DU PAIN ET DU VIN

Corps et Sang de Christ – Année A

 

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »  (Jean 6,51-58)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Nous appauvririons gravement le contenu de l'Eucharistie si nous oubliions que c'est en elle que nous, croyants, devons trouver la nourriture qui doit alimenter notre existence. Il est vrai que l'Eucharistie est un repas partagé par des frères et sœurs qui se sentent unis dans la même foi. Mais, bien que cette communion fraternelle soit très importante, elle reste insuffisante si nous oublions l'union avec le Christ, qui se donne à nous comme nourriture.

Il faut dire l quelque chose de semblable sur la présence du Christ dans l'Eucharistie. Cette présence sacramentelle du Christ dans le pain et le vin a été soulignée à juste titre, mais le Christ n'est pas là pour le plaisir d'être là ; il est présent en s'offrant comme la nourriture qui soutient nos vies.

Si nous voulons redécouvrir le sens profond de l'Eucharistie, nous devons retrouver le symbolisme de base du pain et du vin. Pour subsister, l'homme a besoin de manger et de boire. Et ce simple fait, parfois si souvent oublié dans les sociétés satisfaites du bien-être, révèle que l'être humain n'est pas le fondement de lui-même, mais qu'il vit en recevant mystérieusement la vie.

La société contemporaine perd la capacité de découvrir la signification des gestes humains fondamentaux. Pourtant, ce sont ces gestes simples et originaires qui nous ramènent à notre véritable condition de créatures qui reçoivent la vie comme un don de Dieu.

Plus précisément, le pain est le symbole éloquent qui condense en lui tout ce que la nourriture et l'alimentation signifient pour une personne. C'est pourquoi le pain a été vénéré dans de nombreuses cultures de manière presque sacrée. Plus d'un d'entre nous se souvient encore de la façon dont nos mères nous faisaient l'embrasser lorsque, par erreur, un morceau de pain tombait sur le sol.

Mais, depuis le moment où il vient de la terre jusqu'à notre table, le pain a besoin d'être travaillé par ceux qui sèment, fertilisent le sol, moissonnent et récoltent les épis de blé, moulent le blé et cuisent la farine. Le vin implique un processus encore plus complexe dans sa production.

C'est pourquoi, lorsque le pain et le vin sont présentés sur l'autel, il est dit qu'ils sont "le fruit de la terre et du travail de l'homme". D'une part, ils sont "fruits de la terre" et nous rappellent que le monde et nous-mêmes sommes un don sorti des mains du Créateur. D'autre part, ils sont le "fruit du travail", et signifient ce que nous, les hommes, fabriquons et construisons avec nos efforts solidaires.

Ce pain et ce vin deviendront pour les croyants le "pain de vie" et la "coupe du salut". C'est là que nous, chrétiens, trouvons la "vraie nourriture" et la "vraie boisson" dont Jésus nous parle. Une nourriture et une boisson qui nourrissent notre vie sur terre, nous invitent à la travailler et à l'améliorer, et nous soutiennent dans notre marche vers la vie éternelle.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

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