Textes : Nb 3,5-9 ; Ps 115 ; Hb 5,1-10 Jn 15,9-17

Excellences,
Chers confrères dans le sacerdoce,
Chers religieux (ses),
Chers fidèles laïcs,

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Jésus-Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux dans le Christ » (Ep 1,2).

En ces jours bénis, toute l’Église Famille de Dieu du Burkina-Niger célèbre les 75 ans de l’ordination sacerdotale des trois premiers prêtres diocésains, prémices d’une longue lignée de presbytres (1303) au service du Royaume de Dieu. Et la présente célébration au Sanctuaire Notre Dame de Yagma est un temps propice pour rendre grâce au Maître de la Moisson pour les merveilles d’amour accordées à notre Église Famille de Dieu.

I- Hommage aux générations des premiers prêtres

La splendide croissance de l’Église en terre burkinabè et nigérienne et les multiples réalisations socio-économiques sont dues essentiellement au dévouement héroïque et désintéressé de génération de prêtres diocésains, religieux et membres de sociétés de vie apostolique. Près de 135 prêtres de ces vaillants hérauts de l’Évangile ont déjà rejoint la Maison du Père céleste. Leurs héritiers que nous sommes sont conscients de la dette de reconnaissance que nous gardons à ses aînés dans la foi et le service apostolique. « Souvenez-vous de vos prédécesseurs, qui vous ont annoncé la Parole de Dieu, et, considérant la fin de leur vie, imitez leur foi » (He 13,7).

Ce jubilé d’Albâtre constitue donc une opportunité pour rendre un hommage vibrant à tous nos aînés prêtres vivants ou décédés.

En communion avec eux, à l’exemple de la Bienheureuse Vierge Marie, n’ayons de cesse de louer et de bénir le Seigneur : « Le puissant fit pour nous des merveilles, saint est son nom. »

II- Vers le centenaire

Ce jubilé d’albâtre est une excellente opportunité d’action de grâce à Dieu mais surtout un point de départ pour une merveilleuse aventure ecclésiale, et missionnaire pour tous les Presbytera de nos différents diocèses, à la suite de nos prédécesseurs, à l’exemple du Seigneur Ressuscité.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15), nous confie Jésus dans l’Évangile de ce jour. En parlant ainsi, le Christ dépeint son propre portrait qui devra nous servir d’exemple. Il a aimé les hommes de cet amour immense qui va jusqu'au bout, jusqu’à la croix. Le Christ victorieux de la mort associe ses disciples à sa victoire et les invite à répandre sur toute la terre cette force irrésistible qui n’est rien d’autre que le feu de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous aimés. »

De nous-mêmes, nous ne pouvons rien faire. Mais plutôt, conscients de nos limites et faiblesses, cherchons dans nos vies de prêtres et de Pasteurs, à demeurer dans l’amour du Maître. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimé ; demeurez dans mon amour… » Demeurer dans l’amour du Maitre, nous attacher à lui dans une imitation radicale de sa vie toute donnée au service des hommes constitue le point d’encrage nécessaire et indispensable pour notre vie et notre ministère sacerdotal.

Au terme du colloque, très riche en enseignements multiformes, que retenir pour notre vie personnelle et pastorale dans notre marche vers le centenaire. Au nombre des fruits multiples de nos réflexions et échanges, deux aspects me paraissent particulièrement significatifs et résument l’essentiel : la sainteté et la mission.

1- Le défi de la sainteté

La vocation des prêtres est une vocation à la perfection, à la sainteté. Pour réaliser au mieux cette vocation commune à tous les baptisés, ce jubilé nous offre l’occasion d’entrer dans une dynamique de conversion profonde du cœur (metanoia). Chers frères dans le sacerdoce, relever le défi de la sainteté passe par la culture d’une intimité profonde avec Dieu. C’est un lieu de conversion permanente pour chaque prêtre appelé à être homme de prière, médiateur entre Dieu et les hommes. Une relation intime et profonde avec le Christ (dans la prière et la méditation de la Parole de Dieu et l’Eucharistie célébrée et adorée), est source de fécondité apostolique et aide à combattre le péché et vivre dans la fidélité l’Évangile et les exigences de notre vie sacerdotale : pauvreté, chasteté, obéissance, service généreux et désintéressé…

