Introduction

La tradition chrétienne a développé et codifié une méthode, une pédagogie pour la lecture de la Bible. C’est la méthode de la « Lectio divina », c’est-à-dire de la « lecture de la Parole de Dieu en dialogue avec Dieu ».

On l’appelle Lectio divina parce que les textes que nous lisons contiennent ce que Dieu dit, mais aussi parce que c’est une lecture qui se fait à deux : la personne qui lit d’une part et l’Esprit du ressuscité de l’autre.

L’Esprit nous fait découvrir dans le texte de la Bible la personne vivante de Jésus, pour que nous puissions le rencontrer comme le « Seigneur » de notre vie.

La lectio divina est un chemin où ta vie et la Parole de la Bible peuvent devenir dialogue avec ton Dieu.

La « lectio divina » est une lecture d’une page de la Bible de manière à ce qu’elle devienne prière et transforme notre vie. Elle comprend quatre/cinq étapes toutes importantes. En sautant une ou certaines, ou en les parcourant en désordre, on court le risque d’une lecture stérile et sans effet.

Les étapes de la lectio divina

La lectio divina comporte traditionnellement quatre étapes auxquelles on a ajouté une, donc cinq:

  1. Lectio (la lecture)
  2. Meditatio (la méditation)
  3. Oratio (l’oraison ou la prière)
  4. Contemplatio (la contemplation)
  5. Actio (l’action)

1. Lectio

La lecture du texte pour savoir son contenu.

La question que l’on se pose est alors : Que dit en soi le texte biblique?

C’est une étape d’observations du texte. Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de nos pensées

Une lecture active

« Lecture » veut dire, lire et relire le texte en le soulignant de manière à mettre en relief ce qui est important.

Voici ce que l’on peut faire:

  • souligner par exemple les verbes en rouge.
  • encadrer les sujets pour qu’ils soient mis en évidence.
  • une petite croix ou un petit rond on attire l’attention sur les autres mots qui me frappent.
  • Quel est le lieu de l’accomplissent des actions?
  • Quel est le sujet qui agit et qui reçoit l’action?
  • Noter les mots les plus importants
  • Faire un point d’interrogation à la marge là où le sens n’est pas clair pour moi.
  • Faire un double trait pour indiquer ce qui pour moi est le point central du passage
  • Comment peut-on structurer le texte?
  • chercher à me rappeler quels sont les passages similaires dans la Bible, nous pouvons nous aider des notes marginales ou de bas de pages
  • Dans quel autre évangile ai-je trouvé un fait semblable à celui que je trouve dans ce passage ?
  • Ce qui est dit ici, existait-il sous une forme ou sous une autre dans l’Ancien Testament ? Où cela se trouve-t-il ?
  • Se retrouverait-il dans une des lettres de saint Paul ou dans d’autres livres du Nouveau Testament autres que les évangiles ?
  • On va chercher les textes similaires, on les lit et les confronte à celui que l’on a déjà travaillé, on note les ressemblances et les différences.

Tout cela aide à mieux comprendre la page que nous sommes en train de lire.

Quand la lecture est ainsi faite, nous découvrons des éléments qui nous avaient échappés à la première lecture. Nous découvrirons des choses auxquelles nous ne nous attendions pas, même pour un texte que nous connaissions presque par cœur.

2. Meditatio

La méditation pose la question suivante: Que nous dit le texte biblique?

Ici, chacun, personnellement, mais aussi en tant que réalité communautaire, doit se laisser toucher et remettre en question, car il ne s’agit pas de considérer des paroles prononcées dans le passé mais dans le présent.

La méditation est la réflexion sur ce que le texte veut nous dire, sur les sentiments et les valeurs permanentes du texte. On cherche en effet à comprendre quels jugements et propositions de valeurs sont explicites ou implicites dans les mots, les attitudes et les actions. Cette recherche se fait selon des questions comme celles qui vont suivre :

  • Comment les personnages de ce passage se sont-ils comportés ?
  • Quelle est leur attitude envers Jésus ?
  • Quels sont les sentiments de Jésus à leur endroit ?
  • Comment les paroles sont dites ?
  • Quel sens les gestes ont-ils ?

