Ceux qui promeuvent les moyens de contraception « modernes » prétendent faussement que ces derniers servent à prévenir les grossesses non désirées et par suite le recours à l’avortement qui peut être fatal pour la femme surtout quand il est pratiqué clandestinement. Cependant, c’est le contraire qui se constate. Car une grossesse peut survenir malgré l’utilisation de moyens contraceptifs – aucun contraceptif n’est efficace à 100% –, soit à cause de leur défaillance, soit à cause de leur mauvaise utilisation. Et les utilisateurs passent très facilement de la contraception à la contraception d’urgence et à l’avortement encore appelé pernicieusement « IVG » (Interruption Volontaire de Grossesse).

En France par exemple, une enquête nationale dénommée COCON (COhorte sur la CONtraception) menée de 2000 à 2004 a montré que [1] :

• 82% des femmes utilisent une contraception dite « médicale » ou « moderne » en opposition aux méthodes naturelles

• La proportion de femmes ayant une activité sexuelle qui n’utilisent pas de contraception alors qu’elles ne souhaitent pas avoir d’enfant est très faible : au dessous de 5%

• Parmi les femmes interrogées, 20% ont oublié leur contraception orale (pilules, minipilules) dans le mois précédent l’enquête [2]

• Les échecs de contraception restent fréquents : 1 grossesse sur 3 est qualifiée de « non prévue »

• 2/3 des grossesses non prévues surviennent chez des femmes qui déclarent utiliser une contraception au moment de la survenue de ladite grossesse

• 62% des grossesses non prévues aboutissent à un avortement

• Le taux d’avortements reste stable en France depuis 10 ans : 220 000 par an !!!

• Puisque l’accès aux contraceptifs « modernes » n’a cessé d’augmenter d’année en année, cette stabilité du nombre annuel d’avortements traduit une hausse au fil des ans de la propension à recourir à l’avortement en cas de grossesse non prévue

• Parmi les femmes ayant eu recours à un avortement 49 % utilisaient des contraceptifs modernes. Voici les statistiques :

o 23% utilisaient la pilule

o 19% le préservatif

o 7% un Dispositif Intra Utérin (stérilet)

o 3% une autre méthode

o 28% n’avaient pas de contraception à ce moment là

o 22% seulement une méthode naturelle. NB : le coït interrompu, non fiable et immoral (cf. Genèse 38, 9-10), est considérée par l’enquête comme une méthode naturelle

• Il y a une d’une forte augmentation du recours à la contraception d’urgence (pilules du lendemain notamment) depuis son accès libre en pharmacie

• la contraception d’urgence n’a pas fait régresser le recours à l’avortement [3].

Même l’Alan Guttmacher Institute, la branche scientifique de Planned Parenthood, a reconnu que l’augmentation du taux de prévalence contraceptive s’est accompagnée d’une augmentation du taux d’avortement aux Etats Unis, à Cuba, au Danemark, aux Pays-Bas, à Singapour et en Corée [4]. Il reconnaît aussi qu’aux Etats Unis, 42% des utilisatrices de préservatifs ayant recours à l’avortement citent le glissement ou la déchirure de la capote pendant le rapport sexuel comme cause de leur grossesse « non désirée » [5]. Que dire alors si on veut réfléchir honnêtement sur la lutte contre les grossesses « non désirées », le VIH/SIDA et les IST en particulier chez les jeunes par la diffusion du préservatif ? Et on peut multiplier les statistiques de sources scientifiques et fiables des pays avancés dans l’égarement.

Bref, sauf mauvaise foi, il n’est pas difficile de comprendre que l’accent mis sur la contraception aboutit à la valorisation de la recherche du plaisir, à la déresponsabilisation des conjoints et des jeunes quant à leur sexualité à cause de la confiance qu’ils doivent désormais placer dans les contraceptifs qui ne sont d’ailleurs pas efficaces à 100%, et finalement à faire davantage refuser l’enfant lorsque celui-ci ose se présenter à un moment qui ne convient pas aux parents malgré toutes les précautions « modernes » utilisées pour l’éviter. La contraception donc, loin de faire reculer l’avortement, se trouve dans son prolongement naturel.

Le « plaidoyer pour la contraception » ne peut lutter contre les grossesses « non désirées » et permettre de réduire le taux d’accroissement de la population si elle n’est pas accompagnée d’une campagne de promotion sauvage et de légalisation de l’avortement, en sorte que les femmes puissent avorter en toute liberté et en toute tranquillité dans tous les centres médicaux publics. Cela est compris dans l’expression « droits sexuels et procréatifs » inclus dans la promotion des droits de la femme dont il est de plus en plus question.

Tout le monde connaît la célèbre phrase de Pierre Simon, franc maçon, ancien grand maître de la Grande Loge de France, et co-fondateur en 1958 du mouvement français pour le planning familial : « La bataille de la contraception fut beaucoup plus longue et pénible que la lutte pour l’avortement. Une fois la contraception entrée dans les mœurs et reconnue par la loi Neuwirth, l’avortement fut examiné en son temps. L’avenir nous donna raison. Pour inverser une formule célèbre : nous avions gagné la guerre, il ne nous restait plus qu’à livrer une bataille » [6].

Il n’y a pas de solution véritable autre que l’éducation à la chasteté aussi bien chez les jeunes que chez les personnes mariées : abstinence pour les jeunes et fidélité dans le mariage avec l’utilisation des méthodes naturelles de régulation de naissance. Même en Occident, de plus en plus de voix s’élèvent contre les discours habituels erronés à dessein sur la contraception et la banalisation de la sexualité surtout chez les jeunes [7].

Notes :

[1] Cf. Nathalie Bajos et al., "Pourquoi le nombre d’avortements n’a-t-il pas baissé en France depuis 30 ans ?", in Populations et sociétés, n° 407, Décembre 2004.

[2] On comprend mieux pourquoi dans les pays pauvres, les campagnes de planning familial mettent l’accent sur les injectables, le stérilet et les implants qui agissent sur une longue période (3 mois et plusieurs années respectivement) sans risques d’oubli mais dont les effets secondaires sont plus barbares que ceux de la pilule.

[3] Cf. Inspection Générale des Affaires Sociales, La prévention des grossesses non désirées : contraception et contraception d'urgence (RAPPORT N°RM2009-104A), 2009.

[4] Cicely Marston and John Cleland, “Relationships Between Contraception and Abortion : A Review of the Evidence”, International Family Planning Perspectives, Volume 29, Number 1, March 2003. La baisse du taux d’avortement qu’il y aurait lorsque le taux de fécondité est constant avancé par l’article est très controversée.

[5] Rachel K. Jones, Jacqueline E. Darroch and Stanley K. Henshaw, “Contraceptive Use Among U. S. Women Having Abortions in 2000-2001”, Perspectives on Sexual and Reproductive Health, Volume 34, Number 6, November/December 2002.

[6] Pierre Simon, De la vie avant toute chose, Edition Mazarine, 1979, p. 98.

[7] Les associations de parents d’élèves et les auteurs que l’on peut citer sont légion. Un livre récent : Thérèse HARGOT, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), Albin Michel, 2016.

 

 

Ouagadougou, le 25 février 2016

Abbé Jean Emmanuel KONVOLBO,

Prêtre catholique
Professeur d’Écriture Sainte et de langues bibliques
Grand Séminaire Saint Jean-Baptiste de Wayalghin
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Site web : http://konvolbo.org

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