L’adoration

La première attitude de l’homme face à Dieu est l’adoration. Dieu est tellement grand qu’il suscite l’émerveillement, l’admiration, le respect, parfois la peur. Ceux qui voient un signe de sa présence sont fascinés et ont besoin de se prosterner.

« Le Seigneur apparut à Abraham… Abraham aperçut trois hommes debout devant lui. Il accourut à leur rencontre et se prosterna jusqu’à terre » (Gen. 8, 2). De même Moïse « s’agenouilla à terre et se prosterna » (Ex 34, 8 ; voir Neh 8, 6).

« Je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui … Ils se criaient l’un à l’autre : Saint, Saint, Saint le Seigneur tout-puissant. Sa gloire remplit la terre » (Is 6,1-3).

Se prosterner dans un élan du corps, mais aussi du cœur et de la volonté, c’est reconnaître que Dieu est un être unique. Rien ne peut lui être comparé. Il est infiniment plus grand que toutes les créatures.

Nous lisons que les apôtres, ayant vu Jésus marcher sur l’eau, se prosternèrent devant lui en disant : « Vraiment tu es le Fils de Dieu » (Mat 14, 33). Le lépreux guéri se prosterna (Luc 17,16) ; de même l’aveugle-né (Jean 9,38). Thomas l’incrédule, voyant Jésus ressuscité, s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jean 20,28).

A la Samaritaine Jésus dit : « Le Père cherche de vrais adorateurs en esprit et en vérité » (Jean 4, 23-24).

Notre adoration passe par le Christ qui, seul, peut adorer parfaitement le Père :

« Par lui, avec lui et en lui,
A toi, Dieu le Père tout-puissant ;
Dans l’unité du Saint-Esprit
Tout honneur et toute gloire,
Pour les siècles des siècles. »

L’adoration célèbre surtout la majesté et les perfections infinies de Dieu : sainteté, amour, vérité, sagesse, puissance, justice, miséricorde, bonheur …

Et, pour les chrétiens, il faut ajouter le mystère de la Sainte Trinité que Jésus nous a révélé, mais que nous ne pouvons pas comprendre par notre seule intelligence : en Dieu, unique, il existe trois Personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ces Personnes s’aiment tellement qu’elles ne font qu’un.

De plus, nous avons la chance inouïe d’avoir dans les églises la Présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement. Il demeure au milieu de nous, tel qu’il était sur la terre et tel qu’il vit maintenant dans la gloire du Ciel. Si nous en avons la possibilité, venons l’adorer, le remercier et lui exposer nos besoins et ceux du monde.

Comme attitude corporelle, nous pouvons nous tenir à genoux ou assis, devant l’autel. En entrant et en sortant, il est de coutume de faire une génuflexion ou une inclinaison.

Telle est l’adoration qui résume l’attitude fondamentale de tout croyant : admirer Dieu pour ce qu’il est en lui-même, l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. (Deut 6, 5 ; Mat 22, 37). L’adoration nous évite d’être centrés sur nous-mêmes.

Grâce à l’Esprit Saint nous pouvons, nous aussi, devenir des êtres d’adoration.

Ajoutons que l’Esprit Saint nous fait désirer ce que nous ne connaissons pas bien. Adorer c’est aussi désirer voir Dieu. Le psaume 63 exprime la soif de Dieu : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi ».

Mais sur cette terre voir Dieu n’est pas possible. Moïse dit à Dieu : « Fais-moi voir ta face. Dieu répond : Tu ne peux pas me voir en face ; car l’homme ne peut pas me voir et vivre ». (Ex 33,18-23)

Voir Dieu tel qu’il est, est réservé à la vie future. D’ici là nous vivons dans l’attente et le désir. « Je veux voir Dieu », disait Ste Thérèse d’Avila, quand elle était enfant.

La louange

La louange est proche de l’adoration mais elle évoque plutôt l’œuvre et la bonté du Créateur : les anges, le monde où nous sommes, l’homme, l’histoire du peuple élu, le salut apporté par Jésus Christ, l’Église et enfin la vie future.

Beaucoup de psaumes chantent la louange de Dieu : Ps 33, 34, 113, etc… « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ! A lui haute gloire, louange éternelle ! » (Daniel 3)

A la naissance de Jésus, les anges célèbrent la grandeur de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » (Luc 2, 14) .

Jésus loue son Père en notre nom. « Jésus exulta sous l’action de l’Esprit Saint et dit :Je te bénis (ou je te loue) Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Luc 10, 21).

En enseignant le Notre Père, Jésus nous apprend que la louange (Que ton règne vienne) doit précéder la demande (Donne-nous).

Nous avons beaucoup de raisons de louer Dieu. Les groupes du Renouveau ont remis en valeur la prière de louange et de bénédiction, en donnant la priorité à la joie et à l’amour.

La louange peut être exprimée par des gestes, par exemple élever les mains vers le ciel, faire des processions, des offrandes …

La danse elle-même peut être une forme de louange, à condition de lui garder un caractère sacré : « David et toute la maison d’Israël dansaient de toutes leurs forces devant le Seigneur, au son des instruments » (2 Sam 6, 5).

La prière d’adoration et de louange – de nos oraisons personnelles ou des liturgies – annonce la célébration sans fin de la vie future.

« La méditation de notre vie présente doit consister à louer Dieu. Car la joie éternelle de notre vie future sera louange de Dieu. Personne ne pourra être adapté à la vie future si on ne s’y exerce pas dès maintenant…

La période avant Pâques symbolise l’épreuve où nous sommes maintenant. Ce que nous célébrons dans les jours qui suivent Pâques symbolise le bonheur qui sera plus tard le nôtre… Nous abandonnons le jeûne et nous vivons dans la louange. Tel est le sens de l’Alléluia que nous chantons » (Saint Augustin)

L’action de grâce

Après avoir adoré Dieu et l’avoir loué, il est normal que nous lui disions Merci pour tout ce qu’il nous a donné, et d’abord de nous avoir aimé de toute éternité : « Tu as du prix à mes yeux. Tu comptes pour moi et je t’aime » dit le Seigneur (Is 43, 4).

Beaucoup de psaumes montrent l’élan de la créature et sa reconnaissance. Le psaume 136 (le grand Hallel) remercie le Seigneur pour tout, mais particulièrement pour ses prévenances envers le peuple choisi : la délivrance de l’Égypte, le miracle de la Mer Rouge. Et il conclut : « A toute chair il donne le pain ».

Dieu s’occupe de chacun :

Je t’exalte, toi qui me relèves (Ps 30)
Il s’est penché vers moi, il écoute mon cri (Ps 40)
Lui seul est mon rocher, mon salut (Ps 61)
Bénis le Seigneur, ô mon âme
N’oublie aucun de ses bienfaits,
Lui qui pardonne toutes tes offenses,
Qui te guérit de toute maladie (Ps 103)

Nous aussi, nous pouvons dire :

Merci pour la terre, le soleil, la pluie, les arbres, les plantes, les fleurs, les animaux, merci pour la nourriture…

La télévision japonaise a montré ce cultivateur qui, avant de commencer la récolte, descend de sa machine, s’assoit par terre sur ses talons, ouvre les mains et dit : « Je reçois ».

Merci pour notre corps, si extraordinairement organisé, pour la santé… Merci pour ma vocation unique, pour le bonheur infini que tu me promets.

Merci pour l’amour des hommes et des femmes qui transmettent la vie, pour les enfants, pour les familles, pour la joie de la vie en commun…

Merci surtout pour Jésus, ton Fils bien-aimé, venu se faire semblable à nous. Merci pour sa parole, pour son sang qu’il a bien voulu répandre en sacrifice saint qui « nous purifie de tout péché » (Jean 1,7). « Par ses plaies nous sommes guéris » (1Pierre 2, 24).

Merci pour le Pain de Vie. « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 56).

En pensant à tout cela Saint Paul s’écrie : « Béni soit Dieu qui nous a choisis dans le Christ, dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs, par Jésus Christ » (Eph 1, 3-5).

Toutes nos actions de grâce sont rassemblées dans la grande prière de l’Eucharistie, qui commence par ces mots : « Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ Notre Seigneur ». Ensuite, suivant les périodes de l’année liturgique, on remercie pour un point particulier de l’œuvre du salut.

Dans la prière eucharistique pour les assemblées d’enfants, le prêtre dit : « Sois loué pour tout ce qui est beau dans le monde et pour la joie que tu mets en nous. Tu nous aimes tellement que tu inventes pour nous ce monde immense et beau. Tu nous donnes ton Fils Jésus pour nous conduire à toi ».

Remercier, même dans l’épreuve.

Un missionnaire à Madagascar était découragé par certaines difficultés. Il entre à l’église pour se plaindre au Seigneur.

Il voit un lépreux, aveugle par surcroît, prier à haute voix, pensant qu’il était seul :

« Merci, mon Dieu, pour la vie que tu m’as donnée.
Merci pour la joie que tu mets dans mon cœur.
Merci pour cette maladie, qui m’a permis de te rencontrer.
Merci pour ta grandeur et ton amour ».

Le missionnaire a eu honte de sa faiblesse. Il est parti réconforté.

Au Brésil, une pauvre femme chante dans la rue en tenant un pain dans la main : "Merci mon Dieu, tu m'as donné mon pain de ce jour et demain tu me le donneras aussi".

En fait, dans l’oraison, on passe souvent de l’adoration à la louange et à l’action de grâce. Peu importe.

Terminons par ces conseils de St Paul : « Soyez toujours dans la joie. Rendez grâce à Dieu en toute circonstance » (1 Thes. 5, 16-18). « Chantez à Dieu dans vos cœurs votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l’Esprit. Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père » (Col. 3, 16-17).

A la suite de cet entretien, on pourrait inviter chacun à composer une prière d’action de grâce.

La prière de repentir

Le thème de la conversion est fréquent chez les prophètes : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil » (Joël 2, 12-13). Pour Achab, le jeûne est le signe du regret et déjà une forme de réparation (Rois 21, 27). Salomon, installant l’Arche dans le nouveau temple, prie d’avance le Seigneur de pardonner quand le peuple sera infidèle (1Rois 8, 30-50). (Voir Daniel 9, 3-5).

De nombreux psaumes contiennent des prières de repentance. La plupart sont de forme individuelle. Mais, même quand le psalmiste parle en son nom propre, il se sent solidaire du peuple d’Israël.

Le psaume 51 est attribué à David, suite à son adultère.

- David commence par nommer Dieu. Ensuite il reconnaît humblement sa faute. Il est pécheur depuis sa naissance.

- Après l’aveu vient une longue supplication : « Détourne ta face de mes fautes. Crée en moi un cœur pur ».

- Mais il garde la confiance, la certitude d’être sauvé, à cause de la miséricorde de Dieu.

- A la fin, comme la plupart des psaumes de ce genre, la prière s’élargit à toute la communauté : « Accorde à Sion le bonheur ».

Le psaume 79 est une prière collective. On expose la situation : Jérusalem est en ruine. Tout cela est venu à cause de nos fautes anciennes : Pitié, délivre-nous, efface nos péchés. Alors nous, ton peuple, nous pourrons proclamer tes louanges. Voir aussi les psaumes 6, 32, 38, 102, 130, 143.

Dans l’Évangile, il est souvent question de conversion. Jean-Baptiste prêche un baptême de pénitence (Mat 3, 2), exigeant une conversion effective (Luc 3, 10-14).

Jésus, commence son ministère en proclamant : « Convertissez-vous » (Marc 1, 15). « Si vous ne changez pas de vie, vous périrez tous » (Luc 13, 2-5).

Il faut se reconnaître pécheur, comme l’enfant prodigue (Luc 15, 11-32) ou le publicain (Luc 18, 9-14). Avant de guérir le paralysé, il lui remet ses péchés (Mat 9,2). Il ajoute aussi « Ne pèche plus » (Jean 5, 14 et 8, 11).

Les apôtres, à leur tour, prêchent la pénitence (Marc 6, 12 ; Luc 24-47).

Au début de chaque Eucharistie, nous sommes invités à demander pardon pour nos fautes : Seigneur, prends pitié.

Le Carême est un temps de pénitence et de conversion.

Nous sommes foncièrement pécheurs. Mais Dieu est essentiellement Père. Ce que nous considérons comme catastrophique - avec un peu de dépit parfois - ne l’est pas aux yeux de Dieu. C’est dans la mesure où nous croyons à l’amour de Dieu, où nous sommes sûrs qu’il veut nous pardonner, que nous avons le courage d’avouer nos limites et que peut fondre notre cœur. Ce que Dieu attend de nous c’est une confiance illimitée.

Une prisonnière raconte :

« J’ai été victime et après j’ai été coupable. La prison m’a permis de réfléchir et j’ai rencontré Dieu. Depuis, je ne suis plus seule. Je suis aimée telle que je suis. J’ai l’espoir, j’ai la lumière en moi. Je me dit : le reste de ma vie sera fleuri. Dieu, pour moi, est une cascade d’eau ».

Prier avec ma journée

Le soir, il est bon de revenir près du Seigneur pour revoir avec lui ce qui s'est passé aujourd'hui. Quelques mots peuvent jalonner ce temps de prière.

Me voici devant toi, Seigneur. Tu as été avec moi à chaque instant de ce jour. Je t'adore, présent dans mon cœur. Éclaire-moi par ton Esprit Saint.

Merci pour les merveilles de ton amour, pour ton travail dont j'ai été témoin en moi et autour de moi, tout ce qui allait dans le sens de l'amour, de la vie, même quand c'était difficile.

Pardon de t'avoir souvent oublié ; pardon pour mes résistances, mes duretés, mes lâchetés.

S'il te plaît, accorde-moi la grâce de t'aimer davantage, de vivre en ta présence. Je ne sais pas ce que tu me prépares pour demain, mais je dis oui d'avance. Je te fais confiance, je suis ton enfant. Fais-moi aimer ceux que je rencontrerai, comme toi tu les aimes.

Une prière filiale

« Une femme oublie-t-elle son enfant ? Même si celles-là oubliaient, moi je ne t’oublierai pas » (Is 49, 15). Jésus insiste. Dieu est meilleur que tous les pères de la terre ; sa sollicitude et sa tendresse sont infinies : le père miséricordieux (Luc 15, 11-32).

Ceux qui croient en Jésus sont réellement enfants de Dieu (Jean 1, 13 ; 1Jean 3, 1) et participent à sa nature (2 Pierre 1, 4 ; Gal 4, 7). L’Esprit murmure au fond de nos cœurs : « Abba, Père » (Rom 8, 15).

La seule prière que Jésus nous a apprise est le Notre Père. Il faut nous adresser à lui avec une confiance totale et nous faire tout petits.

Les différentes formes de prière dont nous avons parlé sont toutes bonnes, dans la mesure où elles sont d’abord filiales.

« Notre Père : Que ta volonté soit faite ».
Mon Dieu, je t’aime
Père, je t’aime
Jésus, je t'aime.

L’esprit filial se traduit par une attitude d’abandon à la Providence. Dieu s’occupe de moi.

« Il est sur cette terre un arbre merveilleux
et son fruit délectable s’appelle l’abandon.
Il me donne en ce monde un océan de paix ».
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus


Abbé Yves JAUSIONS
Diocèse de Rennes, FRANCE
Dans : Oraison sans frontières, 2006.

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