De quelle manière les sentiments et les valeurs permanentes et centrales, ceux de l’homme de tous les temps commencent-ils à émerger ?

  • la crainte,
  • la joie,
  • l’espérance
  • la peur d’avoir confiance,
  • le doute
  • la solitude.

Les attitudes de Dieu envers moi :

  • la bonté,
  • le pardon,
  • la miséricorde,
  • la patience.

La réflexion sur les sentiments et sur les valeurs devient une source de confrontation avec la situation et l’expérience personnelle de la personne qui lit :

  • Est-ce que je me reconnais dans tel ou tel personnage du récit biblique ?
  • Ai-je le désir de voir le Seigneur comme Zachée ? Ai-je un besoin ardent de salut comme Madeleine ?
  • Est-ce que je demande une aide pour avoir une plus grande foi comme le père de l’enfant épileptique ?
  • Suis-je plutôt plus proche de ce personnage qui se croit juste, qui n’accueille pas Jésus, qui l’invite pour le critiquer, pour l’examiner ?
  • Est-ce que j’accueille le pardon de Dieu ?
  • Ce que dit Jésus me fait-il peur, sans doute, parce qu’il me dérange, me contraint à changer quelque chose dans ma vie ?

3. Oratio

La prière (oratio) suppose cette autre question: Que disons-nous au Seigneur en réponse à sa Parole?

La prière est formulée par rapport aux textes qui la nourrissent. Du fait raconté dans la page biblique se révèle graduellement à moi qui l’ai médité, la présence du Seigneur : je pressens que ces mots sont une invitation personnelle qui m’est faite.

La prière commence à m’impliquer. J’entre dans les sentiments religieux que le texte évoque et suscite :

  • la louange à Dieu pour sa grandeur, pour sa bonté envers nous,
  • l’action de grâce,
  • la demande de grâces,

je demande pardon parce que face aux valeurs proposées par le passage évangélique je me trouve à défaut.

Je demande humblement à pouvoir être cohérent avec les indications données par Jésus.

J’exprime foi, espérance et charité.

La prière s’étend alors et devient prière en faveur de mes amis, de ma communauté, pour l’Eglise et pour tous les hommes.

La prière comme requête, intercession, action de grâce et louange, est la première manière par laquelle la Parole nous transforme.

4. Contemplatio

Au cours de la contemplation, nous adoptons, comme don de Dieu, le même regard que lui pour juger la réalité, et nous nous demandons: quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il?

Saint Paul, dans la Lettre aux Romains affirme: «Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait» (12, 2).

La contemplation, en effet, tend à créer en nous une vision sapientielle de la réalité, conforme à Dieu, et à former en nous «la pensée du Christ» (1 Co 2, 16).

La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement: «elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles; elle juge des intentions et des pensées du cœur» (He 4, 12).

Il est bon, ensuite, de rappeler que la Lectio divina ne s’achève pas dans sa dynamique tant qu’elle ne débouche pas dans l’action (actio).

5. Actio

L’action porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité.

Il s’agit d’obéir à ce que le Christ a dit au scribe à la fin de la parabole sur le Bon Samaritain: « Va et toi aussi fais de même. »

La personne qui agit selon la Parole de Dieu devient Parole de Dieu faite chair.

« 22 Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s'abusent eux-mêmes ! 23 Qui écoute la Parole sans la mettre en pratique ressemble à un homme qui observe sa physionomie dans un miroir. 24 Il s'observe, part, et oublie comment il était. 25 Celui, au contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient attaché, non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en pratique, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant. » (Jc 1,22-25)

Conclusion

La lecture divine des évangiles avec les quatre étapes qu’elle comporte devient non seulement une « école de prière » mais aussi une « école de vie ». En effet, avoir fait personnellement l’expérience de Jésus comme Sauveur et libérateur change inévitablement ma vie, mes jugements mes principes de vie.

J’arrive à une confession de foi pratique, une foi vécue dans mes choix quotidiens, et qui dit que Jésus est le Seigneur de mon histoire, de l’histoire de tous les hommes, le Seigneur du monde.

Abbé Jean Emmanuel KONVOLBO
Archidiocèse de Ouagadougou
Juillet 2012

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