LA SURPRISE FINALE

Jésus Christ, Roi de l'univers – Année A

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :
il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”
Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”
Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Matthieu 25,31-46)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Cela fait vingt siècles que nous, chrétiens, parlons d'amour. Nous répétons constamment que l'amour est le critère ultime de toute attitude et de tout comportement. Nous affirmons que le jugement définitif sur toutes les personnes, structures et réalisations humaines portera sur l'amour. Cependant, derrière ce beau langage de l'amour, nous pouvons souvent cacher le message authentique de Jésus, qui est beaucoup plus direct, simple et concret.

Il est surprenant de constater que Jésus prononce à peine le mot « amour » dans les évangiles. Même pas dans cette parabole qui décrit le destin final des êtres humains. En fin de compte, nous ne serons pas jugés sur l'amour d'une manière générale, mais sur quelque chose de beaucoup plus concret : Qu'avons-nous fait quand nous avons rencontré quelqu'un qui avait besoin de nous ? Comment avons-nous réagi face aux problèmes et aux souffrances des personnes concrètes que nous avons croisées sur notre chemin ?.

Ce qui est décisif dans la vie, ce n'est pas ce que nous disons ou pensons, ce que nous croyons ou écrivons. Les beaux sentiments ou les protestations stériles ne suffisent pas non plus. L'important, c'est d'aider ceux qui ont besoin de nous.

La plupart d'entre nous, chrétiens, nous sentons satisfaits et tranquilles parce que nous ne faisons de tort particulièrement grave à personne. Nous oublions que, selon l'avertissement de Jésus, nous sommes en train de préparer notre échec final chaque fois que nous fermons les yeux sur les besoins des autres, chaque fois que nous éludons toute responsabilité qui n'est pas pour notre propre bénéfice, chaque fois que nous nous contentons de tout critiquer, sans venir en aide à personne.

La parabole de Jésus nous oblige donc à nous poser des questions très concrètes : Est-ce que je fais quelque chose pour quelqu'un? À qui puis-je apporter mon aide? Que dois-je faire pour que règne parmi nous un peu plus de justice, de solidarité et d'amitié ? Que puis-je faire de plus?

Le dernier enseignement décisif de Jésus est le suivant : le Royaume de Dieu est et sera toujours pour ceux qui aiment le pauvre et l'aident dans le besoin. C'est ce qui est essentiel et définitif. Un jour, nos yeux s'ouvriront et nous découvrirons tout surpris que l'amour est la seule vérité, et que Dieu règne là où il y a des hommes et des femmes capables d'aimer et de prendre soin des autres.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv