HOMELIE DE LA MESSE POUR LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA PAIX

Paroisse Jean XXIII, le 21 Septembre 2009


Chers frères et sœurs en Christ,

La grâce et la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous !

Oui ! Je suis particulièrement heureux de l’opportunité que le Seigneur m’offre aujourd’hui de célébrer la présente Eucharistie avec vous et pour vous, membres de l’Eglise Famille de la paroisse Jean XXIII.

Conformément à mon souhait, publiquement exprimé, le 13 Juin 2009 à la cérémonie de prise de possession canonique à la Cathédrale, je voudrais faire de cette année pastorale 2009-2010, une année de proximité pour découvrir, être avec, rencontrer et comprendre. Cela pourrait générer des initiatives pastorales pertinentes et heureuses pour le bien de notre Eglise Famille Diocésaine. La présente célébration n’est rien d’autre qu’un prélude de la visite pastorale que j’entends entreprendre dans la paroisse Jean XXIII, en temps opportun, à l’instar des autres entités ecclésiales.

Aux responsables de la Commission Diocésaine Justice et Paix, j’exprime ma sincère gratitude pour l’heureuse initiative de prière à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix. Le thème proposé est libellé comme suit : « Réconciliation, justice et paix dans nos foyers, nos familles, nos CCB, nos paroisses, notre Diocèse, notre pays et dans le monde ».

En raison de la conjecture nationale, nous avons voulu élargir ou concrétiser notre prière au bénéfice des sinistrés et défunts des inondations du 1er Septembre 2009 dans notre pays.

En outre, je fais remarquer que le thème proposé est en pleine consonance avec celui retenu par le Saint Père Benoît XVI pour le 2ème Synode Africain qui se célèbrera à Rome du 04 au 25 Octobre 2009 : « L’Eglise en Afrique au service de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix… "Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde" (Mt 5, 13-14) ».
Bien chers amis,

Comme vous le savez, tout ce qui concerne l’homme, la communauté humaine, ne saurait être étranger à l’Eglise, à l’Evangélisation. C’est dire qu’il existe des liens profonds entre évangélisation et promotion humaine, développement, relations entre les peuples, justice, paix…

Le Magistère ou l’Enseignement de l’Eglise, développé par les Papes et les Evêques, constitue un éclairage riche et profond sur la dignité de l’homme et sur les droits humains.

Au service de la justice et de la paix, sur recommandation du concile Vatican II, la Pape Paul VI créait le 06 Janvier 1967 la Commission Pontifical Justice et Paix. La dénomination de cette commission constitue tout un programme.

Mais pour parvenir à promouvoir la justice et la paix, le Pape Jean-Paul II demanda la mise en place des Commissions "Justice et Paix" à tous les niveaux : « Ce qui concerne la défense des droits humains fondamentaux, l’apostolat de l’Eglise ne peut pas être laissé à l’improvisation. Conscient de ce que de flagrantes violations de la dignité et des droits de l’homme sont perpétrées dans de nombreux pays d’Afrique, je demande aux Conférences Episcopales d’instituer, là où elles n’existent pas, des commissions Justice et Paix aux différents niveaux. Elles sensibiliseront les communautés chrétiennes à leurs responsabilités évangéliques en ce qui concerne la défense des droits humains » (EIA, n°106).

Prenant en compte cette recommandation du Saint Père et celle du Synode National de l’Eglise Catholique du Burkina Faso, célébré du 22 au 28 Novembre 1999, une Commission Diocésaine Justice et Paix fut créée tant au plan national que diocésain en 2006. Elle a pour mission de promouvoir la justice et la paix, en éveillant et formant les consciences, et en engageant des actions pour défendre les droits humains violés. Elle se mettra aux côtés des faibles, des exclus, des marginaux, des minorités et de tous ceux qui luttent pour être seulement reconnus (n°37).

La promotion de la paix dans le monde, dans nos pays, famille, paroisse, CCB… fait partie intégrante de la mission par laquelle notre Eglise Famille de Dieu continue l’œuvre rédemptrice du Christ sur la terre. L’Eglise retient qu’une paix véritable n’est possible que par le pardon et la réconciliation. Il n’est pas facile de pardonner ! Le poids du passé, des offenses et blessures ne peut pas toujours être oublié, mais à la suite du Christ et à son exemple, le pardon réciproque offert et reçu est possible.

Dans les perspectives de la Doctrine sociale de l’Eglise, la justice consiste dans la constante volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui lui est dû. Mais seule, la justice ne suffit pas. L’Eglise y associe la solidarité, comme voie privilégiée de la paix. Si la paix est le fruit de la justice, on pourrait dire avec la même justesse que la paix est le fruit de la solidarité.

En outre, le rôle de la prière est irremplaçable. La prière ouvre le cœur à un rapport profond avec Dieu, mais à la rencontre avec le prochain sous le signe du respect, de la compréhension, de l’estime, du pardon, de l’amour… La prière est source et sommet de la vie chrétienne d’où découlent toutes les vertus et tout engagement authentique en faveur de la paix. Aussi saluons-nous avec gratitude toute initiative de prière pour la paix, qui s’inscrit bien dans le sillage des Journées Mondiales de la Paix instaurées par le Pape Paul VI.

La promotion de la paix est une expression de la foi chrétienne dans l’amour que Dieu nourrit pour chaque être humain ou de chaque peuple. C’est cela qui motive l’Eglise à promouvoir l’Unité des chrétiens ou encore à collaborer avec les croyants d’autres religions, telles l’Islam. C’est cela qui motive le Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux à adresser chaque année un message à l’occasion de la conclusion du Mois du Ramadan. Aussi, au nom du Saint Père, le Cardinal Jean Louis TAURAN a adressé aux musulmans du monde entier une réflexion commune sur le thème : « Chrétiens et musulmans : ensemble pour vaincre la pauvreté ».

La pauvreté humilie et engendre souffrances, colère, voire haine et désir de vengeance. Aussi nous faut-il lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes à travers la promotion d’un développement intégral que le Pape Paul VI définissait comme "le nouveau nom de la paix" (Cf. Populorum Progressio, 1975, n°76).

Chers frères et sœurs,

Le témoignage de l’Eglise doit aller de paire avec l’engagement déterminé de chacun des membres du Peuple de Dieu pour la paix, la justice et la solidarité. C’est là où éclate notre rôle à tous, "hic et nunc", là où nous vivons, dans le concret des situations telles les conséquences du sinistre provoqué par les inondations du 1er Septembre 2009.

- Soyons pleins de compassion et de solidarité avec tous ceux qui sont dans la douleur, voir le désespoir.
- et œuvrons pour que les gestes de solidarité soient gérés avec transparence, justice, équité et amour au bénéfice des sinistrés, notamment ceux qui sont les plus fragilisés.

Daigne le Seigneur nous y aider ! Et que la Bienheureuse Vierge Marie prie pour nous et nous accompagne. Amen

+Monseigneur Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

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