Le sacrement du baptême est un élément commun à toutes les Églises chrétiennes. Mais il y a une pluralité de conceptions sur la manière de le réaliser et de le comprendre. Les Baptistes et les Assemblées de Dieu considèrent que le baptême, pour être valide, doit se faire en plongeant le catéchumène dans l'eau comme le faisait Jean-Baptiste. L'Église Unie de Pentecôte considère invalide le baptême lors duquel on n'a pas utilisé l'expression des Actes 2, 38, je te baptise au nom de Jésus-Christ. Pour les Adventistes, le baptême signifie seulement notre mort au péché et la proclamation publique de notre conversion et de notre foi chrétienne, alors que pour nous, les Catholiques, il est aussi purification de tout péché et don de la vie même de Dieu. D'autres affirment que le baptême d'eau ne suffit pas et qu'il faut recevoir encore le baptême du Saint-Esprit, etc.

Alors que faut-il croire dans tout cela ? Essayons de voir dans ce chapitre ce que la Bible nous enseigne sur le baptême chrétien et quelle est à ce propos la tradition de l'Église depuis le début du christianisme. Cela nous éclairera.

1. Le baptême de Jean-Baptiste n'est pas la même chose que le baptême des chrétiens

Il est vrai que Jean baptisait des adultes dans les eaux du Jourdain, et même Jésus fut baptisé par lui. Mais, quelle est la signification du baptême de Jean ?

Jean-Baptiste était le précurseur de Jésus, notre Sauveur. Il commença à prêcher la pénitence et la conversion des péchés pour que les gens reçoivent d'un cœur purifié le Messie qui était sur le point de venir. En signe de cette conversion et repentance, Jean invitait les gens à réaliser un geste symbolique : le baptême dans les eaux du fleuve Jourdain. C’est ainsi qu’ils exprimaient leur conversion et leur volonté de changer de vie, en vue de se préparer à accueillir le Messie (cf. Mc 1, 3).

Jésus aussi Lui qui n'avait pas de péché, se fit baptiser par Jean. Il n'avait pas besoin de ce baptême, mais il voulut se mettre dans la file des pêcheurs nous montrer son accord avec le message de conversion prêche par Jean-Baptiste et sa solidarité avec les hommes pêcheurs qu'il venait sauver. Mais Jean savait que son baptême n’était pas définitif, c'est pourquoi il dit : “ Moi je vous baptise dans l'eau en vue d’une conversion, mais après moi vient quelqu'un qui est plus grand que moi. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu" (Mt 3, 11). Ces textes nous montrent qu'il s’agit là de deux baptêmes différents, autrement dit, le baptême de Jean n’a pas le même sens que le baptême chrétien confié par Jésus à ses apôtres. (cf. Ac 18, 24-25 et Ac 19, 1-3). .

À ce propos, certains chrétiens ne veulent reconnaître que le baptême par immersion parce que Jésus fut baptisé ainsi dans les eaux du Jourdain.

C’est vrai, les apôtres ont d'abord imité les gestes des groupes comme celui de Jean-Baptiste pour réaliser le baptême chrétien (cf. Ac 8, 38). Et le baptême par immersion, qui a une grande force symbolique, est toujours admis et pratiqué dans l'Église Catholique.

Mais plusieurs raisons vont conduire cette Église à adopter d'autres manières de baptiser. En voici quelques-unes :

* Nulle part dans l'Évangile, le Christ ne donne aux apôtres des consignes sur la façon concrète dont ils devront baptiser ;

* La croissance du nombre de baptisés et l'extension géographique de l'Église jusque dans des pays où l'eau est rare ;

* Les premiers chrétiens baptisaient dans des rivières car ils n'avaient pas d'église pour se réunir. Mais lorsqu'il y eut des églises, c’était difficile de faire le baptême par immersion, surtout pour les adultes.

C'est donc pour ces motifs que, même si le baptême par immersion est admis et pratiqué dans l’Église Catholique, celle-ci a adopté, depuis les premiers siècles, d'autres manières légitimes de baptiser.

Voici ce que dit à cet égard la Didaké (un des plus anciens documents de l'Église, écrit entre les années 80 et 120) : “Baptisez dans l’eau vive (= l’eau courante). S'il n'y a pas d'eau vive, baptisez dans une autre eau. Et s’il n’y en a pas, versez de l'eau sur la tête trois fois, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit".

Par conséquent, quelle que soit la manière de baptiser avec l'eau (par immersion, par ablution ou par aspersion), le baptême fait de nous tout autant des créatures nouvelles en Jésus-Christ (2 Co 5, 17).

2. Quel est le baptême institué par Jésus-Christ ?

Jésus ressuscité, avant de monter au ciel, dit à ses apôtres : “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit" (Mt 28, 19). Et en Marc 16, 16, il dit : “Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé”.

Les apôtres et les premiers chrétiens savaient que le baptême de Jésus était différent de celui de Jean-Baptiste et qu'il avait un sens plus profond. Ils étaient conscients d'avoir reçu un mandat du Christ ressuscité et, dès qu’ils commencèrent la prédication de l’Évangile, ils baptisaient tous ceux qui croyaient en Jésus-Christ.

Le baptême institué par Jésus-Christ signifie avant tout une nouvelle naissance, une nouvelle vie. Être baptisé, c'est être plongé (‘baptizein’ en grec = plonger) dans la mort du Christ pour vivre avec lui d'une vie nouvelle (cf. Rm 6, 3-4). L’eau que la parole accompagne n’est que le signe visible d’une réalité dont la signification est la nouvelle naissance dans le Christ et l’Esprit. Rappelons la parole de Jésus à Nicodème : “Si l’on n’est pas ne de l’eau et de l’Esprit, on ne peut pas entrer dans le Royaume de Dieu" (Jn 3, 5).

3. En quoi consiste cette nouvelle naissance ?

Par le baptême chrétien nous naissons à la vie de Dieu

Personne ne se donne la vie et, de même que nous recevons d'autres personnes cette vie selon la chair, nous recevons de l'Esprit la vie des enfants de Dieu. Par le baptême chrétien, “nous devenons participants de la nature divine” (2P 1, 4) et “nous sommes enfants de Dieu" (Rm 8, 16 ; Ga 4, 5-6).

Désormais nous portons pour toujours, gravé dans nos cœurs, le sceau de Dieu et nous pouvons nous adresser à lui en disant : “Abba ” (papa), “ Père”. Désormais, Dieu notre Père nous couvre de son amour et, par son Esprit, est à l’œuvre au plus profond de notre être. C'est là le plus grand cadeau que l'on puisse recevoir sur cette terre.

Par le baptême nous sommes incorporés au Christ

C'est-à-dire nous sommes membres du Christ ; nous devenons chrétiens : “ Vous le savez, nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons été plongés. Par ce baptême dans sa mort, nous avons été mis en terre avec lui, et de même que le Christ a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous commençons une vie nouvelle" (Rm 6, 3-4).

Il est vrai que le baptême est un engagement de l'homme avec Dieu dans le Christ. Mais la réciproque est encore plus vraie : le baptême est aussi et surtout un engagement de Dieu à notre égard. Par la mort et la résurrection du Christ, Dieu nous purifie de tout péché et nous fait partager sa propre vie en répandant sur nous son Esprit Saint. “ Vous êtes fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ, et vous avez revêtu le Christ, vous tous qui avez été donnés au Christ par le baptême... Et, si vous êtes au Christ, tous vous êtes devenus un dans le Christ" (Ga 3, 26-28).

Cela veut dire que par le baptême nous avons été greffes au Mystère Pascal du Christ : nous sommes morts et enterrés avec lui pour ressusciter avec lui à une vie nouvelle.

Le baptême nous donne le Saint-Esprit

Jean-Baptiste avait dit : “ Moi, je baptise dans l'eau, mais le Messie vous baptisera dans l'Esprit Saint ” (Mc 1, 8). Jésus lui-même annonce que pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut naître de l’eau et de l’Esprit (cf. Jn 3, 5). Paul écrit à son ami Tite : “ Ce n'est pas à cause de nos mérites qu'il nous a sauvés... mais par le bain de la seconde naissance, avec le renouveau de l'Esprit Saint qu'il a largement répandu sur nous grâce à Jésus-Christ notre Sauveur ” (Tt 3, 5-6).

S'il n'y a donc qu’un seul baptême qui nous sauve et qui nous donne le Saint-Esprit, celui de Jésus, que faut-il penser de ceux qui disent que cela ne suffit pas et qu'il faut encore recevoir le “baptême du Saint- Esprit " ?

L’expression baptême du Saint-Esprit ne se trouve qu’une fois dans la Bible : “ Jean a baptisé dans l’eau, et vous d'ici peu, vous serez baptisés dans l'Esprit Saint " (Ac 1, 5). Par ces mots, Jésus ne parle pas d’un autre baptême, mais de l'Esprit Saint qu'ils vont recevoir le jour de la Pentecôte (Ac 2). À la Pentecôte, Pierre dit à la foule : “ Que chacun se fasse baptiser... Alors vous recevrez le don du Saint-Esprit " (Ac 2, 38).

Mais, après le baptême, nous avons encore à recevoir les grâces de l’Esprit Saint. Les Apôtres imposaient les mains sur les nouveaux baptisés pour leur donner le Saint-Esprit (Ac 8, 17-19 ; Ac 19, 6). C'est le geste du sacrement de confirmation qui “confirme " et rend plus “ fermes ” les grâces reçues au baptême.

Des chrétiens font aussi une expérience très forte du Saint-Esprit, ils se sentent envahis de sa force, de sa lumière, de sa joie, de sa paix et ils le manifestent même par une intense vie de prière. Certains appellent cette expérience spirituelle “baptême du Saint-Esprit". Il serait mieux de l’appeler “ effusion du Saint-Esprit ” pour ne pas créer de confusion avec l’unique “ baptême dans l'eau et l'Esprit Saint ” institué par le Christ.

Par le baptême nous devenons membres du Corps du Christ qu’est l’Église

“ Les membres sont nombreux mais il n’y a qu'un seul corps et quel que soit leur nombre, les membres du corps sont un seul corps. Il en est de même du Christ. Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit ” (1 Co 12, 12-13).

Ainsi donc, par le baptême nous sommes un dans le Christ, un seul peuple formé par toutes les races et toutes les nations sans exception.

Appartenir à l'Église n'est pas la même chose qu'adhérer à un club quelconque. Les baptisés forment une seule famille et sont des frères.

“Qu'il y ait un seul corps et un seul esprit, tout comme vous avez été appelés à une même espérance : un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous ” (Ep 4, 4-6).

4. Qu'est-il exigé de ceux qui reçoivent le baptême ?

La première exigence, c'est la foi. Le baptême est avant tout le sacrement de la foi, par lequel l'homme manifeste son adhésion vitale à Jésus-Christ et à son Évangile. La foi est donc au centre du baptême en tant que conversion au Christ.

Dans le livre des Actes des Apôtres, nous lisons qu’un homme d'Éthiopie demanda à Philippe s'il était possible d’être baptisé ; le diacre Philippe, qui lui avait annoncé Jésus-Christ et son Évangile, voyant sa foi en Christ, fit arrêter le char à un point d'eau. Ils descendirent tous les deux dans l'eau et Philippe baptisa l’Ethiopien (cf. Ac 8, 26-39).

L’acceptation du Christ et de son Évangile par la foi est donc la première condition pour être baptisé.

Ensuite on exige l’engagement à lutter contre le mal dans toutes ses manifestations. Le baptême n’est pas pour les lâches mais pour ceux qui sont prêts à lutter contre toutes les “ forces de mort " (cf. 2 Co 2, 15). Pierre exprime cette lutte du chrétien dans l'image du lion rugissant qui attend le moment propice pour nous dévorer (cf. 1 P 5, 8-11). Paul nous propose les armes pour mener ce combat : “ Portez sur vous toutes les armes de Dieu, de façon à repousser toutes les attaques du diable.. la vérité pour ceinturon, la droiture pour cuirasse... le bouclier de la foi, le casque du salut et l'épée de l’Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu " (Ep 6, 11-17).

5. Les conséquences du baptême : mener une vie nouvelle en étant les témoins du Christ

“Vous recevrez la force de l'Esprit Saint : il descendra sur vous et vous serez mes témoins... jusqu'au bout du monde " (Ac 1, 8).

Comme disait Saint Paul à Timothée, ce témoignage de vie nouvelle se manifeste dans une existence marquée par “ la droiture, la piété, la foi, la charité, la patience, l’humilité ; en menant le bon combat de la foi, gagnant ainsi la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et pour laquelle tu as fait une bonne profession de foi en présence de nombreux témoins " (1 Tm 6, 11-12).

Par le baptême nous sommes devenus les “ ambassadeurs du Christ " et nous devons témoigner du Christ avec courage “ car l'Esprit que Dieu nous a donné n'est pas timidité, mais force, amour et maîtrise de soi. Donc n’aie pas honte de témoigner de Jésus-Christ... Sois capable de souffrir pour l’Évangile avec la force de Dieu. " (2 Tm 1, 7-8).

Arrivés à la fin de ce chapitre, nous constatons que le baptême chrétien est quelque chose de grand ; c'est sans doute le plus grand et le plus beau cadeau que l'on puisse recevoir. Mais, en même temps, c’est l’engagement le plus exigeant que l'on puisse prendre. C'est pourquoi, il faut vraiment prendre au sérieux cette réalité et mener toujours et partout une vie cohérente avec notre condition de baptisés.

Pour réfléchir

1. Quelle était la signification du baptême de Jean-Baptiste ?

2. Était-ce pareil à notre baptême ?

3.. Au nom de qui baptisons-nous ?

4. Quel fut le mandat de Jésus concernant le baptême ?

5. Que dit Jean-Baptiste à ce propos ?

6. Comment les premiers chrétiens captaient-ils cette différence ?

7. Comprenaient-ils que le baptême de Jésus était plus profond que celui de Jean ?

8. En quoi consiste cette “nouvelle naissance" ?

9. Qu’implique la conversion au Christ préalable au baptême ?

10. Comment le baptisé exprime-t-il cette conversion au Christ ?

11. Le baptême est-il un grand cadeau de Dieu ? Pourquoi ?

Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999

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