S’ARRÊTER

8ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître.
Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ?
Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. (Lc 6,39-45)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Nos villes et villages offrent aujourd'hui un climat peu favorable à ceux qui veulent trouver un peu de silence et de paix pour se rencontrer avec eux-mêmes et avec Dieu. Il n'est pas facile de se libérer du bruit constant et de l’assaut permanent de toute sorte d'appels et de messages. Par ailleurs, les soucis, les problèmes et la hâte de chaque jour nous mènent d'un côté à l'autre sans nous permettre d’être maîtres de nous-mêmes

Même dans notre propre foyer, envahi par la télévision et cadre de multiples tensions, il n’est pas facile de trouver la quiétude et le recueillement nécessaires pour nous retrouver avec nous-mêmes ou pour se reposer joyeusement devant Dieu.

Eh bien, précisément, dans ces moments où nous avons plus que jamais besoin de lieux de silence, de recueillement et de prière, nous les croyants, nous gardons souvent nos temples et nos églises fermés une bonne partie de la journée.

Nous avons oublié ce que c'est que de nous arrêter, d'interrompre notre hâte de quelques minutes, de nous libérer quelques instants de nos tensions et de nous laisser pénétrer par le silence et le calme d'un lieu sacré. Beaucoup d’hommes et de femmes seraient surpris de découvrir qu’il suffit souvent de s’arrêter et de garder le silence pendant un certain temps, pour calmer son esprit et retrouver la lucidité et la paix.

Combien avons-nous besoin, nous, hommes et femmes d'aujourd'hui, de trouver ce silence qui nous aide à entrer en contact avec nous-mêmes pour recouvrer notre liberté et toute notre énergie intérieure.

Habitués au bruit et à l'agitation, nous ne soupçonnons pas le bien-être que procurent le silence et la solitude. Avides de nouvelles, d'images et d'impressions, nous avons oublié que c’est seulement ce que nous sommes capables d'écouter au plus profond de notre être qui peut vraiment nous nourrir et enrichir.

Sans ce silence intérieur, on ne peut pas écouter Dieu, reconnaître sa présence dans notre vie et grandir de l'intérieur en tant qu'êtres humains et en tant que croyants. Selon Jésus, la personne « tire le bien de la bonté qu’il garde dans son cœur ». Le bien ne jaillit pas de nous-mêmes spontanément. Nous devons le cultiver et le faire pousser au plus profond de notre cœur. Beaucoup de personnes commenceraient à transformer leur vie si elles acceptaient de s’arrêter pour écouter tout ce que Dieu suscite de bon dans le silence de leur cœur.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv