FACE AU MYSTÈRE DE L’ENFANT

Nativité du Seigneur – Année C

 

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.
Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;
car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. (Jn 1,1-8)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Nous, les hommes, nous finissons toujours par nous habituer à presque tout. Souvent, l'habitude et la routine vident notre existence, de vie. Ch. Péguy a dit « qu il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme perverse : c'est d'avoir une âme habituée à presque tout ». C'est pourquoi nous ne pouvons pas être surpris que la célébration de Noël, enveloppée d’une superficialité et d’un consumérisme insensés, ne dise presque rien de nouveau ni de joyeux à tant d'hommes et de femmes à « l'âme habituée ».

Nous sommes habitués à entendre que "Dieu est né dans une crèche à Bethléem". Nous ne sommes plus surpris ou émus par un Dieu qui s’offre comme un enfant. Antoine de Saint-Exupéry l’a bien dit dans le prologue de son délicieux "Le Petit Prince" : « Toutes les personnes âgées ont été des enfants auparavant. Mais peu s'en souviennent. » Nous oublions ce que veut dire être des enfants. Et nous oublions que le premier regard de Dieu en s’approchant du monde a été un regard d'enfant.

Mais c'est justement celle-là la grande nouvelle de Noël. Dieu est et reste Mystère. Mais maintenant, nous savons que ce n’est pas un être ténébreux, troublant et redoutable, mais quelqu’un qui se présente à nous comme un être proche, vulnérable, attachant, tendre et transparent comme un enfant.

C'est-là le message de Noël. Il nous faut sortir à la rencontre de ce Dieu, il nous faut changer le cœur, devenir des enfants, renaître, retrouver la transparence du cœur, nous ouvrir avec confiance à la grâce et au pardon.

Malgré notre superficialité terrifiante, notre scepticisme et notre désenchantement et, surtout, notre égoïsme inavoué et notre mesquinerie d’ « adultes », il existe toujours dans nos cœurs un coin intime dans lequel nous n’avons pas encore cessé d’être des enfants.

Osons, ne serait-ce qu’une fois, nous regarder avec simplicité et sans réserves. Faisons un peu de silence autour de nous. Éteignons le téléviseur. Oublions notre stress, notre nervosité, nos achats et nos engagements.

Écoutons dans notre intérieur ce "cœur d'enfant" qui ne s'est pas encore fermé à la possibilité d'une vie plus sincère, plus aimable et plus confiante en Dieu. Il se peut que nous commencions à percevoir notre vie différemment. « On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux » (A. Saint-Exupéry).

Et surtout, il se peut que nous entendions un appel à renaître à une foi nouvelle. Une foi qui ne stagne pas mais qui rajeunit; qui ne nous enferme pas en nous-mêmes mais nous ouvre; qui ne sépare pas mais unit; qui n'a pas peur mais qui fait confiance; qui n'attriste pas mais illumine; une foi qui n'a pas peur mais qui aime.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv