(Veillée Pascale, 30 mars 2013)

Chers Frères et Sœurs en Christ,

En cette nuit très sainte, nous célébrons la Pâques, la fête la plus importante des fêtes chrétiennes. C’est la fête de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire, « son passage » de la mort à la vie, source de salut pour ceux et celles qui croient en lui.
A tous et à toutes, joyeuses et saintes fêtes pascales.
- Frères et sœurs, à Pâques, nous proclamons et chantons = « le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Soyons donc dans la joie et soyons-en des témoins convaincus.

I – Le Christ est ressuscité !

Dans ses Pensées, Blaise Pascale a osé écrire. « Je ne crois que des histoires dont les témoins se feraient égorger. » Pour les premiers témoins, l’histoire de la résurrection en était une pour laquelle il convenait de se faire égorger. Du reste, plusieurs des premiers disciples – témoins sont morts martyrs.

- Dans les Evangiles de la résurrection, trois personnages sont bien mis en scène. Elles ont bien connu Jésus, l’ont aimé et l’ont suivi. Ce sont des témoins privilégiés de l’évènement : Marie Madeleine, Pierre et Jean.

- Marie Madeleine et quelques femmes se rendent au sépulcre très tôt le matin. Une surprise les attendait. La lourde pierre qui fermait le tombeau a été roulée, enlevée et le corps de Jésus n’est plus là.
Deux hommes leur annoncent = « Il est ressuscité ».
Les femmes courent tout rapporter à Pierre, à Jean, aux Apôtres. Leurs propos sont taxés de « délirants ». Pierre et Jean courent néanmoins au tombeau.
Ayant constaté l’absence du corps, Pierre retourne chez lui, « tout étonné ». Un signe vient de lui être donné, mais il n’en perçoit pas le sens. L’Apôtre Jean entre dans le tombeau après Pierre. Il voit les mêmes signes que lui, mais, contrairement à lui, il discerne immédiatement leur signification : Jésus est ressuscité. Jean est le premier à voir et à croire, à lire correctement le signe susceptible de l’aider à accéder à la foi.
Christ est ressuscité ! Alléluia !
Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

II – Soyons dans la joie

Frères et sœurs,
A Pâques, la joie doit être visible sur tous les visages, surtout après 40 jours de carême, de jeûne, d’abstinence, de mortification, de prières ferventes, de partage et d’aumône fraternelle.
Pâques est une fête chrétienne de très grande joie pour tous !
En effet, nous célébrons le Christ glorieux, le Christ toujours vivant auprès de son Père et au milieu de nous.
Pour signifier la résurrection de Jésus, sa victoire sur les ténèbres et la mort, la liturgie met sous nos yeux le cierge pascal. Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est la lumière du monde ! Il est vraiment le chemin, la vérité et la vie.

- Pâques est réellement la plus importante des fêtes liturgiques de l’année. Elle débute par la veillée pascale, se poursuit le dimanche de Pâques, puis se déploie jusqu’au dimanche de la Pentecôte. Elle dure donc 50 jours. Durant cette longue fête, l’Eglise nous invite à proclamer et à chanter fréquemment l’acclamation : « Alléluia ! Alléluia ! Terme hébraïque, devenu une acclamation que les disciples de Jésus chantent et proclament tout particulièrement durant le temps pascal.

- Tous les baptisés et les catéchumènes sont invités à laisser éclater leur joie, en eux et autour d’eux. Certes, les difficultés, les maladies et les déceptions multiformes de l’existence humaine pourraient empêcher certains d’exulter dans la joie. Mais au-delà de nos états d’âme, il s’agit essentiellement :

   - D’honorer la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.
   - Et célébrer les nombreuses interventions divines qui ont conduit à la résurrection de Jésus : la création, la traversée de la mer rouge, l’annonce de l’amour éternel que Dieu apporte aux siens, sa générosité envers ceux et celles qui lui sont fidèles, ses multiples pardons face à nos nombreux péchés, la célébration de la Parole qui éclaire, et les sacrements qui sauvent…

- Frères et sœurs, notre joie doit être vive et éclatante, en nous et autour de nous... Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !

III – Appelés à être des témoins

- Dans l’Epître aux Romains (6,3-11), Saint Paul rappelle aux chrétiens et chrétiennes les conséquences du baptême qu’ils ont reçu. En les faisant participer à la mort du Christ, le baptême les affranchit du péché et les met en communion avec le Ressuscité. Depuis lors, tous les baptisés ont à mener une vie nouvelle, à lutter contre le mal, et à vivre pour Dieu, dans la fidélité et dans une confiance totale au Seigneur. En se comportant ainsi, ils se disposent à ressusciter un jour d’une résurrection qui ressemble à celle du Christ.
Paul affirme d’une façon étonnante et réconfortante : « Vous êtes ressuscités avec le Christ ». Et il tire la conséquence de cette affirmation : « Recherchez donc les réalités d’en haut et non celles de la terre qui sont éphémères »... Il s’agit de vivre chaque jour dans la foi, l’espérance et la charité dans l’attente du jour annoncé.

- Dans l’Epître des Actes des Apôtres (10, 34-43), Pierre a affermé sa foi en la résurrection de Jésus et a commencé à en témoigner. A Césarée, chez un païen, le centurion Corneille, il annonce l’essentiel du message chrétien concernant Jésus de Nazareth : les juifs l’ont fait mourir, mais Dieu l’a ressuscité le 3ème jour. Et « tout homme qui croit en lui reçoit pour lui le pardon de ses péchés ». A la suite de Pierre et des autres témoins de la résurrection, nous devrions nous interroger comment, en notre temps et chez nous, ces témoins sur qui Dieu compte pour annoncer partout la nouvelle de la résurrection ?

- A l’instar de l’Apôtre Paul, tout baptisé doit dépasser le respect humain et témoigner du Ressuscité en actualisant ainsi la victoire du Christ sur la mort, sur notre mort, sur tout germe de mort… Ne mettons jamais notre foi sous le boisseau par respect humain.
- A l’instar du dialogue de Pierre et du païen Corneille, les baptisés devront être capables de dialoguer et d’œuvrer ensemble pour promouvoir le bien commun, l’humanité nouvelle, faite de fraternité, de pardon mutuel, de réconciliation, de justice et de paix… Les chrétiens sont appelés à conjuguer leurs efforts avec les croyants des différentes religions et cultures, hommes et femmes de bonne volonté… pour promouvoir ce que le Bienheureux Pape Jean-Paul II a appelé la « civilisation de l’amour ».
- A la suite du Ressuscité, les baptisés doivent apprendre à donner leur vie, à servir et à aimer… et non se servir, de façon déloyale par la corruption…

Seul l’amour est capable de transformer de façon radicale les rapports que les êtres humains entretiennent entre eux. « L’amour est la forme la plus haute et la plus noble des relations des êtres humains entre eux. Seule une humanité dans laquelle l’amour vaincra sera en mesure de jouir d’une paix authentique et durable.

A tous et à toutes, joyeuses et saintes fêtes de Pâques !

 

Ouagadougou, le 30 mars 2013


Mgr Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou