NATIVITE DU SEIGNEUR (24 Décembre 2012)

- Cher M. le Curé, chers prêtres,
- Chers frères et sœurs en Christ et en humanité,

 

En cette nuit très sainte de Noël, la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit toujours avec vous !

Le 25 Décembre de chaque année, l’Eglise célèbre la fête de Noël.

A NOËL, les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus, né à Bethléem, un village situé à une dizaine de kms de Jérusalem, en Israël...

Il est né de la Vierge Marie, voilà déjà plus de 2000 ans ! « Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous…. » (Jn 1,1-8)

C’est le Seigneur, le Messie (« oint ») le Sauveur, Emmanuel (« Dieu avec nous), Père-à-jamais, Prince de la paix. Tous ces titres qui lui sont donnés sont évocateurs et annonciateurs de temps nouveaux : temps d’accomplissement des promesses faites par les prophètes, temps de libération et d’espérance...

Dans la première lecture, le prophète Isaïe, (9, 1-6) proclame que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».

- Ce peuple qui marchait dans les ténèbres, c’est le peuple des galiléens déportés en Assyrie au 8è siècle avant Jésus Christ et qui était plongé dans les ténèbres de l’humiliation et de la souffrance. Alors, le prophète Isaïe annonce la levée d’une grande lumière qui sera source d’allégresse et de joie. Un enfant de la descendance de David naîtra et sera le libérateur pour le peuple écrasé par la domination étrangère.

- Aujourd’hui le « peuple qui marche dans les ténèbres », c’est notre humanité, c’est nous, c’est chacun de nous. Oui, nous formons un monde, des sociétés riches d’un certain développement socio-économique, technologique et culturel... mais marqué par les ténèbres que sont la pauvreté, l’injustice, les guerres, les maladies, le chômage, les travailleurs exploités, les victimes des crimes de sang et des crimes économiques... ce sont là des ténèbres épaisses de nos sociétés.

- Les ténèbres ? C’est aussi les grands de ce monde, les sociétés soi-disant développées qui font peser sur les plus petits et les plus pauvres ce que le Pape Benoît XVI appelle « la dictature » du relativisme, du consumisme, de l’hédonisme... les non-valeurs - disons-le les péchés- que sont par exemple l’avortement, l’euthanasie, les mariages homosexuels... on veut imposer à toutes les sociétés du monde ces non-valeurs propres à une certaine vision du monde.

- Aujourd’hui, le peuple qui marche dans les ténèbres, c’est nous, c’est chacun de nous... souvent trop rivé sur les biens de ce monde au détriment des biens spirituels, rivé sur notre bonheur personnel au détriment du bien de l’autre, au détriment du bien commun ; ce sont encore comme les familles où les époux ne savent pas se pardonner pour restaurer la communauté de vie et d’amour.

- Aujourd’hui, à Noël, pour toute l’humanité, pour tous, pour chacun de nous, la lumière dont parle Isaïe, a resplendi ! C’est celle de Jésus qui naît dans l’obscurité de la nuit à Bethléem, dans l’obscurité du monde, dans la nuit de notre vie = nuit d’égoïsme, d’indifférence, de dureté du cœur, de manque d’amour vrai de Dieu et du Prochain...

Dans la naissance de Jésus Sauveur, la grâce de Dieu s’est manifestée, la lumière a resplendi. « Il est chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu, mais tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son Nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfant enfants de Dieu » (Jn 1,1-18). Mais comment la recevons-nous ? Quelle place lui faisons-nous dans notre vie quotidienne ?

Interpellés comme les bergers de Bethléem

La grâce de Dieu, la lumière, la Bonne Nouvelle du Dieu avec nous, nous pouvons, encore aujourd’hui, la recevoir comme les bergers de Bethléem, considérés habituellement comme des symboles des humbles, des pauvres et des pécheurs. Dans l’Evangile de la nuit de Noël, les berges apparaissent comme les symboles des croyants, appelés à recevoir Jésus comme Sauveur, Messie et Seigneur. (Luc 2,11).

Comme eux, nous pouvons disposer nos cœurs à entendre le message de l’ange qui révèle le sens inouï de l’évènement de la naissance de Jésus « Aujourd’hui vous est né un Sauveur... Il est le Messie, le Seigneur ».

En ce Noël 2012, une question est posée à chacun de nous et il faut y donner réponse. Jésus est né. Comment peut-il naître davantage en toi ? Quelle place fais-tu à Jésus, à ta vie de foi, dans le quotidien de ton existence ? Une chose est sûre, il est né pour tous et il veut s’insérer dans ta vie, prendre sa place au milieu de tes préoccupations, de tes souffrances, de tes projets, de tes joies et peines... Il désire naître en toi pour y développer sa lumière, sa joie, sa paix et sa vie. Il n’en tient qu’à toi de lui ouvrir la porte de ton cœur ; pour ce faire, il te faut opérer les choix courageux et conséquents qui s’imposent... En cette fête de Noël, donne à Jésus la chance de naître davantage en toi.

Chers frères et sœurs,

Le 1er janvier de chaque année, l’Eglise célèbre la Vierge Marie, Mère de Jésus, mère de l’Eglise. C’est également une journée de prière pour la paix. Au seuil de la nouvelle année 2013, selon la coutume, le Saint Père adresse un message aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté.

« Heureux les Artisans de paix » !

Tel est le thème du message que nous propose le Pape Benoît XVI pour le 1er janvier 2013. « Est artisan de paix, celui qui recherche le Bien de l’autre, le bien complet de l’âme et du corps, aujourd’hui et demain », nous dit le Pape. C’est principalement la réalisation du Bien commun de nos différentes sociétés.

« Je désire rappeler avec force que les nombreux artisans de paix sont appelés à cultiver la passion pour le bien commun de la famille et pour la justice sociale, ainsi que l’engagement en faveur d’une éducation sociale » (n°6).

La paix n’est pas un rêve, ce n’est pas une utopie. Elle est possible. Et toute personne, toute communauté religieuse, civile, éducative ou culturelle sont appelées à être artisan de paix.

Et c’est cela le message fondamental de Noël, proclamé par les anges à Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2,14).

Daigne le Seigneur, Emmanuel, Dieu-avec-nous, nous permettre d’aimer la paix, de faire la paix en nous et autour de nous, d’être de véritables artisans de paix.

A toutes et à tous,

Bonne et Heureuse Fête de Noël et du Nouvel An 2013 !

A M E N !

Ouagadougou, le 24 décembre 2012

 

+Monseigneur Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou