ATTIRÉS PAR LE PÈRE VERS JÉSUS

19ème dimanche Temps ordinaire – Année B

En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : “Je suis descendu du ciel” ? »
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous.
Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Il est écrit dans les prophètes : ‘Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.’ Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi.
Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.
Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jean 6, 41-51)

D’après le récit de Jean, Jésus répète de plus en plus ouvertement qu’il vient de Dieu pour offrir à tous une nourriture qui donne la vie éternelle. Les gens ne peuvent pas continuer à entendre quelque chose de si scandaleux sans réagir. Ils connaissent ses parents. Comment peut-il alors dire qu’il vient de Dieu ?

Personne ne peut être étonné de leur réaction. Est-il raisonnable de croire en Jésus-Christ ? Comment croire que dans cet homme concret, né peu de temps avant la mort d’Hérode le Grand et connu par son activité prophétique dans la Galilée des années trente, s’est incarné le Mystère insondable de Dieu ?

Jésus ne répond pas à leurs objections. Il va directement à la racine de leur incrédulité : « Cessez de murmurer ». C’est une erreur que de résister à la nouveauté radicale de sa personne en s’obstinant à croire qu’ils connaissent déjà tout sur sa véritable identité. Il leur montre le chemin qu’ils peuvent suivre.

Jésus présuppose que personne ne peut croire en lui s’il ne se sent pas attiré par sa personne. C’est vrai. Peut-être, nous le comprenons mieux aujourd’hui à partir de notre culture. Il ne nous est pas facile de croire à des doctrines ou à des idéologies. La foi et la confiance s’éveillent en nous lorsque nous nous sentons attirés par quelqu’un qui nous fait du bien et qui nous aide à vivre.

Mais Jésus attire leur attention sur quelque chose de très important. « Personne ne peut m’accepter, moi, si le Père qui m’a envoyé, ne le lui accorde ». C’est Dieu lui-même qui produit l’attraction vers Jésus. Le Père qui l’a envoyé au monde éveille notre cœur pour que nous nous rapprochions de Jésus joyeux et confiants, en dépassant les doutes et les résistances.

C’est pour cela qu’il nous faut entendre la voix de Dieu dans notre cœur et nous laisser conduire par lui vers Jésus. Nous laisser instruire docilement par ce Père, Créateur de la vie et Ami de l’être humain : « Celui qui écoute le Père et qui reçoit son enseignement, m’accepte moi-même »

L’affirmation de Jésus a un effet révolutionnaire pour les juifs de son temps. La tradition biblique disait que l’être humain écoute dans son cœur l’appel de Dieu à accomplir fidèlement la Loi. Le prophète Jérémie avait formulé ainsi la promesse de Dieu : « Je mettrai ma Loi au-dedans de vous et je l’écrirai dans votre cœur »

Les paroles de Jésus nous invitent à vivre une expérience différente. La conscience n’est pas seulement le lieu caché et privilégié où nous pouvons entendre la Loi de Dieu. Si au plus intime de notre être nous nous sentons attirés par ce qui est bon, beau, noble, par ce qui fait du bien à l’être humain, par ce qui construit un monde meilleur, nous nous sentirons facilement invités par Dieu à entrer en syntonie avec Jésus.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv