Aumônier d’hôpital, que cherchez-vous à réaliser sur des malades ? Cette question nous a été posée, lors d’un entretien. Disons que le désir de savoir de notre interlocuteur semblait curieux à première vue, mais en fait, elle nous a rappelé que dans le vécu quotidien de chacun de nous, ce que nous prenons comme acquis en termes de compréhension ou de connaissance est souvent loin de l’être. Nous allons alors partager les réponses données qui sans doute aideront beaucoup à mieux comprendre notre action.
C’est vrai qu’après les prières usuelles du matin, nous nous rendons à l’hôpital Paul VI dont nous sommes l’Aumônier, tout comme pour l’hôpital de Tengandogo pour visiter les malades et aussi les travailleurs, et administrer les sacrements à ceux qui le désirent. La communion, l’onction des malades et l’écoute, les réponses aux sollicitations diverses avec un téléphone ouvert 24heures sont autant d’activités quotidiennes qui parfois occultent cette conscience que beaucoup restent encore dans l’ignorance de ce qui constitue le travail de l’Aumônier d’un hôpital. La question posée méritait bien une réponse.
Eh bien, que pourrait chercher à faire un Aumônier sur un malade, sinon travailler à apporter le salut ? C’est la vie que Dieu veut nous faire vivre, et nous la vivons avec cette joie de pouvoir communier pleinement à cette vie-là, et recevoir aussi la guérison pour cette personne. Savoir que c’est la volonté du père, que d’abord cette personne-là puisse rencontrer le Seigneur, et qu’ensuite elle puisse être disposée à pouvoir se confier à Lui, afin que le Seigneur lui octroie ce salut-là est très motivant. Motivant parce que cela conduit à la santé de cette personne, corps, âme et esprit. Au-delà de cette santé retrouvée, nous nous réjouissons du fait que la personne puisse établir une relation avec le Christ qui est une personne et qui agit toujours. C’est Lui qui est, et c’est ce qu’Il nous a dit : « Allez et guérissez les malades ». C’est sa mission et nous sommes les instruments de sa mission en tant qu’Aumônier d’un hôpital.
La question nous amène aussi à partager nos sentiments face à un malade qui a reçu quelque chose, un réconfort, et surtout quand cette personne se sent mieux. Se sentir mieux, être réconforté n’est pas forcément synonyme de guérison physique tout de suite et maintenant, mais plutôt que la personne est en paix avec elle-même. Et cette paix-là se voit déjà à travers la joie sur le visage, et par ricochet, c’est le fait aussi que l’on sache qu’Il est là, présent, et que c’est Lui qui agit. Il faut souvent vivre la situation avec le malade, pour savoir vraiment ce que c’est. Et en tant que prêtre, ayant intégré une devise au lieu de notre ordination, celle qui consiste à dire que « nous sommes des serviteurs inutiles », c’est la grandeur de notre Seigneur qui se manifeste devant nous au quotidien avec la joie de savoir qu’une personne guérit spirituellement.
Certaines personnes expriment leur joie, confient qu’ils sont heureux d’avoir rencontré une oreille attentive, une présence à proximité. Parfois, en passant dans une salle, nous remarquons que le malade est seul, ou bien que la personne qui est avec lui est sortie. Nous allons vers cette personne et rien que cette présence -là réconforte le malade. Parfois,les malades nous le confient, et nous remercient pour la visite. Toutes confessions réunies, notamment les religions catholique, protestante, musulmane, animiste, même ceux qui sont sans religion sont toujours ravis d’un bonjour, d’un bonsoir, d’un souhait pour une meilleure santé, et cela, c’est déjà quelque chose.
Et même quand ils quittent l’hôpital, nous enregistrons des feedbacks : « J’étais à l’hôpital, vous êtes venu me voir », « J’avais des parents qui étaient là, vous êtes venu plusieurs fois nous voir ». Bien des fois, nous ne nous en souvenons même plus.
Notre grand défi pour l’hôpital Paul VI
Nous nous sommes promis de relever un grand défi à l’hôpital Paul VI en tant qu’Aumônier. C’est d’en faire un haut lieu de prière. C’est vrai qu’en nous nommant Aumônier de l’hôpital, notre hiérarchie nous l’avait dit : « Tu vas pour la pastorale de la santé, parce que Tu as été formé pour cela », et notre défi pour la Pastorale est d’y associer toutes les paroisses et tous les chrétiens, mais pour l’hôpital Paul VI, nous avons repris à notre compte ce que l’histoire l’Eglise qui en fait : « UN HÔTEL DIEU ». Ce qui signifie un lieu où Dieu Lui-même accueille les patients. Pour l’hôpital, nous cherchons à faire en sorte qu’au-delà du fait qu’il soit un lieu de soins aux malades, il devienne un lieu où le malade se sent bien mieux, non seulement lui, mais aussi les accompagnants et tous ceux qui y travaillent ; et surtout, qu’il devienne un HAUT LIEU DE PRIERE. C’est le défi majeur au niveau de l’hôpital Saint Paul VI et de son Aumônerie.
Une œuvre gigantesque en somme que nous entendons mener avec le concours de tous, pour non seulement apporter le salut aux malades, mais aussi, travailler à ce que l’hôpital reflète sa qualification D’HOTEL DIEU.
Que Dieu vous bénisse.