UNE FAÇON D'AIMER

5ème dimanche de Pâques – Année C

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. »
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »  (Jn 13,31-33a.34-35)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Les chrétiens ont commencé leur expansion dans une société où il y avait différents termes pour exprimer ce que nous appelons aujourd'hui l'amour. Le mot le plus couramment utilisé était philia, qui désignait l'affection pour une personne proche et était utilisé pour parler de l'amitié, de l'affection ou de l'amour pour les parents et les amis. On a aussi utilisé le mot éros pour désigner le penchant agréable, l'amour passionné ou simplement le désir dirigé vers la personne qui produit en nous plaisir et satisfaction.

Les premiers chrétiens ont pratiquement abandonné cette terminologie et ont mis en circulation un autre mot presque inconnu, agapè, auquel ils ont donné un contenu nouveau et original. Ils ne voulaient pas que l'amour inspiré par Jésus soit confondu avec autre chose. D'où leur intérêt à bien formuler le "commandement nouveau de l'amour" : "Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés".

La manière d'aimer de Jésus est sans équivoque. Il n'approche pas les personnes en cherchant son propre intérêt ou sa satisfaction, sa sécurité ou son bien-être. Il ne pense qu'à faire le bien, à accueillir, à donner le meilleur de lui-même, à offrir son amitié, à aider les gens à vivre. C'est ainsi qu'on se souviendra de lui des années plus tard dans les premières communautés chrétiennes : "Il a passé toute sa vie à faire le bien".

C'est pourquoi son amour a un caractère de service. Jésus se met au service de ceux qui ont peut-être le plus besoin de lui. Il fait de la place dans son cœur et dans sa vie pour ceux qui n'ont pas de place dans la société et dans les préoccupations des gens. Il prend la défense de ceux qui sont faibles et petits, de ceux qui n'ont pas le pouvoir de se défendre eux-mêmes, de ceux qui ne sont pas grands ou importants. Il se fait proche de ceux qui sont seuls et sans défense, de ceux qui ne connaissent ni l'amour ni l'amitié de personne.

L'habitude parmi nous c'est de vouloir aimer ceux qui nous apprécient et nous aiment vraiment, d'être affectueux et attentifs à l'égard de notre famille et de nos amis et ensuite de vivre dans l'indifférence à l'égard de ceux que nous ressentons comme des étrangers et des marginaux dans notre petit monde d'intérêts. Cependant, ce qui distingue le disciple de Jésus, ce n'est pas n'importe quel "amour", mais justement cette manière d'aimer qui consiste à se rapprocher de ceux qui peuvent avoir besoin de nous. Nous ne devons pas l'oublier.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

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