UN AVANT-GOÛT DU CIEL

Ascension du Seigneur – Année B

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création.
Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.
Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ;
ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu.
Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. (Marc 16,15-20)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Le ciel ne peut être décrit, mais nous pouvons en avoir un avant-goût. Nous ne pouvons pas l'atteindre avec notre esprit, mais il est difficile de ne pas le désirer. Si nous parlons du ciel, ce n'est pas pour satisfaire notre curiosité, mais pour raviver notre désir et notre attrait pour Dieu. Si nous nous en souvenons, ce n'est pas pour oublier l'ultime désir que nous portons dans notre cœur. 

Aller au ciel, ce n'est pas arriver à un lieu, mais entrer pour toujours dans le Mystère de l'amour de Dieu. Enfin, Dieu ne sera plus quelqu'un de caché et d'inaccessible. Aussi incroyable que cela puisse nous paraître, nous pourrons connaître, toucher, goûter et savourer son être le plus intime, sa vérité la plus profonde, sa bonté et sa beauté infinies. Dieu nous fera que nous tombions amoureux de lui pour toujours.

Cette communion avec Dieu ne sera pas une expérience individuelle. Jésus ressuscité nous accompagnera. Personne ne va au Père sans passer par le Christ. "En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité" (Colossiens 2,9). Ce n'est qu'en connaissant et en jouissant du mystère enfermé dans le Christ que nous pénétrerons l'insondable mystère de Dieu. Le Christ sera notre "ciel". En le voyant, nous "verrons" Dieu.

Le Christ ne sera pas le seul médiateur de notre bonheur éternel.  Enflammés par l'amour de Dieu, chacun de nous deviendra à sa manière un "ciel" pour les autres. À partir de notre limitation et de notre finitude, nous toucherons le Mystère infini de Dieu en le goûtant dans ses créatures. Nous jouirons de son amour insondable en le goûtant dans l'amour humain. La joie de Dieu nous sera offerte comme un cadeau incarné dans le plaisir humain.

Le théologien hongrois Ladislaus Boros tente de suggérer cette expérience indescriptible : "Nous sentirons la chaleur, nous expérimenterons la splendeur, la vitalité, la richesse débordante de la personne que nous aimons aujourd'hui, avec laquelle nous jouissons et pour laquelle nous rendons grâce à Dieu. Tout son être, la profondeur de son âme, la grandeur de son cœur, la créativité, l'ampleur, l'excitation de sa réaction amoureuse nous seront prodigués".

Quelle plénitude atteindra en Dieu la tendresse, la communion et la joie de l'amour et de l'amitié que nous avons connues ici ! Avec quelle intensité nous nous aimerons alors, nous qui nous aimons déjà tant sur terre ! Peu d'expériences nous permettent d'avoir un meilleur avant-goût de la destinée ultime vers laquelle nous sommes attirés par Dieu.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv