PRIER À PARTIR DU DOUTE

27ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi. »
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ?
Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” » (Lc 17,5-10)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Des doutes peuvent surgir chez le croyant sur un point ou un autre du message chrétien. La personne se demande comment comprendre telle ou telle déclaration biblique ou un aspect particulier du dogme chrétien. Ce sont des questions qui demandent des éclaircissements supplémentaires.

Mais il y a des personnes qui éprouvent un doute plus radical, qui affecte l'ensemble de la foi. D'un côté, ils sentent qu'ils ne peuvent ou ne doivent pas abandonner leur religion, mais de l'autre, ils ne sont pas capables de prononcer avec sincérité ce "oui" total qu'implique la foi.

La personne qui se trouve dans cette situation ressent souvent un malaise intérieur qui l'empêche de faire face à sa problématique avec paix et sérénité. Elle peut aussi se sentir coupable. Qu'est-ce qui a pu m'arriver pour que j'en arrive là ? Que puis-je faire maintenant ? La première chose à faire est peut-être d'aborder cette situation de manière positive devant Dieu.

Le doute nous fait expérimenter que nous ne sommes pas capables de "posséder" la vérité. Aucun être humain ne "possède" la vérité ultime de Dieu. Les certitudes que nous avons dans d'autres domaines de la vie ne sont ici d'aucune utilité. Face au mystère ultime de l'existence, nous devons marcher avec humilité et sincérité.

Le doute, en revanche, met ma liberté à l'épreuve. Personne ne peut répondre à ma place. C'est moi qui me trouve confronté à ma propre liberté et qui dois dire "oui" ou "non". C'est pourquoi le doute peut être le meilleur moyen de se réveiller d'une foi enfantine et de surmonter un christianisme conventionnel. La première chose n'est pas de trouver des réponses à mes questions spécifiques, mais de me demander quelle orientation je veux donner à ma vie : est-ce que je veux vraiment trouver la vérité ? Est-ce que je suis prêt à me laisser interpeller par la vérité de l'Évangile ? Ou est-ce que je préfère vivre sans chercher aucune vérité ?

La foi jaillit d'un cœur sincère qui s'arrête pour écouter Dieu. Comme le dit le théologien catalan E. Vilanova, "la foi n'est pas dans nos affirmations ou dans nos doutes. Elle est au-delà : dans le cœur... que personne d'autre que Dieu ne connaît".

L'important est de voir si notre cœur cherche Dieu ou s'il le fuit. En dépit de toutes sortes de questions et d'incertitudes, si nous cherchons vraiment Dieu, nous pourrons toujours dire du fond de notre cœur cette prière des disciples : "Seigneur, augmente notre foi". Celui qui prie de cette manière est déjà un croyant.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv