NOUS RAPPROCHER DE LA LUMIÈRE

4ème dimanche de Carême – Année B

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. » (Jean 3,14-21)

Cela peut nous paraître une remarque excessivement pessimiste, mais ce qui est sûr c’est que nous sommes capables de vivre de longues années sans avoir une idée précise de ce qui nous arrive. Nous pouvons vivre jour après jour sans vouloir regarder ce qui dynamise vraiment notre vie et celui qui, au-dedans de nous, prend réellement les décisions.

Ce n’est pas de la maladresse ou du manque d’intelligence. Ce qui arrive c’est que nous avons l’intuition, plus ou moins consciente, que le fait de nous voir nous-mêmes avec plus de lumière, nous obligerait à changer. Les paroles de Jésus semblent s’accomplir chaque jour en nous: « Celui qui fait le mal déteste la lumière et s’en éloigne, car il a peur que sa conduite soit dévoilée ». Cela nous effraie de nous voir tels que nous sommes. Nous nous sentons mal à l’aise lorsque notre vie est éclairée par la lumière. Nous préférons rester aveugles, en nourrissant chaque jour de nouvelles erreurs et illusions.

Le plus grave c’est qu’il peut arriver un moment où tout en demeurant aveugles, nous croyons tout voir clairement et avec réalisme. Qu’il est facile alors de vivre sans se connaître soi-même et sans jamais se demander : « Qui suis-je ? » Croire naïvement que je suis cette image superficielle que j’ai de moi-même, faite de souvenirs, d’expériences, de peurs et de désirs.

Qu’il est facile aussi de croire que la réalité est justement telle que je la vois, sans avoir conscience que le monde extérieur que je perçois est, pour une bonne partie, le reflet du monde intérieur que je vis et des désirs et intérêts que je nourris! Qu’il est facile encore de nous habituer à traiter non pas avec des personnes réelles mais avec l’image ou l’étiquette que, nous-mêmes, nous en avons fabriquées!

Le grand écrivain Hermann Hesse, dans son petit livre Mon credo, plein de sagesse, écrit : « L’homme que je contemple avec crainte, avec espérance, avec convoitise, avec des résolutions, avec des exigences, n’est pas un homme, il n’est qu’un trouble reflet de ma volonté ».

Au moment de vouloir transformer notre vie en orientant nos pas vers des chemins plus nobles, le plus décisif n’est probablement pas l’effort à fournir pour changer. La première chose à faire c’est d’ouvrir les yeux. Me demander ce que je cherche dans la vie. Etre davantage conscient des intérêts qui dirigent mon existence. Découvrir le motif ultime de mon vécu quotidien.

On peut prendre un temps pour répondre à cette question : pourquoi je fuis tant Dieu et moi-même ? Pourquoi, en définitive, je préfère vivre dans l’erreur sans chercher la lumière ? Il nous faut entendre les paroles de Jésus : « Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que l’on voit que tout ce qu’il fait est inspiré par Dieu ».

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

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