Une étude sur la naissance de l’Islam revient pratiquement à considérer l’éclosion de son livre sacré [1], le Coran. La personne du fondateur de l’Islam n’a pas en effet aux yeux de ses adeptes la même importance, par exemple, que celle de Jésus pour les chrétiens. En revanche, le Coran est incomparablement plus important pour les musulmans que ne l’est l’Evangile pour les disciples du Christ ou la Bible pour Israël. Mahomet (Muhammad) est en Islam le transmetteur de la parole de Dieu consignée dans le Coran et c’est son principal, sinon son unique titre de gloire [2]. De plus, les attestations les plus sûres sur sa vie nous sont livrées par le Coran. Tout donc nous ramène, tant les exigences de l’histoire que la vision religieuse de l’Islam, à suivre la formation de son livre et à examiner le message religieux qui y est proposé.

Cependant, pour nous aider dans ce travail, il est indispensable de nous attacher d’abord à quelques faits et dates, comme à autant de points de repère ? Ce sera la première partie de ce chapitre, la seconde étant un examen du message coranique [3].

Notes :

Translittération de l’arabe : En dehors des transpositions courantes des noms et des mots arabes (Mahomet pour Muhammad, Coran pour Qur’ân, etc.), nous avons adopté un système de translittération dénué de technicité, mais permettant au lecteur non initié d’approcher au mieux la prononciation de l’original. Ce manque de technicité, qui ne comporte aucun risque d’erreur pour ceux qui savent, n’en cache pas davantage pour ceux qui ignorent.

[1] Cette expression, comme plus bas l’appellation de Prophète communément employée pour désigner Mahomet, qui ne comportent pas de jugement de valeur, ne se placent pas non plus, cela va sans dire, sur le plan de la foi.

[2] Cf. Coran 41, 6 ; 18, 110 : « Dis : je ne suis qu’un homme, comme vous, il m’est seulement révélé que votre Dieu est un Dieu unique. »

[3] Cette étude se heurte à deux difficultés qu’elle ne saurait pleinement surmonter. L’ampleur du sujet ne pouvait pas être satisfaisante dans l’espace nécessairement restreint de ce chapitre. Que l’on imagine une étude sur les origines du christianisme dans les mêmes dimensions. De plus, nous vous proposons de ne pas suivre sur plus d’un point les théories communément reçues, concernant le Coran et ses « sources », tant dans l’Islam traditionnel que dans l’Orientalisme. Il nous semblait d’autre part indispensable d’évoquer ces divergences, même dans une présentation sommaire de la naissance de l’Islam. Pour une présentation plus détaillée, voir notre Abraham dans le Coran et la naissance de l’Islam, Paris, Vrin, 1958, et le c. r. que M. R. BLANCHERE, auteur du dernier essai de reclassement des chapitres coraniques, a bien voulu en donner dans Arabica vi-i (1959), p. 94. On sait d’autre part que l’on doit à M. BLANCHERE la plus scientifique des traductions françaises du coran, parue d’abord avec une introduction en 3 vol., en 1947-1951, puis en 1957, en 1 vol. chez Maisonneuve-Besson, 198, Bd Saint-Germain, Paris.

Y. MOUBARAC
Dans : L’Islam, Paris, Casterman, 1962, 213 p.
Pages 15-16.

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