La communion vécue en Église Famille de Dieu, reste et demeure pour nous prêtres du Burkina/Niger, un chemin de réalisation de notre perfection. « Dans votre vie, mettez l’amour au dessus de tout ; c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. » Comme prêtres, au sein de notre Église Famille de Dieu, nous devons promouvoir la communion fraternelle dans nos équipes presbytérales et dans nos communautés chrétiennes (CCB, paroisses, diocèses). Sur ce plan, des efforts de conversion et d’ascèse sont à opérer pour faire de nos communautés sacerdotales des écoles de communion et d’amour fraternel au cœur d’un monde marqué par l’individualisme, la haine et la violence... Fidèles à l’esprit du Concile Vatican II et à notre option fondamentale « Église famille de Dieu » cultivons dans l’humilité le respect mutuel, le dialogue, la collaboration et l’amour fraternel entre nous, entre prêtres, religieux (ses) et fidèles laïcs du Christ. C’est à ce prix que se vit concrètement notre vocation à la sainteté et c’est là où réside la force du témoignage crédible et authentique de l’Église au cœur du monde : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35) A la faveur de ce jubilé, chaque prêtre est invité à raviver le zèle et le dynamisme des premières heures de son ministère sacerdotal, son amour pour le Christ et pour sa mission d’amour. Comme à l’Église d’Éphèse dans l’Apocalypse, le Seigneur adresse aujourd’hui à chacun cet appel à la sainteté: « Je connais ta conduite, tes labeurs et ta constance…Tu as de la constance : n'as-tu pas souffert pour mon nom, sans te lasser ? Mais j'ai contre toi que tu as perdu ton amour d'antan. Allons ! Rappelle-toi d'où tu es tombé, repens-toi, reprends ta conduite première » (Ap 2, 2.4-5).

2- Le défi de la mission

Chers prêtres et vous chers amis, il est indéniable que la sainteté du prêtre se déteint naturellement sur sa mission. « Le véritable missionnaire, c’est le saint » , nous enseigne le Pape Jean-Paul II (R.M, n. 90). La vie et le ministère du prêtre prolonge celle du Christ qui a donné sa vie pour le salut de l’humanité. Les prêtres, à travers la triple fonction d’enseignement, de gouvernement, de sanctification poursuivent l’œuvre du Christ, l’édification du Royaume et l’annonce de l’Évangile. « Allez de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19). Tous les prêtres doivent porter au cœur ce précepte missionnaire, œuvrer avec zèle pour que Jésus que soit annoncé, connu et aimé, œuvrer pour le salut des âmes. Pour réaliser cette mission au cœur de notre monde, nous devons entrer dans la dynamique de la « Nouvelle Évangélisation » qui se révèle nouvelle dans son ardeur et dans ses méthodes. Dans un contexte actuel de mutations socio-politiques, économiques et culturelles, nous avons la mission de toucher le cœur des hommes et femmes de notre temps en leur proposant dans un langage dynamique et accessible, le message de la Bonne Nouvelle du salut. De nos jours, cela constitue un défi majeur qui se présente à nous. Toujours dans le sillage de l’annonce de l’Évangile, nous prêtres et pasteurs d’aujourd’hui devons poursuivre les efforts d’inculturation entrepris par nos aînés prêtres pour que la foi chrétienne s’enracine davantage dans les cœurs et que les fidèles fassent l’expérience d’une rencontre intime et profonde avec le Ressuscité.

Enfin, pour imiter le Christ dans sa vie et sa mission de salut, il convient de nous revêtir de son esprit de service qui rend le cœur disponible et sensible à la mission dans sa double dimension « ad intra » et « ad extra. » Le Christ est venu servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. A sa suite, ouvrons nos cœurs à la dimension de la mission universelle de l’Église et engageons-nous généreusement pour que l’Évangile s’étende jusqu’aux extrémités de la terre.

Et vous chers religieux (ses), chers fidèles laïcs, priez constamment pour vos prêtres. Qu’ils se sanctifient dans leur ministère et vous entrainent sur le chemin de la sainteté.

En célébrant l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne et sacerdotale, prémices du Peuple immense que le Christ veut rassembler et conduire à son Père, en célébrant l’Eucharistie donc, rendons grâce à Dieu et demandons instamment pour nous prêtres et Évêques la grâce :

- d’être d’authentiques témoins de l’amour miséricordieux de Dieu,

- d’être dans l’humilité et l’amour de vrais serviteurs de nos frères et sœurs.

Daigne la Bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame de Yagma, Reine du sacerdoce, nous accompagner toujours de sa maternelle protection et nous entrainer joyeusement à la suite de son Fils, Jésus-Christ, Grand Prêtre. Ensemble, demandons à l’Auteur de toute vocation :

- Seigneur donne-nous des prêtres,
- Seigneur donne-nous de nombreux prêtres,
- Seigneur donne-nous de saints prêtres.

Sainte Vierge Marie, Reine du sacerdoce, priez pour nous !!

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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