Révérende Mère, Supérieure Générale,
Révérende Mère Evelyne OUEDRAOGO, Supérieure Vice-Provinciale,
Chers prêtres, religieux (ses),
Chers frères et sœurs en Christ,

Toute l’Église Famille de Dieu à Ouagadougou communie à la joie et à l’action de grâce des Sœurs Dominicaines de la Présentation, pour les professions perpétuelles des sœurs Marie Claire, Lucienne, Félicité, Léa, Céline, pour le Jubilé d’argent de vie religieuse des sœurs Odile, Catherine, Viviane et Blandine, et pour les 100 ans de vie de la Sœur Thérèse GASTAUD.

I. Félicitation à la Sœur Thérèse Adrienne GASTAUD

La Sœur Thérèse est née le 25 Octobre 1919 à Marseille, pendant la première guerre mondiale. Elle est entrée au Noviciat dans la Congrégation des sœurs de Charité Dominicaine de la Présentation de la Sainte Vierge le 14 Octobre 1939, elle fit sa première profession religieuse le 28 Février 194, au début de la seconde guerre mondiale et sa profession perpétuelle le 28 Février 1947. De 1942 à 1962, la sœur Thérèse se consacra à l’enseignement en France, mandatée par sa Congrégation. C’est le 18 Septembre 1963, qu’elle arrive à Ouagadougou, pour commencer l’enseignement à l’école Tang-Zugu située à Koulouba. En Septembre 1969, elle est affectée au Centre d’Accueil les lauriers près de la Cathédrale, pour assurer la gestion du Centre diocésain. De 1970 à 1984, elle est affectée à Pô pour ouvrir un Centre ménager et assurer la Promotion féminine à Tiébélé. Depuis 1984, la Sœur Thérèse, après un apostolat fructueux, est résidente au Centre d’accueil les Lauriers, où par sa prière continue, elle accompagne notre Église Famille de Dieu à Ouagadougou, qu’elle a servie toute sa vie.

Nous rendons grâce à Dieu, pour ce service missionnaire. Vous avez donné à votre vie le zèle missionnaire que le Pape François propose au monde dans son message pour la Journée des Mission : « Que de saints, que de femmes et d’hommes de foi nous donnent le témoignage, nous montrent comme possible et praticable cette ouverture illimitée, cette sortie miséricordieuse comme une incitation urgente de l’amour et de sa logique intrinsèque de don, de sacrifice et de gratuité (cf. 2 Co 5, 14-21) ». Votre sacrifice de soi a orienté vos pas et votre cœur vers la Haute volta, qui en 1963, entrait dans le grand rythme de l’indépendance, et avec ce pays touché gravement par la malaria, la pauvreté et l’ignorance, vous avez trouvez la périphérie, qui avait tant besoin d’instruction. C’est ici que vous avez donné votre vie pour la mission. Le Psalmiste chante à votre sujet : « Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! » (Ps 91, 15-16).

100 ans de vie et de grâce, et vous paraissez encore plus jeune et plus vivace. Nous prions le Seigneur de rassasier vos jours de sa bénédiction, pour que vous soyez au milieu de vos consœurs, le modèle de la missionnaire qui donne sa vie, le modèle de prière, de foi et de persévérance.

II. La Parole de Dieu invite les professes perpétuelles et les jubilaires au don total de leur vie en servant véritablement le Christ

Chères professes perpétuelles, Marie Claire, Lucienne, Félicité, Léa, Céline, et jubilaires, la Parole de Dieu de ce jour vous présente le peuple d’Israël sauvé par Dieu. Dans la première lecture, Dieu propose à son peuple une nouvelle alliance, qui consiste à mettre au-dedans d’eux, la loi de la fidélité, et à l’inscrire dans leur cœur. Cette amitié que Dieu initie avec son peuple, fait l’objet d’un amour particulier de la part du Seigneur qui l’appelle à lui consacrer de sa vie. Le peuple fait ainsi l’expérience de l’amour gratuit de Dieu. La profession perpétuelle constitue aussi pour chacune de vous, une nouvelle alliance que Dieu fait avec vous, comme expression de sa fidélité et de son amour pour vous. Malgré la désobéissance et l’iniquité de ce peuple, Dieu reste fidèle et renouvelle sa grâce et son amour.

