NOUS OUVRIR A DIEU

3ème dimanche de l'Avent – Année B

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait. (Jean 1,6-8.19-28)

La foi est devenue pour beaucoup une expérience problématique. Ils ne savent pas exactement ce qui leur est arrivé ces dernières années, mais une chose est claire : ils ne croiront plus à ce qu’ils ont cru dans leur enfance. De tout cela il ne reste que quelques croyances aux contours assez flous. Chacun s’est construit progressivement son monde intérieur, sans pouvoir éviter souvent de graves incertitudes et interrogations.

La plupart de ces personnes font leur « parcours religieux » de façon solitaire et presque secrète. Avec qui pouvoir échanger sur ce genre de choses ? On ne trouve pas de guides et les points de repère sont inexistants. Chacun agit comme il peut par rapport à ces questions qui touchent concernent le plus profond de l’être humain. Beaucoup ignorent si ce qui leur arrive est normal ou inquiétant.

Les études du professeur d’Atlanta James Fowler sur le développement de la foi peuvent aider un bon nombre à mieux comprendre leur propre parcours.

Ces études éclairent en même temps la personne sur les étapes qu’elle doit suivre pour structurer son « univers de sens ». Aux premières étapes de sa vie, l’enfant assume progressivement et sans réfléchir les croyances et les valeurs qu’on lui propose. Sa foi ne relève pas encore d’une décision personnelle. L’enfant établit peu à peu ce qui est vrai ou faux, bon ou mauvais, à partir de ce qu’on lui apprend de l’extérieur.

Quelque temps après, l’individu accepte les croyances, les pratiques et les doctrines d’une manière plus réfléchie, mais toujours telles que définies par le groupe, par la tradition ou par les autorités religieuses. Il ne lui arrive pas de se mettre à douter sérieusement. Tout est digne de foi, tout est sûr.

La crise survient plus tard. L’individu prend conscience que la foi doit être libre et personnelle. Il ne se sent plus obligé à croire inconditionnellement à l’enseignement de l’Église. Petit à petit il commence à relativiser certaines choses et à en sélectionner d’autres. Son univers religieux se modifie et peut même se fissurer. Tout ne répond pas à un plus grand désir d’authenticité. On y trouve aussi de la frivolité et des incohérences.

Tout peut en rester là. Mais l’individu peut aussi continuer de creuser dans son univers intérieur. S’il s’ouvre sincèrement à Dieu et le cherche au plus profond de son être, une nouvelle foi peut jaillir. L’amour de Dieu, cru et accueilli humblement, donne à tout un sens plus profond. La personne connaît une cohérence intérieure plus harmonieuse. Les doutes ne sont pas un obstacle. L’individu pressent maintenant la valeur ultime que comportent certaines pratiques et symboles critiqués auparavant. La communication avec Dieu s’éveille à nouveau. La personne vit en communion avec tout ce qu’il y a de bon dans le monde et se sent appelée à aimer et à protéger la vie.

Ce qui est décisif c’est de réserver toujours en nous une place réelle à l’expérience de Dieu. De là, l’importance d’écouter l’appel du prophète : « Préparez le chemin du Seigneur ». C’est un chemin qu’il faut ouvrir dans l’intimité de notre cœur.

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv