CE QUI EST DÉCISIF

Jésus-Christ, Roi de l’Univers – Année B

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jean 18, 32-37)

Le jugement contre Jésus eut lieu probablement dans le palais où résidait Pilate lorsqu’il venait à Jérusalem. C’est là qu’un matin du mois d’avril de l’année 30, se retrouvent un condamné sans défense appelé Jésus et le représentant du puissant système impérial de Rome.

L’évangile de Jean relate le dialogue entre eux. En réalité, plus qu’un interrogatoire, cela ressemble à un discours de Jésus pour éclairer certains thèmes qui intéressent beaucoup l’évangéliste. A un moment donné, Jésus fait cette proclamation solennelle : « Je suis né et je suis venu dans ce monde pour cela : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix ».

Cette affirmation recueille un trait fondamental qui définit la trajectoire prophétique de Jésus : sa volonté de vivre dans la vérité de Dieu. Jésus, non seulement dit la vérité, mais il cherche la vérité d’un Dieu qui désire un monde plus humain pour tous ses fils.

C’est pourquoi Jésus parle avec autorité, mais sans autoritarisme. Il parle avec sincérité, mais sans dogmatismes. Il ne parle pas comme les fanatiques qui essaient d’imposer leur vérité. Il ne parle pas non plus comme les fonctionnaires, qui la défendent par obligation, même s’ils n’y croient pas. Il ne se sent jamais le gardien de la vérité mais son témoin.

Jésus ne fait pas de la vérité de Dieu un objet de propagande. Il ne l’utilise pas pour son propre profit, mais pour la défense des pauvres. Il ne tolère pas le mensonge ou la justification de l’injustice. Il ne supporte pas les manipulations. Jésus devient ainsi « la voix des sans voix, et la voix contre ceux qui ont trop de voix » (Jon Sobrino)

Cette voix devient plus nécessaire que jamais dans notre société prise dans une grave crise économique. L’occultation de la vérité est l’un des plus fermes principes de l’action des pouvoirs financiers et de la gestion politique soumise à ses exigences. On veut nous faire vivre la crise dans le mensonge.

On fait tout ce qui est possible pour occulter la responsabilité des principaux agents de la crise et l’on ignore de manière perverse la souffrance des victimes les plus faibles et vulnérables. Il est urgent d’humaniser la crise en mettant au cœur de notre attention la vérité de ceux qui souffrent ; une attention prioritaire à leur situation qui devient de plus en plus grave.

C’est la première vérité exigible à tout le monde si nous ne voulons pas devenir inhumains. C’est la première donnée, préalable à tout. Nous ne pouvons pas nous habituer à l’exclusion sociale et au désespoir dans lequel sont en train de sombrer les plus faibles. Nous qui suivons Jésus, nous devons entendre sa voix et sortir instinctivement en défense des laissés-pour-compte. Celui qui appartient à la vérité, écoute sa voix.

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