui se ferment.

(Dans l’espérance chrétienne, n°  217)

 +Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou