Sûkyô Mahikari = Organisation religieuse de la vraie lumière [1].
Religion guérisseuse et millénariste japonaise en forte expansion.
a. Origine
M. Okada (1901-1974), ancien officier, puis industriel au bord de la faillite. A été membre de deux mouvements religieux auxquels il a emprunté des enseignements sur la pratique de la purification, dont le Johrei ou « Lumière divine ».
Le 27 février 1959, il reçoit la première des 22 révélations du Dieu Su (Créateur) qu’il consignera dans deux ouvrages : Goseigen et Norigoto, livres sacrés du mouvement. Il reçoit la mission d’être « sphère de lumière » (Kôtama) et de purifier le monde entier.
Il constitue le mouvement le 18 août 1960. Celui-ci connait une expansion mondiale. A sa mort (23.06.1974), le mouvement éclate en deux branches :
- celle de Sekigutchi, successeur désigné par le fondateur et reconnu par les tribunaux. Sekigutchi installe le siège mondial du mouvement à Takayama où se trouve le temple de Suza. En Europe, le centre se trouve au château d’Ausenbourg au Luxembourg.
- celle de sa fille, Kiju Okada, qui se répand notamment en Europe et en Afrique : Oshu Nushi Sama. En Afrique, Mahikari a du succès car il rejoint les traditions culturelles ancestrales. Surtout, il laisse espérer qu’on pourra dominer et écarter toutes les mauvaises influences (sorcellerie, maladie…).
b. Doctrine
La voie de Mahikari comporte un enseignement et des pratiques. Le futur adepte doit accepter de « recevoir la lumière ».
Enseignement spirituel
Su est le Dieu suprême, Énergie cosmique dont émanent quantité d’autres dieux. Le Dieu Su guide l’humanité par ses messagers : Moïse, Sakyamuni (Bouddha), Jésus, Mahomet et surtout Okada. Jésus n’est qu’un homme, fondateur d’une religion.
Le vrai sauveur de l’humanité est Okada, Sukui Nushi Sama (SNS). Kôtama Okada est le « Messie pionnier » qui a reçu la mission d’unifier les religions du monde et de répandre la puissance du Dieu créateur (Su). Par là, il achève l’œuvre de Dieu : il corrige et reconstruit le monde à l’approche de l’apocalypse marquée par le « baptême de feu » dont Dieu va faire naître une civilisation nouvelle, spirituelle, et le paradis sur terre. Son nom devient Sukui Nushi Safna = Sauveur de l’humanité.
Panthéiste, Mahikari ne veut pas constituer une religion nouvelle, mais unifier les religions. Il prétend apporter :
Ken = santé parfaite,
Wa = harmonie,
Fu = richesse.
L’homme est un composé de trois éléments : corps spirituel (étincelle divine), corps astral et corps physique. Il est destiné à jouir d’un bonheur naturel sur la terre, à condition de pratiquer Seiho, la loi de justice.
A la mort, le corps spirituel erre en attendant une réincarnation (au bout de 2 à 3 siècles).
c. Pratique
- L’« Art de purification spirituelle » permet à l’initié (Yokoshi) de recevoir du Dieu Su sa Lumière purificatrice et de la transmettre en levant simplement la paume de la main, car il est devenu lui-même « canal d’énergie spirituelle ». Cette transmission s’appelle L’« Okisomé ». Par cette opération, l’initié peut tout purifier : les mauvais esprits possesseurs sont transformés en bons esprits. L’initié « diminue rapidement les dettes spirituelles ou karmiques ». Les psychismes perturbés sont transformés en profondeur. Il faut se purifier de tous les maux qui accablent l’humanité à cause des médicaments, du mauvais fonds de l’homme (Sonen), de la destruction de la nature. La purification se transmet à tout : nature, animaux, aliments, maison, etc. Les maladies sont guéries. Il est annoncé aux adeptes qu’ils disposent du pouvoir de faire des miracles. Les êtres purifiés connaîtront ainsi le bonheur et la paix par l’état de Ken Wa Fu (voir ci-dessus).
d. Initiation progressive
1er degré : Trois jours d’enseignement. On devient kumité en apprenant des formules de prière en japonais, dont les vibrations sont favorables : le mantra « Amatsou Narigoro » ou puissance du verbe.
On reçoit le médaillon sacré Omitama (qu’il faut acheter) qui est directement relié au Dieu Su et qui porte ses symboles en inscription.
2e degré : L’initié appelé Yokoshi doit :
- assister à toutes les réunions du dojo local,
- assister aux cours de préparation : deux séances de 40 à 50 minutes par jour si nécessaire,
- réciter l’Amatsou Norigoto,
- participer aux travaux du dojo (ménage, entretien),
- faire des offrandes généreuses,
- initier au moins 5 personnes.
3e degré : il se fait au Japon
Les adeptes sont manipulés par suggestion hypnotique et illusion de la guérison paranormale. La science médicale moderne est exclue. Les adeptes ont la fièvre du geste purificateur qui obnubile l’esprit jusqu’à l’insignifiance : ils recourent constamment au poisson rouge, à la pendulette, au légume, etc. Tout être ne peut rester en bon état qu’en recevant Okiyome.
Réflexion
Le cas du Mahikari fait ressortir comment ce type de mouvement parvient à dominer les gens, à les aliéner, à les couper de leur milieu. Il fixe leur attention sur un vocabulaire (exotisme japonais), des comportements (purification, réunions, dons) et des objets (le médaillon). C’est une véritable Loi (comme chez les Juifs de l’Ancien Testament), une chape qui est imposée aux gens : s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils désirent, on leur dit que c’est par manque de fidélité; alors ils redoublent dans l’observance scrupuleuse et abêtissante des rites. Remarquons encore que l’adepte du mouvement est tendu vers la recherche de la lumière pour lui-même, c’est-à-dire pour une fusion avec l’esprit cosmique comme dans les autres mouvements panthéistes, et pas directement pour le progrès des hommes ni pour la suppression des injustices.
Note :
[1] Centre Roger Ikor, Les sectes, état d’urgence…, Paris, Albin Michel, 1995, P. 141-146.
Père Yves MOREL
Société des Jésuites
Dans : Le défi des sectes, des N.M.R. et des intégrismes, Abidjan, INADES, 1999.