MARTYR FIDÈLE

Jésus-Christ, Roi de l'univers – Année C

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »  (Lc 23,35-43)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Nous, chrétiens, avons donné au Crucifié différents noms : "rédempteur", "sauveur", "roi", "libérateur". Nous pouvons nous approcher de lui avec gratitude : il nous a sauvés de la perdition. Nous pouvons le contempler avec admiration : personne ne nous a jamais autant aimés. Nous pouvons l'embrasser pour trouver en lui la force au milieu de nos souffrances et de nos peines.

Parmi les premiers chrétiens, il était aussi appelé "martyr", c'est-à-dire "témoin". Un texte appelé Apocalypse, écrit vers l'an 95, voit dans le Crucifié le "martyr fidèle", le "témoin fidèle". Depuis la croix, Jésus se présente à nous comme un témoin fidèle de l'amour de Dieu et aussi d'une existence identifiée aux plus petits. Nous ne devons pas l'oublier.

Il s'est tellement identifié aux victimes innocentes qu'il a fini comme elles. Sa parole était dérangeante. Il était allé trop loin en parlant de Dieu et de sa justice. Ni l'Empire ni le temple ne pouvaient le tolérer. Il devait être éliminé. Peut-être qu'avant que Paul ne commence à élaborer sa théologie de la croix, parmi les pauvres de Galilée, il y avait cette conviction : "Il est mort pour nous", "pour nous avoir défendu jusqu'au bout", "pour avoir osé parler de Dieu comme défenseur des plus petits".

En regardant le Crucifié, nous devrions instinctivement nous souvenir de la douleur et de l'humiliation de tant de victimes inconnues qui, tout au long de l'histoire, ont souffert, souffrent et souffriront, oubliées de presque tous. Ce serait une moquerie d'embrasser le Crucifié, de l'invoquer ou de le vénérer alors que nous vivons indifférents à toute souffrance autre que la nôtre.

Le crucifix disparaît de nos maisons et de nos institutions, mais les crucifiés sont toujours là. Nous pouvons les voir tous les jours sur n'importe quel journal télévisé. Nous devons apprendre à vénérer le Crucifié non pas dans un petit crucifix, mais dans les victimes innocentes de la faim et des guerres, dans les femmes assassinées par leur partenaire, dans les immigrants qui se noient lorsque leur bateau coule.

Confesser le Crucifié, ce n'est pas seulement faire de grandes professions de foi. La meilleure façon de l'accepter comme Seigneur et Rédempteur est de l'imiter en nous identifiant aux personnes qui souffrent injustement.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

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