L’Apôtre Paul dans sa lettre au Romains, vous invite à répondre à cette amour de Dieu par l’offrande totale de votre vie : « Offrez à Dieu votre propre personne comme une victime vivante et sainte ». L’offrande de soi est un sacrifice de soi, pour se mettre au service des autres. Cette consécration nécessite un renouveau intérieur en Dieu, car ce qui nous épuise intérieurement, c’est quand nous nous laissons façonner par ce monde. C’est pourquoi le Christ est présenté dans l’Evangile comme le joug qui nous apporte la quiétude et la sérénité de l’âme. Celui qui porte le Christ est renouvelé intérieurement par ce qu’il est véritablement : doux et humble de cœur. En portant le Christ, vous aurez assez de force pour vous mettre en mission.

Laissez alors le Christ habiter votre cœur, pour que façonnées par lui, vous soyez toujours animées de cette passion pour Dieu et pour les hommes. C’est en demeurant humble, pauvre, obéissante et chaste, que vous serez toujours bien disposées pour le service de vos frères et sœurs, comme signe visible de la consolation de Dieu pour eux.

III. La consécration religieuse : témoignage évangélique et appel à la sainteté

Chères professes, par votre profession, vous exprimez votre volonté de livrer toute votre vie, et votre personne à l’Amour de Dieu. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jn 12, 24). C’est en mourant en vous-même, que vous serez capable de vivre les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, comme expression de votre amour pour Dieu et pour sa mission.

La pauvreté évangélique

« Bienheureux ceux qui ont une âme de pauvre car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,1). A la suite du décret conciliaire Perfectae caritatis (n° 13), le Code de droit canonique stipule que le conseil évangélique de pauvreté, comporte, en plus d’une vie pauvre en faits et en esprit, laborieuse et sobre, étrangère aux richesses de la terre, la dépendance et la limitation dans l’usage et la disposition des biens, selon le droit propre de chaque institut (cf canon 60). Au cœur d’un monde matérialiste, puissiez-vous vous attacher totalement au Christ, mettant toutes vos énergies en branle pour le chercher et pour n’être qu’à lui seul.

La chasteté consacrée

A la suite de Jésus qui les appelle, les religieuses consacrent totalement leur vie, offrent leur cœur et tout leur être à Dieu, en renonçant aux joies de l’amour conjugal, familial, à « cause du Royaume des Cieux », c’est-à-dire pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Un tel vœu, annonce la radicalité et la primauté du Royaume de Dieu, sur les réalités et les valeurs de ce monde qui passe ! Comme nous le demande le saint Pape Jean-Paul II, n’ayons de cesse de prier pour tous les consacrés – hommes et femmes – « afin que leur chasteté – signe d’amour préférentiel pour Jésus-Christ – soit vécue dans la plus grande fidélité et soit une révélation de la tendresse de l’amour gratuit et universel, révélation de la tendresse même de Dieu pour tous les hommes » (Cf. Jean Paul II, aux religieux/ses, 16 mai 1980).

L’obéissance par amour

Le troisième vœu qui est celui de l’obéissance par amour exprime le désir de ne chercher que la volonté du Père, à la suite de Jésus « descendu du ciel pour faire, non sa volonté, mais la volonté de celui qui l’a envoyé » (Jn 6, 38). Le vœu d’obéissance engage la religieuse à soumettre sa volonté à l’Eglise, aux constitutions, aux supérieures légitimes lorsqu’elles commandent suivant les constitutions de l’Institut.

En somme, le Concile Vatican II (cf. L.G. 44) retient que par les vœux de pauvreté évangélique, chasteté et obéissance, la religieuse est « entièrement livrée à Dieu » ; elle « appartient totalement à Dieu » et doit « demeurer propriété exclusive de Dieu. » Elle aime Dieu plus que tout et se rend disponible pour le service du Royaume à un titre nouveau et particulier.

Pour terminer, je vous invite à contempler la figure de Marie, l’humble servante du Seigneur qui demeure un modèle sublime de vie intime avec Dieu. Daigne le Seigneur, par la présente Eucharistie combler de grâces les professes perpétuelles Marie Claire, Lucienne, Félicité, Léa, Céline, et les sœurs jubilaires, et soutenir fermement leurs pas à la suite de Jésus.

+ Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou