Vœux Perpétuels des Sœurs Christine KABORE et Edith ILBOUDO
Sœurs de Marie Consolatrice

30 août 2014

Révérende Sœur Supérieure générale,
Chères sœurs professes de ce jour,
Chers prêtres, religieux, religieuses,
Chers Frères et Sœurs en Christ,

En ce jour béni que la grâce et la paix de Notre Seigneur Jésus-Christ soient avec vous !

Nous sommes conviés ce matin aux professions perpétuelles de deux (02) de nos filles, à savoir : Christine KABORE et Edith ILBOUDO.

Tout est grâce ! Aussi sommes-nous accourus ce matin pour les accompagner de notre présence de notre prière d’action de grâce, d’intercession et d’espérance ! Daigne le Maître de la Moisson nous exaucer et nous combler au-delà de nos attentes.

Chers frères et sœurs, l’importance de la présente célébration n’échappe à personne, car « l’état de ceux qui professent les conseils évangéliques – nous enseigne le Concile Vatican II - appartient à la vie et la Sainteté de l’Église » (L.G. n°44). Nombreux et riches sont les éléments qui méritent d’être mis en lumière aujourd’hui, non seulement pour les professes de ce jour, mais aussi pour notre assemblée en prière. Avec vous, je m’arrêterai volontiers sur deux aspects fondamentaux de la vie consacrée que le Seigneur nous donne d’accueillir et de célébrer ce matin en cette église Notre Dame de Kologh Naaba.

1. La signification de la vie consacrée

2. la mission de tout Institut religieux de vie apostolique

1. La signification de la vie consacrée

Mes frères et sœurs.

Que signifie pour vous la vie consacrée « être sœur » être religieuse ?

Que signifie la profession dite perpétuelle de ce matin ?

La consécration religieuse est un don de Dieu et renvoie à la consécration baptismale (Lumen Gentium, n°44). Le baptême purifie, sanctifie, régénère, vivifie et consacre la personne du baptisé… au point d’en faire « une propriété de Dieu ».

Quand à la consécration religieuse - tout comme celle sacerdotale – elle constitue une nouvelle consécration, selon une belle affirmation du Concile Vatican II : « A un titre nouveau et particulier, le religieux (se) est entièrement livré à Dieu. La profession des conseils évangéliques répond à une vocation divine et constitue une consécration particulière qui s’enracine intimement dans la consécration du baptême et l’exprime avec plus de plénitude » (Perfectae Caritatis, n°5).

L’appel d’un baptisé à la vie consacrée dans l’état religieux comporte la profession des conseils évangéliques, c’est-à-dire, l’obligation de pratiquer :

- La chasteté dans le célibat
- La pauvreté
- L’obéissance.

Nos deux religieuses vont s’engager tout à l’heure et professer ces trois vœux ou trois conseils évangéliques : chasteté, pauvreté obéissance.

La Chasteté

Ce vœu comporte l’obligation de la continence parfaite dans le célibat. Comme vous le savez tous, Jésus ne s’est jamais marié, il n’a pas vécu le mariage. A la suite de Jésus qui les appelle, nos sœurs consacrent totalement leur vie, offrent leur cœur et tout leur être en renonçant aux joies de l’amour conjugal, familial à « cause du Royaume des Cieux », c’est-à-dire pour l’annonce de la Bonne Nouvelle… « Celui ou celle qui n’est pas marié a souci des affaires du Seigneur. » (1 Co 7,52). Dans une Afrique traditionnellement caractérisée par l’amour de la vie, de la procréation…, un tel vœu, qui est don de Dieu à son Église, revêt une signification particulière. Il annonce la radicalité et la primauté du Royaume de Dieu… sur les réalités et les valeurs de ce monde qui passe !

Oui ! la chasteté est un don de Dieu à son Église, une valeur de l’Évangile qui prend le contre-pied des conceptions courantes de la réussite sociale. Dieu se révèle à travers le Christ crucifié et ressuscité. La Croix – tout comme la chasteté – pourrait paraître une folie aux yeux des hommes, mais contiennent tout l’amour de Dieu. C’est ce que l’Apôtre Paul nous enseigne dans la 2ème lecture. La religieuse renonce à tout et considère tout comme une ordure, afin de gagner le Christ (Phil. 3, 8-14).

Comme nous le demande le Pape, n’ayons de cesse de prier pour tous les consacrés – hommes et femmes – « afin que leur chasteté – signe d’amour préférentiel pour Jésus-Christ – soit vécue dans la plus grande fidélité et soit une révélation de la tendresse de l’amour gratuit et universel, révélation de la tendresse même de Dieu pour tous les hommes » (Cf. Jean Paul II, aux religieux/ses, 16 mai 1980).

La Pauvreté

A la suite du décret conciliaire Perfectae caritatis (n°13), le Code de Droit Canonique stipule que le Conseil évangélique de pauvreté à l’imitation du Christ qui, de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous, comporte en plus d’une vie pauvre en fait et en esprit, laborieuse et sobre, étrangère aux richesses de la terre, la dépendance et la limitation dans l’usage et la disposition des biens, selon le droit propre de chaque institut » (Can. 600).

Mais au-delà de l’aspect matériel à la suite de Jésus, qui s’est fait pauvre et humble parmi les hommes, la religieuse fait donc le vœux de pauvreté, plaçant ainsi en Dieu tout son trésor, considérant tout comme balayures (Phil 3), subordonné aux valeurs du Royaume . Le vœu de pauvreté engage la personne à vivre pauvre en fait et en esprit ; la religieuse n’a pas de biens propres (salaires, meubles…) elle dépend matériellement de sa famille religieuse… ne lui demandez donc pas de vous venir en aide financièrement (attention aux apparences).

L’Obéissance

A la suite du Christ jusqu’à la mort et la mort de la croix, les religieuses font complètement l’offrande de leur volonté et de leur liberté à celui par qui elles ont laissé prendre leur vie… A l’exemple du Christ venu faire la volonté du Père, la religieuse fait l’offrande totale de sa propre volonté, afin d’être plus sûrement unie à son œuvre de rédemption. Le vœu d’obéissance oblige également la religieuse à soumettre sa volonté aux supérieures légitimes, lorsqu’elles commandent suivant les constitutions de l’Institut (cf. Canon 601).

Le Concile Vatican II retient que par les trois vœux de chasteté, pauvreté, obéissance, « le fidèle du Christ est entièrement livré à Dieu à qui il voue l’amour le plus complet pour être en personne, affecté au service de Dieu et à son honneur, à un titre nouveau et particulier » (L.G. 44). Ainsi donc, « appartenir totalement à Dieu », demeurer « la propriété exclusive de Dieu », c’est cela être religieux, religieuse, sœur.

Puisse-t-il en être ainsi pour nos six professes de ce jour et pour tous les consacrés !

2. La Mission de tout Institut religieux

« L’Église existe pour évangéliser » nous rappelle le Pape Jean-Paul II (Evangelii nuntiandi, n°14) et par voie de conséquence, tout institut religieux, toute personne consacrée existe pour Dieu, pour la construction du Royaume de Dieu, pour le service de l’Évangile ; et cela jusqu’aux extrémités de la terre (Mt 28, 19). A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun ! Et l’Apôtre Saint Paul nous rappelle qu’il y a diversité de charismes, c’est-à-dire des dons reçus de Dieu… pour le bien de tous…

La grande question qu’on pourrait se poser est la suivante : comment être Apôtre ? Comment être missionnaire ? « Comment crier l’Évangile par toute la vie ? « (Frère Charles). Les constitutions de chaque Institut religieux déterminent le cadre apostolique… c’est très riche, diversifié et complémentaire.

Pour ma part, je me contenterai de vous laisser sur une double interpellation de fond des Père du synode africain de 1994, consignée dans Ecclesia in Africa, n°94 : « Dans une Église-Famille de Dieu, la vie consacrée a un rôle particulier, non seulement pour indiquer à tous l’appel à la sainteté, mais aussi pour témoigner de la vie fraternelle dans la communauté. Par conséquent, les consacrés sont invités à répondre à la vocation à laquelle ils sont appelés dans un esprit de communion et de collaboration avec leurs évêques respectifs, le clergé et les laïcs ».

Comme vous le constatez, l’interpellation porte essentiellement sur deux aspects importants :

- L’appel à la sainteté,
- La vie fraternelle en communauté, signe concret de l’amour de Dieu.

C’est dire que la mission, avant de se caractériser par les œuvres extérieures, consiste essentiellement à rendre présent au monde le Christ lui-même par le témoignage de la vie (Vita Cons., n°72). Le témoignage de la tendresse de Dieu pour tous les hommes, le témoignage de la sainteté… C’est cela le but premier de toute vie consacrée.

La règle suprême est l’attachement à Jésus-Christ d’où découle la nécessité pour la religieuse de tout mettre en œuvre pour :

- Aimer Jésus avec un cœur sans partage,

- Imiter, se configurer au Christ, lui ressembler le plus possible… condition « sine qua non » (absolument indispensable), le refléter et le rendre présent au monde conformément aux options consignées dans les Constitutions des Sœurs de Marie Consolatrice.

Tout cela suppose une union intime au Christ dans la prière quotidienne, régulière, fidèle, la méditation de la parole, la fréquentation fervente des sacrements, en particulier l’Eucharistie et la Réconciliation… (Cf N.M.I de Jean-Paul II). La religieuse comme tout apôtre, est missionnaire par ce qu’elle est, avant de l’être par ce qu’elle dit ou fait… « Le véritable missionnaire c’est le saint » (R.M. 90). Les œuvres d’apostolat ou de promotion humaine viennent seulement après cela ou comme conséquences dans cet effort constant pour « être saint comme notre Père céleste est saint ».

Enfin, par rapport à la 2ème interpellation, disons que la vie fraternelle en communauté avec chacune des sœurs de l’Institut-Famille de Marie Consolatrice

- Constitue un stimulant pour la persévérance dans la vocation et la fidélité aux vœux de chasteté, pauvreté et obéissance.

- Plus la vie de communauté est fraternelle, plus la vie religieuse sera épanouie et apostoliquement féconde…

« Voici mon commandement, nous dit Jésus : "Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis". (Jn 15, 12-13).

Révérende Sœur Supérieure Générale,
Chères Sœurs de Marie Consolatrice,
Chères Sœurs professes de ce jour,

- Toute l’Église-Famille de Dieu vous présente ses vives félicitations et ses encouragements, l’assurance de sa prière et de son indéfectible coopération et sollicitude pastorale.

- Daigne le Maître de la moisson achever en nos deux (02) professes de ce jour, ce qu’il a lui-même si bien commencé.

Chers frères et Sœurs, avec foi et espérance, confions les professes de ce jour, ainsi que leur Famille religieuse à la bienveillance protection de la Vierge Marie Consolatrice, Mère et modèle de toute vie consacrée.

O Marie, modèle sublime de toute consécration
garde et protège tes enfants
rends-les toujours plus fortes, plus saintes, plus missionnaires,
pour la gloire du Père
dans la Fidélité à ton Fils
et la Docilité à l’Esprit Saint.
Amen.

Ouagadougou, le 30 août 2014

+ Philippe Cardinal OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou