Cathédrale de Ouagadougou, Dimanche 03 Septembre à 9h

« Fils et filles de l’Église Famille de Dieu à Ouagadougou, souvenez-vous de vos pères et imitez leur foi » (cf. He 13, 7). Ce thème a guidé la vie de nos différentes paroisses cette année pastorale 2016-2017, apportant à chacun de nous, la force de nous appuyer sur nos prédécesseurs dans la foi, pour nous rapprocher davantage de Dieu. Ce thème nous a fait découvrir une grande figure de notre Église Famille de Ouagadougou, le Cardinal Paul ZOUNGRANA de vénérée mémoire. Les célébrations liturgiques de ce 03 Septembre 2017 ouvrent solennellement le centenaire de sa naissance, et l’anniversaire diocésain du 75ème anniversaire du sacerdoce. Elles constituent une opportunité qui nous est offerte, à nous tous, fils et filles de l’Église Famille de Ouagadougou ! Une opportunité à deux dimensions : Hommage et Célébration

I. Hommage aux ancêtres dans la foi

L’hommage que nous rendons aux ancêtres dans la foi est une redécouverte de l’histoire, parce qu’il y a lieu d’approfondir nos recherches, afin de posséder l’histoire de notre Église pour mieux l’appréhender et la rendre au monde. Notre histoire peut être riche si nous la connaissons et si nous sommes capables d’en tirer de grandes leçons pour notre vie de foi. Cet approfondissement devrait nous pousser dans une connaissance véritable de la vie et du témoignage de nos pères dans la foi : les premiers chrétiens, les catéchistes, les religieux et religieuses, les premiers prêtres, qui ont dans le fil de l’histoire été comme de petites lumières qui, soumises à la loi et à l’amour du Christ, ont pu devenir la grande lumière de l’Église qui conduit nos pas à la suite du Christ, notre lumière suprême de Pâques. En célébrant ce souvenir de nos prédécesseurs, nous ne restons pas figés sur ce passé, pour en faire seulement l’apologie, mais plutôt pour en faire le fondement du devenir de notre Église Famille de Dieu. C’est pourquoi il va de soi que nous prenions acte des œuvres de ces grandes figures qui ont marqué de pierre d’or la vie de notre clergé, il y a 75 ans.

La splendide croissance de l’Église en terre burkinabé et ses réalisations multiformes sont dues essentiellement au dévouement héroïque de nos prédécesseurs désintéressés et courageux. Nous devons nous acquitter dignement d’une dette de reconnaissance à leur égard et leur rendre un vibrant hommage. Ils furent des témoins intrépides de la foi chrétienne qu’ils ont transmise aux générations successives.

En évoquant le souvenir de tous ceux qui ont transmis le flambeau de la foi – dont le Cardinal Paul ZOUNGRANA – nous sommes tous invités à les imiter : « Souvenez-vous de vos prédécesseurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu, et considérant la fin de leur vie, imitez leur foi » (He 13, 7).

Ainsi, vivre cet anniversaire de la naissance du Cardinal Paul ZOUNGRANA, c’est aussi pour notre Église une renaissance dans la vie et la foi de cet homme qui a consacré sa vie à la pastorale. Il s’agit pour chacun de nous de demander dans une profonde prière incessante, les grâces de la manifestation de ses vertus, alors seulement, un jour, la Sainte Église pourra reconnaître ses qualités de pasteurs, ses vertus héroïques et son exemple de foi, pour faire de lui un saint, par la béatification et la canonisation.

II. A la suite du Christ et de nos ancêtres dans la foi

Au delà de cet hommage, de la redécouverte qui est à faire et à refaire, sur la personne du Cardinal Paul ZOUNGRANA, il nous faut célébrer avec ferveur toutes les grâces que Dieu déverse sans cesse sur notre Église Famille de Dieu du Burkina Faso et celle de Ouagadougou en particulier. A cet effet, au presbyterium de Septembre, des orientations précises seront données pour la célébration de cette action de grâce. Elles en préciseront également le contenu, la durée et l’ampleur. C’est à juste titre que nous pouvons encore emprunter les mots de Lumen Gentium pour rappeler qu’« au cours de cette année, il sera opportun que chaque famille charismatique se souvienne de ses débuts et de son développement historique, pour rendre grâce à Dieu qui a ainsi offert à l’Église tant de dons qui la rendent belle et équipée pour toute œuvre bonne » (n°12). Notre pays, au regard de son histoire, et des événements récents, ne rendra jamais assez la gloire à Dieu, maître du temps et de l’espace qui a toujours su étendre son bras protecteur, pour soulager, consoler et relever cette Église dans les moments durs, et faire en même temps d’Elle, de ses pasteurs et de ses fidèles chrétiens, d’intrépides messagers de la paix et de la cohésion sociale, tant désirées par la nation entière.

Frères et sœurs dans le Christ, redécouvrir la foi de nos prédécesseurs à travers la figure importante du Cardinal Paul ZOUNGRANA et célébrer toutes les merveilles de Dieu pour notre Église, constituent deux activités majeures que nous inaugurons aujourd’hui, sous le regard de notre Seigneur Jésus qui, ce jour même nous enseigne ouvertement le détachement et le renoncement vis-à-vis du monde et de ses promesses éphémères.

Le peuple juif rêvait d’un Messie fort et puissant qui allait chasser et écraser les occupants Romains. Dans l’Évangile de ce jour (Mt 16, 21-27), Pierre reconnait Jésus, comme le Messie. Mais pour lui, il est impossible que le Messie victorieux subisse la souffrance, la mort violente sur la croix. Nous comprenons pourquoi Jésus le traite de « Satan », c’est-à-dire adversaire, obstacle. Cet Évangile nous enseigne que Jésus est le Messie, mais sa victoire vient de ce qu’il a donné sa vie par amour jusqu’à la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité. En attendant sa venue dans la gloire, tout disciple, tout chrétien doit prendre le même chemin : le chemin du service, le chemin du don de sa vie. « Qui perd sa vie à cause de moi la gardera ». Qui donne sa vie au Seigneur pour ses frères et sœurs la gardera.

Que sert-il à l’homme de gagner le monde qu’il n’emportera pas le jour de sa mort ? Ce défi que le Christ lance a chacun de nous sous la forme d’une question banale, doit provoquer en nous une réaction optimale.

Nous sommes invités à renoncer au monde corrompu, corruptible et corrupteur ! Renoncer à ce monde, n’est pas un engagement à la passivité à l’inactivisme béat. Nous ne devons pas laisser les richesses de ce monde, nos ambitions, notre quête permanente du bonheur, des plaisirs et des joies nous aliéner et nous éloigner du Christ ou de la pratique religieuse. Notre vie quotidienne ne peut pas se départir du Christ et des exigences de notre vocation de chrétien qui est de porter notre croix à la suite de Jésus. Le chrétien doit apprendre à faire du Christ et de sa pratique religieuse une priorité absolue, qui l’empêche de porter le monde à la place du Christ. Le chrétien ne doit plus rien préférer à l’amour du Christ.

Dans cette perspective, prenons à notre compte l’enseignement de l’apôtre Paul : « Ne vous laissez pas façonner par ce monde, c’est le renouveau intérieur qui doit vous transformer. Alors vous pourrez reconnaître ce que Dieu veut, ce qui est bien, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12, 1-2).

C’est le message que le Seigneur nous donne ce Dimanche. En nous annonçant sa passion et sa mort, le Christ nous laisse l’exemple parfait du détachement qui va jusqu’à l’accomplissement total de la volonté de Dieu. En réponse à son acte d’amour qui nous a sauvés du péché, nous devons nous aussi accepter de mourir à ce monde, pour que triomphe la foi, la justice et la charité. A quoi bon vivre, si nous vivons sans le Christ ? C’est en portant Jésus dans notre cœur, que nous deviendrons les enfants de Dieu, prêts à porter aussi le flambeau de la foi à l’instar des premiers pasteurs, à l’instar du Cardinal Paul ZOUNGRANA, afin que ce flambeau éclaire notre Église, notre pays et le monde.

Le 18 juin 1991, le Cardinal Paul ZOUNGRANA confiait ainsi l’Église à la Vierge sainte : « Que la Vierge Marie mère du Christ et mère de l’Église nous guide et nous soutienne pour que nous vivions toujours comme de véritables fils et filles de l’Église de son fils et que nous puissions contribuer à établir sur notre patrie la civilisation de la vérité et de l’amour, selon le désir de Dieu et pour sa gloire ! » (Cardinal Paul ZOUNGRANA , Enseignement Socio-politique, Ouagadougou, 2002, p. 175)

Puisse-t-il en être ainsi, pour chacun de nous, maintenant et toujours.

La paix soit avec vous ! Amen !

+ Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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